K.O

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Est-ce la vrai prison ? Où c’est dans ma tête ? Ces premiers jours sont aussi vides que le mur de ma chambre. Comme mon estomac qui pourtant se remplit plus de médocs et d’eau qu’autres choses. Je mange quand même, histoire de reprendre un peu le contrôle ou juste rassurer mes proches, je n’en sais rien…

KO ! Merci Eva ! J’ai envie de te parler, seulement, ce n’était pas le bon moment surtout à cause de lui ! Non ! Non ! Je ne dois pas t’accuser ! C’est ma faute point !

L’école me manque, l’ambiance de la danse autant celle des fêtes…Que dis-je ! Ce sont juste des illusions, paraitre heureux alors que le monde s’effondre…

«

Tu veux le rendre meilleur ?

— Comment savoir si tu penses je suis celle attendu ?

— Tu n’as jamais été à ta place, on t’enferme comme une lionne en cage parce que tu entends des voix. Pire, parce que tu passes une phase de deuil et de transformation, on te nourris de mauvaises choses.

— Ma place est sur le parquet, pas dans l’idéal de sauver la Terre !

— Tu as fais ton temps, tu as eu ton trophée. Ton heure de gloire viendra, crois-moi. Je comprends avec plaisir, que tu souffres. Seulement, tu refuses d’aller au bout de ce que tu as vraiment envie de faire. Tu veux lui parler, tu lui refuses ce luxe.

— Ta faute !

— Non, non. Ce que tu vois, provient de tes souvenirs.

— Putain ! Putain mais oui ! Comment tu as accès à ma vie bordel !! Répond sale chien !! »

Répond sale chien !!

Je m’entends sortir cette dernière phrase en frappant mes poings contre le mur jusqu’à que :

— Prend un coussin, c’est ce que je fais, moi. Après, c’est mon copain et quand il m’agace, bé je le tape. Il me parle comme la lampe mais je suis normal, moi. Pourquoi tu es ici ?

Je ne le croisse pas souvent, ce type, il me semble qu’il est trisomique, mais oui, pourquoi il est là ? Il a l’air gentil, pas suicidaire comme moi ! Dans tous les cas, sa visite m’a calmer directement et je me sens ridicule.

« Tu es dans la bonne direction. Bravo Marta, continue comme ça. »

Son rire me transperce à nouveau, mon bras me fait mal à force de reprendre. Mon voisin de chambre vient prend mes mains pour m’en empêcher et me tend de sa poche, une carte de jeux :

— Si tu veux jouer avec moi, je serais dans la grande salle.

Il repart pour me laisser reprendre mon souffle tout en examinant le carré de trèfle. Si je dois en plus gérer de nouveau ami !

« Il te drague la poubelle. Tu mérites mieux que ça. Et puis, continue de frapper, j’adore voir ta force ma chère. C’est un ordre ! »

— Ta gueule !!

« — Eva, Eva, parle-moi

— Je suis là Marta. Tu veux enfin me parler ?

— Tu m’en veux encore ?

— Non, si je suis là après tant d’années, c’est pour juste échanger avec toi.

— Eva, que me conseilles tu avec lui ?

— Oublie le pour le moment, tu verras le moment venu.

— Je veux juste la liberté ! Tu viens enfin, j’ai refusé de maitriser ce don et pourtant, c’est essentiel pour que….

— J’ai traversé les ombres, les nuages, les mirages pour enfin savoir comment tu vas. Il suffisait sans doute que ta maladie te rapproche de la peur de mourir, pour que tout se connecte. Ne cherche pas à savoir l’inexplicable. Je le refuses moi-même. Explique pourquoi, tu es là.

— Aucune idée…mise à part une quelconque prophétie, ce Zok et ma grand-mère, je dois apprendre à faire le deuil. Sans doute que j’ai jamais osé le faire ou pu le faire. Cette nuit, c’est ma faute ma belle. Ma faute ! Je me punis en conséquence….

— Je t’ai invité à partager ce moment stupide. Je n’ai pas su mesurer autant que toi, la gravité des choses.

— Je n’ai pas vérifié que tu étais morte ! Sans doute, tu as souffert, agonisante et moi, moi, par peur, je n’ai rien pu faire !

Comment ça fait de mourir ?

Brutal oui, Ne me dis pas que tu penses me rejoindre ?

Tu aimerais hein ?

Plus de treize ans seule oui sauf que c’est égoïste de ma part. J’ai payé ma stupidité en faisant de la peine à mes proches, ne fais pas la même connerie.

Déjà tenté…

Tu veux mourir pour quoi ?

J’ai trop de choses à reconstruire…

Tu es bien plus entourée que moi. Je crois en toi tu sais.

Je pourrais te revoir ?

Le don permet de m’appeler quand tu veux.

Tu penses qu’il sera encore là ? Et ma grand-mère ?

Faudra que tu m’en dises plus.

— Comment faire ton deuil ?

— En ne te punissant plus ma belle. Parle au médecin, à tes proches.

— Tu les vois les tiens ?

— Je suis seule mais je resterais à jamais à tes côtés.

— Tu le sais que tu es dans une cage surveillée ? J’aimerais te rendre hommage….

— Si tu y tiens, j’en suis très heureuse. Seulement, il y a tant de façon de le faire »

— Coucou ma petite sœur

Adela me sourit tout en ayant se côté maternelle. Elle ne remarque pas la carte, ayant le loisir de le cacher dans ma poche de pantalon. Cligner des yeux plusieurs fois en continuant de me détendre, me permet de me connecter ici.

— Toi, tu as encore fais une crise, je me trompe ?

— Pas parler.

Elle embrasse mon front avant d’analyser les dégâts corporels.

— Je vais chercher une infirmière pour mettre une crème.

— Non ! Pas, pas maintenant !

— Il ne faut pas que cela s’infecte, tu sais pourquoi, hein ?

Je la repousse pour m’assoir dans le fauteuil face au parc. Elle s’installe sur l’autre pensive. Les mêmes mines, les mêmes discours, les mêmes rituels qui donnent un rythme de l’Enfer.

— Combien de temps, je devrais subir ma peine ?

— Ce n’est pas une condamnation Marta. Deux semaines que tu es dans ce centre qui mixe la psychiatrie avec les troubles alimentaires. Je veux dire, que c’est un lieu où on te prend en charge dans la globalité. Normalement, dans deux mois, tu rentres à la maison.

— Pourquoi faire ? On me drogue, alors que je veux juste dire adieu à Eva !

— Tu as de violentes crises et on se doute que tu es atteinte de psychose. Ce séjour permet d’adapter les antipsychotiques, antidépresseurs et ceux concernant ta greffe. Bien sûr, les deux premiers, sont d’abord à faible dose, couplée avec des thérapies douces. Le but avec le retour à la maison, sera de te réadapter à ces changements.

— Je suis KO.

— On le voit.

— Tu as déjà pensé à mourir ?

…..

Que lui dire ? Elle ne m’a jamais posé la question et sa façon de me déstabiliser est une réussite.

— La dépression m’avait sans doute emmenée sur ce terrain glissant. Avaler des pilules avec des litres d’alcool est déjà un moyen. Tu y penses ?

— Je veux être libre mais je dois le payer.

— Que dois-tu payer ?

— Coupable de ne pas l’avoir sauvé. Je…je vais parler au médecin, je me sens prête. En revanche, ce Zok, maman t’en a parlé ?

— Oui, c’est le Dieu des morts dans l’ancienne religion de mamie.

— Hum…Mamie te l’ai fait rencontrer ?

— Je suis la clef de son projet, l’élue de la prophétie. Ils savent mon potentiel et je pense, qu’enfant, j’avais dû entrer en connexion avec lui.

— Mamie, te parles ?

— Les deux. Ce n’est pas savoir le destin qui m’angoisse, ni les morts qui peuvent être sur mon chemin. Non, c’est…même si j’ai le loisir de décider de la suite, c’est ma propre mort, ma propre perte d’identité. Avec mamie, j’ai presque rien comme souvenir, avec Eva aussi ! Et l’école, ces trois dernières années, m’assomme de…Je suis KO, oui, je le redis ! Me nourrir me fatigue, marcher, me fatigue, avouer, me fatigue, et la fatigue m’épuise ! Comment tu as fais pour traverser le désert de la dépression sans perdre ce qui fais de toi ?

Ses larmes s’invitent aussi en moi. Je rapproche le siège pour lui serrer les mains et l’inviter dans mes bras.

— Plus dix ans solitaire. Pourtant, on avait tenté de m’aider, comme maman. Sauf qu’elle n’a jamais su insister. Parfois, il suffit d’une étoile pour déclencher la lumière. Carmen. Et oui, tu le ne sais pas. J’avais postulé puis refusé l’offre. Carmen ayant vu mon nom, m’a tiré par la peau des fesses pour que je sortes de ma condition. J’ai réussie à lui pardonner de m’avoir remplacé par Alicia. Puis, je me suis bougé pour aller dans un groupe d’alcoolique anonyme. La danse, les élèves, revoir l’école, te revoir surtout, m’ont sauvé. Ce sont plusieurs facteurs qui vont permettre de te sentir bien. Mais tu n’es pas seul et bien que j’ai peur que tu suives des voix, si mamie te conseilles bien et que tu as ce choix, alors, on te guidera aussi. C’est quoi ce drôle de destin ?

— Il est encore tôt pour le dire, j’en sais rien. Mais mamie, tu ne sais pas grand-chose d’elle.

— Maman m’a expliqué des chose. Et puis, je m’en rappelle quand même un peu. Une farfelue certes mais d’une bienveillance qui faisait du bien.

— J’ai envie de retrouver la danse, seulement, je n’ai pas la force. Désoler d’être une loque…

— La dépression est une maladie complexe. Ne t’excuses surtout pas.

— Tu me prends pas pour une folle ?

— Jamais.

— Et si j’étais médium enfin un peu comme mamie ?

— Elle appelait les morts pas l’inverse. Ecoute, je veux bien admettre ce côté possession surnaturel, néanmoins, il faut soigner tes colères et tout le reste. Hein ?

— Oui….

— Tu veux prendre un peu l’air ?

— Je veux bien. Je vais juste faire un brin de toilette, j’arrive.

….

Pour le repas de midi, où j’ai comme souvent, peu eu d’appétit, j’ai la surprise de savoir que j’ai le droit au téléphone. Il était sur ma table de chevet en silencieux. En effet, je voulais appeler Roberto. Il me promet de passer dans l’après-midi pour me rassurer. Dehors dans ce petit parc, je me sens stupide en repensant à tout ce qui se trame depuis des mois….

— On a vu. Tu as vite sombré dans le silence, la dépression s’est installée et la seule manière de ne pas te voir mourir, car tu as pensé au suicide, c’était de t’interner par sécurité.

— Rien n’a de sens…J’ai une maigre énergie pour refaire surface…il a raison, je n’existe que par des muscles, un squelette, un cerveau…le cœur n’est plus à moi et ce que je vois ou j’entends m’épuise.

— Il te faudra de la patience pour relever ce dernier défi. Sache que personne ne te lâchera.

— J’ai perdu le contrôle, je suis fatiguée.

— Tu aimes toujours chanter ? Danser ?

— J’en sais rien, j’en ai pas envie. Plus envie, même si j’ai dit à ma sœur que j’aimerais retenter…Je veux juste mourir pour ne plus souffrir. Ils m’ont fait du mal en utilisant le même don que moi ! J’ai mal à la tête !

— Parler au médecin.

— Tu le sais que je ne vais pas vivre longtemps…

— Je le sais. Mais essaye, si tu veux, de te retrouver ou trouver d’autres passions. Moi avec Tania et César, on peut t’aider à chanter, danser. Même avec tes amis, ton groupe.

— Ils se sont éloigner. Ils avaient peur.

— Non, ils voulaient te laisser te soigner. Prendre du temps pour te ressourcer loin d’eux.

— Hum….

— Bien, tu as autres choses à me dire ? Ou me demander ?

— Oui, tue-moi.

— Marta…

— Tue-moi, tu devais me sacrifier en te donnant à lui et en rendant la paix à elle.

— Marta, comment veut-tu que j’accepte de te voir morte ? Je t’aime tu sais, jamais je pourrais le faire.

— Même payer ?

Il me force à le regarder pour sentir ses lèvres, si douces, chaudes et dévorantes. Après avoir essuyer mes yeux, il m’embrasse encore.

— Si tu meurs, je te suis. Tu comprends ?

— Roberto… Tu ne vois pas que je souffre ? Ici, je ne suis qu’un cobaye et rien n’a d’effet sur moi !

— Marta, tu es ici car on voit que tu es mal. Soigner une dépression, des pensées complexes prendra sans doute un ou deux ans. Je t’aime ma belle, je t’aime. Faut que tu nous fasses confiances. Tu es forte et tu as déjà passer des épreuves difficiles avec brio.

— Je t’aime aussi…

Je me recolle dans son cou et je m’endors un long moment. Les nuits dernières n’ont pas était de tout repos. Le lendemain, je demande à l’infirmière un carnet de note et je rédige tout ce qu’il s’est passé depuis mon enfance.

Rien me hante hormis les morts…moins visibles quand même. Pendant jour et nuit, pendant une semaine et demie, je continue jusqu’à mon troisième livre.

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