Les yeux jaunes
Il est là, tout petit, gris, avec ses yeux jaunes, ambrés, l’air mécontent.
Il me ressemble tant, celui-là.
En le voyant, j’ai ressenti un élan.
Nous nous sommes choisis. Un accord tacite est né entre nous.
Mais cet accord n’était pas tout à fait le même pour lui et pour moi, et je l’allais le découvrir plus tard.
Je l’ai pris dans mes bras. Je lui ai dit : « Tu vas voir, tu vas être bien avec moi. Je vais te câliner, te choyer, te protéger. »
Tous ces mots que je lui disais, c’étaient ceux que j’aurais aimé entendre enfant.
Il s’est abandonné dans mes bras, il m’a fait confiance. Et dès cet instant, il n’a aimé que moi.
Je me suis sentie envahie d’une nouvelle responsabilité, mais aussi d’un nouvel amour à partager.
N’avais-je pas lu, un jour, que l’amour, plus on en donne, plus on en a ?
Alors il était là, ce petit chat, sur le chemin du retour, posé sur un pull, dans ma voiture.
Il ne bougeait pas. Il savait déjà qu’il venait avec moi.
Je conduisais, puis je le regardais, et je conduisais encore, tellement heureuse qu’il soit là, à côté de moi.
Le chemin semblait dégagé. Tous les feux de circulation passaient au vert. Tous ces signes étaient de bon augure. Tout allait bien se passer, je le savais.
En garant ma voiture devant la maison, j’entendis un petit glapissement.
Il était là, derrière la porte. Il savait déjà. Il le sentait.
Il n’était plus l’unique, l’élu, mon petit chien chéri.
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