Coupable
Sa prestation fût une bombe et elle gagne évidemment avec brio la coupe. Cependant, comme pressentit, elle ne désir plus tenter son projet. Néanmoins, elle enchaîne jusqu’à mi-décembre, les cours et essaye de danser malgré les interdictions.
En plus d’être têtu, elle ne dors pas autant, enchaine sans s’en rendre compte les phases de dépression et mange moins. On tente de la surveiller, elle fuit. Refuse tout aide sous prétexte qu’elle va bien. Pensant que les morts l’a contrôle, qu’ils nous a envoyer pour la faire taire. Elle pense qu’elle a tué Eva à cause d’eux, qu’ils l’ont rendu malade pour lui greffer un autre cœur et lui donner des médicaments de manipulation.
Elle se méfie de tout et en la regardant depuis la table du hall en train de lire les annonces suspicieuses, je continue à chercher une solution autre que celle proposée par sa famille et approuvé par Carmen, c’est-à-dire, l’hospitalisation de force.
Je retourne à mes notes de cours d’histoire de la musique pour un oral le lendemain, quand j’ai la surprise de la voir s’assoire en face. Elle joue avec ses mains et j’ose à nouveau tenter une remarque pour la faire réagir :
— Marta, elle est où ton attelle ? Tu n’es pas encore soigné.
Elle me regarde en silence comme un chien battu et j’attrape sa main droite pour la serrer. Je veux continuer à parler mais elle se confie dans un moment de lucidité :
— Je veux quitter l’école.
— Pour te soigner ?
— J’en sais rien. Je ne suis pas à ma place ici. Vous me dite tellement de choses que je n’arrive plus à suivre. La folie m’atteint et j’ai beau de pas vouloir l’attirer, elle vient quand même dans ma tête !
— C’est pour ça qu’il faut que te soigne. Il existe des centres psychiatriques ou bien en privés pour t’aider. Nous, on sera toujours là. Tu n’es pas la seule à qui ça arrive. Heureusement, tout se règle.
— Hum…
Un baiser sur main puis quand elle pose l’autre, je fais de même. Je lui caresse les deux jusqu’aux poignets et je m’arrête sur une drôle de sensation. J’ouvre sa manche pour découvrir un bandage sur le poignet gauche. Nos sangs ne font qu’un tour et je la rattrape au vol derrière les escaliers.
— Marta !
— Ce n’est rien !
— Montre-moi !
J’arrive à enlever la bande en ne faisant pas gaffe à sa colère puis son désespoir. Des scarifications oui mais plus une, un mot, coupable. Je reviens à elle, en larme et je pose la question plus calmement :
— Coupable ? De quoi ? Tu n’as rien fais Marta.
— Coupable de n’avoir rien dit ! De l’avoir lâché ! De me tuer plusieurs fois ! D’être revenu ici pour rien ! Coupable de tout ! Tu peux rien me dire ! Juste voyou, je le suis ! Maintenant, j’en ai plus rien à foutre que tu ailles le dire à ma famille ou tes fans ! Je veux juste que la mort m’accueil enfin ! Je veux juste dormir ! Ne plus mourir de faim alors que je n’ai justement pas faim ! Je veux juste la paix ! Je suis coupable de vous épuiser !
Elle quitte les lieux aussi vite qu’au début en me laissant la bande. Trop de questions encore et je file voir sa sœur dans la salle des professeurs. Il faut agir vite. Si elle est capable de se scarifier, elle peut aller plus loin.
Oui, je crains que malheureusement, une hospitalisation forcée soit la solution. L’école n’est plus adaptée à son cas.
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