Premières confidences

5 minutes de lecture

— Bien, j’ai quelque chose à vous dire.

— On t’écoute ma belle.

Novembre à pointer le bout de son nez et depuis un mois, je reprends vie. Je me sens un peu plus en phase avec mes pensées.

Quoi que… Eva hante toujours… J’ai décidé de ne plus comprendre le passé. Ça m’épuise et le temps m’est compter.

C’est avec le sourire que j’ai invité une petite réunion avec Roberto et mes deux amis dans ma chambre. Car oui, je considère enfin Tania comme tel.

Elle m’a soutenu depuis le début. Je me souviendrais toujours de son remerciement lors du premier concert à l’école. J’avais repris ma place mais le producteur l’avait choisi elle.

— Voilà, j’ai pensé à votre idée de groupe.

— Tu es d’accord ?

— Oui Tania sauf que voilà. Il faut savoir que, j’avais déjà, il y a six ans au moins, écrit et chanter dans un groupe. Disons, que le concours interne de l’école proposer par Juan me séduit. J’ai travaillé ma voix à défaut de ma danse ces temps-ci. Et…

— Eu attend… tu avais donc un groupe ?

— Oui Roberto. On a tourné des clips mais c’était pour rester en amateur. Mes potes, ces génies, ont composer avec le début des ordinateurs tout en usant de leurs talents bruts.

— Ok… et tu as gardé du lien ?

— Pas vraiment César. J’ai tous les droits cependant. Je peux reprendre contact mais bon… en fait, je veux chanter point.

— C’est un beau projet, pourquoi tu ne m’as rien dit ?

— Je n’en sais rien…

— Quel style ? Demande Tania

— Plus du rap. En vrai j’ai testé énormément de styles. Ça parle de société ou de moi.

— On peut écouter ? Continue Tania

— Hum… je veux garder la surprise le jour J. Après on verra si je veux produire des CD ou pas. Je reviens, je vais chercher un truc.

Je sors pour aller dans le hall, arracher un feuillet d’inscription. Quand je reviens, ils discutaient à messe bases et c’est Tania qui me demande :

— Si on a bien compris ton but, c’est de chanter à l’école ? Tester le succès avant de tenter de vendre des disques sans passer par la scène ?

— C’est ça. Tu as tout compris. Je me sens plus trop l’âme d’une star. Et j’ai beaucoup écrits pour me défouler. Parler de la société, du moi et d’elle…

— Elle ? Qui elle ?

Roberto a réussi à me retourner le bâton. Je me tais et je regarde ma feuille un long moment. Je décide de leur dire tout ce qu’à ma mémoire a retenu.

— Eva Rodriguez. Ma première meilleure amie dans ce hameau où vive encore mes parents. Elle… elle est morte, à treize ans. Elle s’est tuée en sautant d’un pont avant qu’un train de marchandise là fauche... Pour dire vrai, et mes parents sont au courant, j’étais là.

— Comment ça t’étais là ?!

— Tania ! Doucement avec ta question temporise César.

— Marta… si tu sens que c’est pas le moment, on peut comprendre…

Roberto se met à mes côtés et serre ma main. Ça me redonne confiance pour en finir. Je retiens mes larmes, souffle un bon coup puis je termine le supplice.

— Elle vivait la maison d’en face. Je ne dormais pas à cause de l’orage. À ma fenêtre, j’ai entendu toquer. C’était elle. Je lui ouvert et en silence, elle m’a demandé de la suivre à vélo. On est allé sur le pont, à vingt-trois heure, tremper comme des chiens. Je me rappelle pas ses mots. Tout au ralenti ou tout en vitesse. Je ne saurai pas définir le temps.

Je fixe toujours ma feuille et le silence est pesant. Au loin et derrière les murs, l’école continue son agitation.

— Et ? Ensuite ? Tu as expliqué son geste.

Je porte mon attention dans les yeux noirs de mon homme. Je me perd à chaque fois dans ce labyrinthe. Tombant dès les abysses de la passion. Son doux baiser sur le coin de mes lèvres me réanime doucement.

— Eh bien, j’ai dit que je me souviens plus de nos échanges. Je me vois vaguement tenter de l’en dissuader. La retenir avant qu’elle s’envole comme un oisillon. Écraser comme une purée et l’angoisse, la culpabilité, la colère, la dépression, la déperdition se sont agglomérer. J’ai rien compris. Littéralement rien. Deux ans de silence, une tentative de suicide deux ans plus tard. Suivis de cannabis, thérapies et autres... J’ai formé le groupe avec un ancien pote plus âgé que moi. On s’est rencontrer dans la rue. Enfin, peut-être que la mort m’ayant à nouveau embrassé, X est une clef à résoudre.

Je me lève pour chercher dans une armoire, une photo d’elle. Je la pose sur la table de chevet et on la regarde tous.

— Peut-être que X lui a fait du mal. Je ne vous ment pas quand je vous dis que je ne sers rien d’autre. Un traumatisme c’est évident. Pour le moment, j’ai sélectionné quelques musiques de styles divers et deux parle d’elle. Quelques-uns dont une parle de moi. Après je m’inspire de pas mal de choses. Je vous cache pas non plus, que malgré le fait que je sois à nouveau normal, enfin bien, je ne suis plus celle hyperactive. Je me pose des questions aussi. Tente de retracer ma vie. On change tous sauf que la mort nous rappelle que le temps nous est compté. Je pense avoir assez vécue en Marta dangereuse. Je veux revenir sans doute à celle plus rêveuse, dans mon enfance et début de l’adolescence. Je sais que je ne vivrais pas au-delà de quarante. Peut-être moins. Je veux juste réussir d’autres choses. Eva rêver d’être chanteuse, alors je le ferais de tout mon âme pour elle. Désolé d’avoir beaucoup parlé. Je voudrais me reposer.

— On va te laisser reprendre des forces. Tu viens Tania ?

— Oui. Roberto ?

— Deux minutes, on se retrouve à la cafétéria.

— Ok répond César.

Une fois dehors, je pars me rincer le visage à l’eau froide. Roberto m’a suivi et sans hésité, je me colle a lui. Je pleure cette fois sans retenue.

— Je suis là ma belle. Tu es en vie. C’est le plus important. Je t’aime mais ça tu le sais.

— Je… je l’ai jamais pleurer. Jamais pu lui rendre hommage… je ne suis pas allé au cimetière depuis des années.

— Tu te sens un jour prête à revenir ?

— Laisse-moi penser à autre chose… je… veux juste finir ma nuit.

— C’est vrai que tu sembles dormir mal ces deux derniers jours.

Il me scrute et je me mate à nouveau dans la glace. Un fantôme.

— Je… tu diras à Adela que je vais dormir. Je suis juste fatigué de préparer le concours. Je vais après rappeler mon ancien groupe pour la semaine prochaine.

— Je crois en toi en tout cas. Et puis ta sœur comprendra ton absence. Bien, ton preux chevalier va accomplir sa mission. Je vais laisser ma reine en repos.

On rit puis après un deuxième baiser, j’ai enfin la paix. Je retire mon attelle, bien que je dois le garder pour dormir.

À peine mes yeux fermés, que je m’en vais direct. Je m’endors jusqu’à midi, l’heure où c’est ma mère qui me réveille. J’ai oublié le rendez-vous avec le médecin je pense. Non ?

Annotations

Versions

Ce chapitre compte 1 versions.

Vous aimez lire Lapasseused'histoires 2 ?

Commentez et annotez ses textes en vous inscrivant à l'Atelier des auteurs !
Sur l'Atelier des auteurs, un auteur n'est jamais seul : vous pouvez suivre ses avancées, soutenir ses efforts et l'aider à progresser.

Inscription

En rejoignant l'Atelier des auteurs, vous acceptez nos Conditions Générales d'Utilisation.

Déjà membre de l'Atelier des auteurs ? Connexion

Inscrivez-vous pour profiter pleinement de l'Atelier des auteurs !
0