Premières confidences
— Bien, j’ai quelque chose à vous dire.
— On t’écoute ma belle.
Novembre à pointer le bout de son nez, je reprends vie et l’incident est passé aux oubliettes. Quoi que… Eva me hante toujours. Son image paralyse mes nuits, les raccourcisses et comme ma vie est courte également, je me concentre sur du positif. Du moins, j’aborde mon masque pour duper le reste du monde.
C’est donc avec le sourire que j’ai invité une petite réunion avec Roberto, César et Tania dans ma chambre. Je commence à l’apprécier, vu qu’elle me soutient depuis le début. Je me souviendrais toujours de son remerciement lors du premier concert à l’école. J’avais repris ma place mais le producteur l’avait choisi elle, refusant de m’écouter.
— Voilà, j’ai pensé à votre idée de groupe.
— Tu es d’accord ?
— Oui Tania. Sauf que je dois vous apprendre que j’avais déjà écrit, chanter et produit des clips de mes seize à vingt ans avec des potes.
— J’imagine en amateur ?
— Oui mon cœur. Je chantais, danser pour m’entrainer, perfectionner mes talents pour rentrer ici.
— Je ne doutes jamais de ton talent et tu as gardé du lien ?
— Pas vraiment mon cœur. Disons, que j’ai les droits mais depuis ma première année, chacun a fait sa vie. Après, rien ne m’empêche de les appeler.
— Pourquoi tu ne m’as rien dit ?
— Je n’en sais rien…
— Et donc, si tu as pensé à notre idée de former un nouveau groupe, c’est que tu comptes nous partager tes chansons ?
— Je reviens César.
Je sors pour arracher un feuillet d’inscription dans le hall. Quand je reviens, ils discutaient à messe bases, ce qui remonte mon angoisse, moi qui a horreur qu’on parle de moi dans mon dos et c’est Tania qui me demande :
— C’est quoi ? L’inscription pour le concours proposé par Juan ?
— Bien vu Tania !
— Mais, nous, enfin, tu veux qu’on t’aide ?
— Comme vous le sentez ! L’important pour moi avec cette petite réunion, c’est de vous dire que je ne souhaite pas reformer un groupe pour le moment. Juste, prouver que mes quelques chansons parlant de société puisse me faire gagner la coupe !
— Roberto m’a parlé que tu es l’une des meilleurs élèves ici, et je n’en doute pas.
— Merci Tania.
— Et puis, heureusement qu’on peut soit chanter, soit faire du théâtre ou soit danser. C’est étonnant d’ailleurs que tu vas t’inscrire sans danser.
— César, je dois l’éviter et puis, mon bras !
— Je suis idiot !
— Juste un peu César, juste un peu !
— Rho ça va Roberto !
— Bref, pour parler de société, tu vas rapper ? reprend Tania
— Vous verrez !
— Et tu as d’autres thèmes ou styles de texte ma belle ?
— J’avais tenté d’autres styles avec ces génies de l’ordi. Après, société oui, moi ou parfois d’elle.
— Elle ? Qui elle ?
Roberto a réussi à me retourner le bâton. Je me tais et je regarde ma feuille un long moment. Je décide de leur dire tout ce qu’à ma mémoire a retenu. Je ne reconnais pas, moi qui n’aime pas non plus trop me confier.
— Eva Rodriguez. Ma première meilleure amie. Elle… elle est morte, à treize ans. Elle s’est tuée en sautant d’un pont avant qu’un train de marchandise là fauche... Pour dire vrai, j’étais là.
— Comment ça t’étais là ?!
— Tania ! Doucement avec ta question temporise César.
— Pardon Marta.
— Marta… si tu sens que c’est pas le moment, on peut comprendre…
Roberto se met à mes côtés et serre ma main. Ça me redonne confiance pour finir. Je retiens mes larmes, souffle un bon coup puis je termine le supplice.
— Elle vivait la maison d’en face. Je ne dormais pas à cause de l’orage. À ma fenêtre, j’ai entendu toquer. C’était elle. Je lui ouvert et en silence, elle m’a demandé de la suivre à vélo. On est allé sur le pont, à vingt-trois heure, tremper comme des chiens. Je me rappelle pas ses mots. Tout au ralenti ou tout en vitesse. Je ne saurai pas définir le temps.
Je fixe toujours ma feuille et le silence est pesant. Au loin et derrière les murs, l’école continue son agitation.
— Et ? Ensuite ? Tu as expliqué son geste.
Je porte mon attention dans les yeux noirs de mon homme. Je me perd à chaque fois dans ce labyrinthe. Tombant dans les abysses de la passion. Son doux baiser sur le coin de mes lèvres me réanime doucement.
— Eh bien, j’ai dit que je me souviens plus de nos échanges. Je me vois vaguement tenter de l’en dissuader. La retenir avant qu’elle s’envole comme un oisillon. Écraser comme une purée et l’angoisse, la culpabilité, la colère, la dépression, la déperdition se sont agglomérer. J’ai rien compris. Littéralement rien. Deux ans de silence, une tentative de suicide deux ans plus tard. Suivis de cannabis, thérapies et autres... J’ai formé mon groupe avec un ancien pote plus âgé que moi et ses amis. On s’est rencontrer dans la rue. Enfin, bref, peut-être que la mort m’ayant à nouveau embrassé, X est une clef à résoudre.
Je me lève pour chercher dans mon armoire, une photo d’elle. Je l’ai toujours embarquée avec moi, et la revoir en vrai, me tend. Ils l’a regardent aussi alors que je la dépose sur la table de chevet.
— Peut-être que X lui a fait du mal. Je ne vous ment pas quand je vous dis que je ne sais rien d’autre. Un choc traumatique, c’est évident. Je vous cache pas non plus, que ma crise m’a brisée et je désire plus de calme. Je ne suis plus celle hyperactive. Je me pose beaucoup de question aussi. On change tous sauf que la mort nous rappelle que le temps nous est compté. Désolé d’avoir beaucoup parlé. Je voudrais me reposer.
— On va te laisser reprendre des forces. Tu viens Tania ?
— Oui César. Roberto ?
— Deux minutes, on se retrouve à la cafétéria.
— Ok répond Tania.
Pendant leurs départs, je fuis pour vomir puis je me rince le visage à l’eau froide pour me réveiller. Roberto m’a suivi inquiet et sans hésité, je me colle a lui pour enfin pleurer. Je suis là ma belle. Tu es en vie. C’est le plus important. Je t’aime mais ça tu le sais.
— Je… je l’ai jamais pleurer. Jamais pu lui rendre hommage…je ne suis jamais allé sur sa tombe, c’est horrible, je sais !
— Tu te sens un jour prête à revenir ?
— Laisse-moi penser à autre chose… je… je veux juste finir ma nuit !
— C’est vrai que tu sembles dormir mal ces derniers jours.
Il me scrute et je me mate à nouveau dans la glace. Un fantôme….
— Je… tu diras à Adela que je vais dormir. Je suis juste fatigué par mes répétitions solo et mes cours. Je vais après rappeler mon ancien groupe pour la semaine prochaine pour finaliser les préparations.
— Je crois en toi en tout cas. Et puis ta sœur comprendra ton absence. Bien, ton preux chevalier va accomplir sa mission. Je vais laisser ma reine en repos.
On rit puis après un deuxième baiser, j’ai enfin la paix. Je retire mon attelle, bien que je dois le garder pour dormir. À peine mes yeux fermés, que je m’en vais direct. Je m’endors jusqu’à midi, l’heure où c’est ma mère qui me réveille. J’ai oublié le rendez-vous avec le médecin je pense. Non ?
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