Chapitre 1 -
Vendredi 03 juin 2016.
Debout devant ma fenêtre ouverte, je regarde la vie à l'extérieur. Lyon est une ville qui ne dort jamais.
Voilà bientôt trois mois que j'ai échoué ici. En descendant du train, je me suis sentie perdue et j'ai bien failli faire demi-tour, mais rien à faire, à l'idée de rentrer chez moi et retrouver mon père, j'en ai eu la nausée. Alors je me suis trouvé un petit hôtel pas trop onéreux et je me suis posée. Au bout de deux jours à visiter la ville, découvrir les alentours, j'ai fini par téléphoner à mon ancienne patronne.
Avec son réseau de contact de par le monde, cela n'a pas été dur pour elle, de me trouver un bon ami sur Lyon, vers qui me diriger pour me dégoter un logement.
C'est comme ça que j'ai fait la connaissance de Romaric, infographiste de talent, ayant un petit studio à louer. Avec Caroline comme garante, il n'a pas hésité à me le laisser.
C'est ainsi que je retrouve dans ce studio adorable, au 6e étage sans ascenseur. J'ai un postérieur d'enfer depuis que je vis ici, à force de grimper ces étages matin et soir.
Je vis dans 25 m², une pièce lumineuse sous les toits, légèrement mansardé sur un coté, ça donne tout son charme à l'appartement. Les murs sont blancs, un joli parquet bien entretenu au sol.
Un petit coin cuisine avec ce qu'il faut pour me préparer mes repas. Je me suis offert un mange debout, pour séparer le coin cuisine du coin salon/chambre. Un canapé-lit avec une table basse. Ce n'est pas grand chose, mais c'est chez moi et je m'y sens vraiment bien.
Il y a deux appartements par étage et c'est relativement calme. Je n'ai encore jamais croisé les voisins d'à coté, on peut dire qu'ils sont très discrets. J'entends juste un fond de musique, tard le soir, mais rien d'autre et j'en suis bien soulagée.
Un dernier coup d'œil par la fenêtre, j'écrase ma cigarette dans le cendrier et c'est l'heure pour moi de partir bosser.
J'attrape mon sac, mes clés et me voilà partie. Romaric m'a présenté sa sœur, qui tient une supérette de quartier quasiment au pied de mon immeuble. Elle avait besoin d'une vendeuse et moi, j'avais besoin d'un travail. Entre nous, le courant est passé tout de suite et elle n'a pas hésité à m'embaucher. Je devrais peut-être jouer au loto, car depuis que je suis arrivée ici, j'ai le sentiment que la vie me sourit.
Le boulot est calme, que des habitués du quartier pour beaucoup, des retraités qui ne peuvent pas aller dans les grandes surfaces. Quelques gens de passages, et puis, il y a lui. Pratiquement tous les midis. Poli, souriant, venant chercher sa salade ou son sandwich. Il m'intrigue. Il a l'air timide de prime à bord et pourtant, je suis certaine qu'il ne l'est pas tant que ça. Mais je tiens à mon boulot, alors j'évite de m'attarder, de copiner. Je me contente de sourire, d'encaisser et de saluer.
19 h, ma journée se termine. Le temps de faire les comptes, de fermer la boutique et de prendre le chemin du retour. Je m'arrête en route, pour m'acheter un kebab, ce soir, je n'ai pas envie de cuisiner.
Une fois chez moi, j'allume mon pc, démarre deezer et lance ma playlist préférée. La voix de Bowie rempli la pièce. Et alors que je vais pour croquer avec impatience dans mon sandwich, c'est à ce moment précis qu'on frappe à ma porte. Je sursaute et fais couler un peu de sauce sur moi. C'est bien la première fois que quelqu'un vient chez moi.
Je repose mon repas avec regret et me dirige vers la porte tout en essuyant tant bien que mal la tâche que je viens de me faire. J'ouvre la porte et relève les yeux vers mon invité surprise et là, je me retrouve nez à nez avec l'homme du magasin. Que fait-il ici ? Oh mon dieu, il m'a suivi ? Merde alors, c'est un psychopathe et il va me découper en morceaux, me donner à manger à son chien et personne ne saura jamais ce qu'il m'est arrivé. C'est bien ma veine tiens et mon sandwich qui m'attend, il avait l'air si bon ! Monde pourri...
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