Mission
Plusieurs structures se montaient à la périphérie du champ de bataille, sous la vigilence des Auxilliaires de Paix qui scrutaient au loin. Les blessés focalisaient l'attention. Comme la procédure l'avait prévu, le materiel de soin avaient été sauvegardé lors de la confrontation, à l'abri dans un conteneur capable de traverser une atmosphère.
Une escouade de quatre personnes se formèrent devant la tente devenue un QG de fortune : L'Administratrice Donchadn en tête, le façonnier Symo qui prit la parole une demi-heure plus tôt et deux AP volontaires, Trisha, une femme costaude surnommée Helmet (ne retirant que rarement son casque intégral) , et un collègue de formation, Isapos, à la silouhette élégante taillée en V et au regard clair et déterminé. Les trois soldats portaient leur équipement standard : tenue de pluie, ceinturon émetteur de position, tablette multifontion, casque avec lunettes de protection, rifle électrique, trois grenades incapacitantes, couteau de survie, trousse de premiers secours, nourriture pour quelques jours. Symo, mal à l'aise dans une tenue de combat, décida d'accrocher son casque au sac à dos déjà lourd des explosifs.
- Vous êtes sûr ? Pas d'arme ? demanda avec insistance Donchadn à Symo.
- Sûr. Le couteau peut éventuellement me servir mais l'arme, non. marmonna-t-il, géné.
La cheffe d'escouade se tourna vers les colons :
- Nos émetteurs resteront en fonction. Dès que l'unité du vaisseau débarquent, si un de nos signaux indique que l'un d'entre nous est en vie, envoyez-les en navette pour évacuation. Dans le cas contraire, sécurisez l'installation au niveau 7 et poursuivez la construction du portail à trou de ver. Compris ?
- Oui, Administratrice, répondèrent-ils d'une seule voix.
Le groupe entama son expédition au travers un bourbier infâme. Malgré l'arrêt de la pluie, le ciel gris, uniforme et bas ajoutait encore à leur solitude ; ces gens semblaient avoir été oubliés par leur lointaine planète, distançant le camp à chaque pas dans un bruit de succion vulgaire.
Helmet, tablette en main, marchait un mêtre devant. L'équipe de sauvetage progressait droit vers Guénolée, enveloppée d'un demi-jour, dans un paysage plat et monotone. Sans parler, la soldate pointa son doigt au lointain. Le groupe distingua une bosse sur cette plaine interminable. Le pas s'accélèra. Même Symo qui n'avait pas de tablette compris que Guénolée ne vivait plus. Cela ne l'ébranla pas bien qu'il était réticent à la voir ; il se laissa distancer. Une ronde se forma autour du corps abandonné, la face dans une flaque. Donchadn s'accroupi, saisit l'épaule de Guénolée puis la retourna sur le dos. Son bassin resta immobile pourtant, lui donnant une position aussi inattendu qu'effrayante, confirmant de multiples fractures. Aucune parole ne fut échangée dans le groupe. Des traces profondes, remplies d'eau, mettaient encore la masse des kidnapeurs en évidence. Le groupe reparti sans perdre de temps, abandonnant le corps désarticulés.
Alors que l'équipe progressait sous la pluie, Isapos intervint sans se tourner :
- Quels sont les ordres en cas de contact, Administratrice ?
Une minute passa avant la réponse.
- Nous éviterons le combat autant que possible mais si nous sommes menacés, nous utiliserons les grenades pour les forcer à exposer leurs ventres puis nous tirerons, répondit Donchadn en choisissant ses mots avec précisions.
Après avoir marché plusieurs heures dans un paysage morne sans végétation, ils arrivèrent à un trou dans le sol donnant sur un tunnel en pente douce. Ils ne pouvaient former qu'une file, Helmet à l'avant suivi de Donchadn et Symo. Isapos fermait la marche. La hauteur permettait de se tenir debout, sauf pour ce dernier qui dût faire l'effort de se baisser. Le silence soudain dû à l'absence de pluie soulagea tout le monde. Ils retirèrent leurs couches de tissu imperméable. L'odeur de l'air rappelait celle d'un terrain de sport fait en terre naturelle et en herbe non synthétique après un match ou bien au goût de tourbe de certaines boissons fortes. Ce n'était pas désagréable. Rapidement, Ils durent allumer leurs lampes frontales pour progresser dans ce boyau parfaitement rectiligne. La température chuta en quelques minutes.
- Nous continuons d'approcher des émeteurs des deux survivants, annonça Helmet.
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