Remonter le fils de ses pensées
Allongée sur foutue lit d’hôpital, je ressasse, le bras en écharpe, le peu de souvenir que j’ai d’avant-hier, sans que rien ne me revienne. Je n’ai jamais était vraiment douée pour me décortiquer ni même qu’on me le fasse. Un exercice horrible, une torture que j’évite au maximum. D’autant que me qualifier de déséquilibrée, me hante….
Pourtant, j’ai eu une perte de contrôle à l’école d’après le témoignage de Roberto. Dans le hall, le flingue contre ma tempe, je voulais me tuer, en étant incapable de mettre des mots sur ce soudain revirement.
Tremblante, en sueur, finalement quelques bribes refont surface comme la foule paniquer et les professeurs chuchotant sans doute des recommandations…Puis, tout s’est déroulé en un éclair. Mon homme m’a plaqué, dérivant le canon qui s’est retourné pour tirer la balle dans mon coude. La douleur me l’a déchirée puis j’ai perdu connaissance.
Aujourd’hui, je suis réveillée depuis six heures du matin et seul Roberto est passé vers neuf heure pendant mon petit déjeuner. Je l’ai questionner sur une possible explication, pour lui, il ne fait aucun doute que j’avais préparé mon coup.
Cachant l’arme dans son armoire, prise sur le fait, j’ai fuis avec. Entre temps, César a trouvé une lettre manuscrite sur le lit de Roberto, où je mentionne un certain X dont je désire me venger. Sceptique, j’ai exigé qu’il me ramène la preuve. Pour le moment, il ne revient pas et je désespère, je m’ennuie et le ciel bleu ne m’apaise pas.
Depuis la réussite de Upa Dance, je suis censé être heureuse. Certes, encore un peu jalouse de Tania quand Roberto l’a tripote sur scène sauf que c’est de la scène, je me le suis persuadée. J’ai même revu Adela, qui a enfin décidé de venir passer quelques jours avant de voir si elle prendra la place d’Alicia qui réfléchit à partir.
De plus, elle s’est enfin réconciliée avec mes parents. Non, décidément, je n’ai pas compris comment le train Marta a pu dérailler…
X ? Qui est-tu ? Est-ce une conséquence de ma greffe ? Une perte de repère ? En attendant, j’aurais le temps de résoudre tout ça puisque que j’aurais environ entre trois et six semaines d’attelle puis deux mois de rééducations minimum.
J’ai donc brisé en l’air ma passion et surtout ma vie ! Est-ce qu’au moins, je pourrais participer aux autres cours hormis la danse ?
— Coucou petite sœur.
Je tourne mon air de chien battue vers celle plus souriante de ma grande sœur. Pourquoi elle me donne de la joie ? Je souffle un bon coup en sachant d’avance que je vais recevoir une bonne leçon de morale.
— Tu vas me passer un savon ? De toute façon, toute l’école me prend pour une détraquée ! Je l’ai mérité, de perdre ma place… Je ne vais pas revenir hein ? Carmen va me virer ? Pourquoi tu es heureuse alors que j’ai commis une terrible erreur.
— Je suis juste rassurée que tu ailles bien. Et tout le monde essaye d’analyser l’évènement. Et l’école réfléchit à ton retour. Même si physiquement, tu ne pourras plus danser, peut-être que tu pourras assister à d’autres cours.
— J’y ai pensé à l’instant tu sais.
— Du coup en parlant de ça justement, je vais demain matin avec maman à une réunion.
— Pas papa ?
— Tu sais lui, il s’en fiche un peu de notre passion. Le plus important, c’est la santé.
— Et la chasse, principalement celle concernant Roberto.
— Il pense que c’est de sa faute. Hier, pendant ton opération, il était remonté, crois-moi.
— Il a tort...Roberto n’a rien à se reprocher…
— Avec maman, on a argumenté, en vain. Quoi que, papa attend toujours des preuves.
— Hum, au fait, Alicia, pitié qu’elle ne soit pas là ! Je suis déjà morte mais pas enterré !
— Elle a démissionné, il y a trois jours.
— C’est donc officiel ?! Je n’ai rien remarquer, aucune nouvelle…
— Carmen l’a autorisé à terminer en douceur ses derniers cours pour cette semaine puis elle fera une grande annonce. Et donc par conséquent, la semaine suivante, je donne mes premiers cours !
— Et tu nous as rien dit ?!
— J’attendais qu’elle ne change pas d’avis.
— Et ton travail là-bas ?
— J’ai démissionner aussi. Bien, assez parler de moi, l’important c’est toi.
— Je n’ai rien à dire…
— Je vois ça. Tu veux prendre l’air un peu dans le parc ?
— Car je peux ?!
— Je pense que oui, tu n’es pas cloué là !
— Prendre l’air me ferais du bien, en effet. Mais avant, je vais au toilette. Tu sais quand je sors ? L’infirmier qui est passé tout à l’heure après Roberto, devait revenir pour me le dire.
— Il a dû oublier mais j’espère que demain, tu pourras.
Après m’être soulager, je me regarde pour la première fois et je ne ressemble à rien. Une peau blanche avec la tenue…une morte ! Je me détourne vite de cette horreur que j’inflige à tous. L’accolade pleine d’amour de ma sœur, me fait pourtant du bien. Je veux pleurer mais je me refuse de paraître faible. Une autre crainte que je déteste.
Marcher en l’écoutant conter les grandes danseuses me fait du bien et je réplique avec l’envie de recommencer notre duo sur scène. J’affiche un petit sourire quand elle espère aussi avant de me reposer, fatigué par mes doses de médicaments. Le midi, Roberto arrive avec une rose.
C’est peut-être lui, le plus fou. Comment peut-il m’aimer encore ? Moi ? L’imprévisible, la jalouse de service ?
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