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Au coucher du soleil pâle, quelques uns d'entre eux rentrèrent à la galerie alors que Candus et la troupe s'orientaient, via la grande eau, vers les détonations. La traversée prit la moitié de la nuit. Les animaux aquatiques s'éloignaient bien avant leur passage tant les pensées Piciegs étaient anxieuses et confuses. Plus tard lors de ce voyage, des stratégies fusèrent, raisonnant dans tous les crânes, mêlées aux inquiétudes et parfois à l'âpreté d'une éventuelle confrontation. Ces êtres n'appréciaient ni l'agressivité ni le conflit, néanmoins, leur musculature puissante due à leur instinct de creuser d’immenses labyrinthes à des profondeurs démesurées, leur carapace articulée composée de plaques osseuses fichées dans la peau et couvertes d'un épais épiderme corné, et leur queue calcifiée mesurant près d'un tiers de leur taille en faisaient des individus particulièrement adaptés pour le combat.
L'approche au rivage fût des plus silencieuse : une ride fine à la surface de l'eau. L'observation des événements n’avait pas lieu par la vue, cette dernière étant pour ainsi dire inexistante au-delà de quelques mètres. L’appréhension des intrus, de leurs imposants objets anguleux et de leur tapage allait débuter collectivement. Une poignée de Piciegs à la cuirasse épaisse s'enfonça directement dans le terrain meuble de la berge. Ceux restés en surface se dispersèrent afin de border la majeure partie du campement étranger. Ils ne se sentaient jamais réellement séparés les uns des autres grâce à leurs capacités télépathiques qui entretenaient un lien clair et inouï entre eux. La surveillance s'opéra sur plusieurs heures, décelant les sources de chaleur différentes : celle de leur organisme, celle des feux où ils étaient rassemblés, celle, plus diffuse, des objets non identifiés autour d’eux ; écoutant la modulation de leur bouche mais, comme les animaux d’ici, aucun écho en télesthésie entre eux… Comment parviennent-ils s’organiser ? Et savoir ce que les autres pensent ou ressentent ? D’où viennent-ils et dans quel but ?! Une question en amenant une encore plus floue, il fût collectivement décidé d’agir, et de le faire par surprise.
Leur petit corps faible ne peut pas nous empêcher de mettre en œuvre notre plan, se répétaient-ils, c’était la meilleure chose à faire.
Treize Piciegs s’élancèrent à la même seconde, pentapodes galopants, à la faveur d’un clair-obscur idéal. Leur démarche pataude contrastait considérablement avec la célérité dont ils faisaient preuve, maniant leur marteau caudal tantôt comme un gouvernail, tantôt telle une patte additionnelle. La stupéfaction s’avéra totale. Les premiers à subir cette charge furent balayés à l’impact, comme des brins d’herbe puis, certains, intégrant l’idée d’être attaqués sur un lieu analysé comme inhabité, eurent recourt à une sorte d’extension de leur bras pour projeter de petites perles bleuâtres extrêmement rapides, soumises à une énergie inconnue ! admirent les Piciegs. Ces projectiles venaient se loger dans l’épaisse armure naturelle, n’occasionnant qu’un crépitement anodin hormis lors d’une salve nette qui toucha le pelage argenté du thorax exposé de Celer, ce qui provoqua une douleur épidémique et une tétanie foudroyante de la cible. Cette calamité entraîna l’isolement psychique du malheureux vis-à-vis du groupe et, par conséquent, une riposte aussi brutale qu’incontrôlée. L’assaut suivant percuta ces êtres légers dont certains se disloquèrent sous le choc. C’est alors que les quatre cuirassés souterrains enterrés plus tôt, surgirent derrière les lignes ennemies en éboulant la zone alentour. Plusieurs soldats finirent ensevelis par les tonnes de terre humide retournées, martelés par leurs appendices ou simplement piétinés tandis qu’un grand nombre de décharges cérulescentes illuminaient le champ de bataille.
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