— Maman ?

— Oui ?

— Je peux te parler ?

Je l’invite à parler tout en rangeant le linge dans le dressing. Le calmant l’a mis KO durant plusieurs heures hier. Heureusement, l’école ferme pour les fêtes, elle aura des jours pour se ressourcer.

Quoi que je suis bien naïve, tout son état respire la dépression et il faut accélérer les démarches de prises en charges.

— Zok.

— Quoi Zok ?

De quoi elle parle ? Elle saisie assez vite mon ignorance et s’en va les mains dans les poches en survêts. J’attends un peu avant de la suivre pour l’observer allumer une bougie sur la table basse.

— Ma chérie, ça veut dire quoi Zok ?

— Rien maman….

— Tu voulais me parler donc je suis disposée à t’écouter.

— Qui prend soin d’elle ?

J’essaye de pas fondre devant sa tristesse. Elle accroche mon regard le temps que je m’installe en face. Sa question a tellement de sens.

— Elle ? Eva ou mamie ?

— Eva…

— C’est sa famille, elle est chez elle.

— En prison, seule. Ses frères sont des chiens de la casses, son père un être attiré par l’argent comme une abeille pour faire du miel et sa pauvre mère, aucune idée, elle était malheureusement, une ombre…Donc, personne ne s’occupe d’elle. Je dois m’en charger.

— Marta, c’est une bonne chose de prendre cette initiative. Si tu veux, on pourra appeler sa famille pour…

— Zok prendra soin de moi comme moi du monde.

— On va prendre l’air ?

Son père nous surprend avec son fusil, je me lève pour lui chuchoter d’arrêter cette mise en scène.

— Mais non ! Je me disais que chasser lui faire du bien !

— Tu entends parler là ou pas ?!

— Boxer ou danser, c’est la même chose. Marta ? Je sens que tu as de la rage en toi, tuer des lapins te fera du bien, en plus pour le repas de fêtes ça sera top !

Elle se lève aussi pour nous fixer un long moment. L’arme puis nous, puis nous, puis l’arme.

— Les âmes des bêtes sont innocents comparer à celles des Hommes. La mienne est en cage, engluée par le Mal. J’ai pêché tant de fois, pour me pardonner, je n’ai pas la solution autre que de l’accueillir.

Elle effleure le canon et nous pousse pour prendre l’air. On se regarde nous aussi incrédules :

— Pardon pour ça ma chérie ! Je pensais bien faire….

— Elle est vraiment malade. Entendre des voix et se mutiler. En attendant le centre psychiatrique, Adela pense enfin avoir une place pour un psychiatre à la rentrée.

— Je refuse de croire à ta mère qui lui parle. Donc, oui, notre fille perd la boule. Ça se soigne hein ?

— Ma mère n’y est pas étrangère. C’est difficile de connaitre ce qu’elle a. J’espère qu’on va trouver un traitement adapté. Elle est en prison dans sa tête, en début de dépression. Elle m’a parlé de Zok aussi, aucune idée malgré ma question, d’en savoir plus.

— Zok, ce n’était pas le Dieu de ta mère ? Une religion je crois.

— Possible, souviens toi qu’avec elle, c’était tendu.

— Carmen nous a expliqué qu’elle avait eu une violente hallucination en parlant avec son amie. Je pense que les premières thérapies n’ont pas aidées à fermer la plaie. Je mettrais l’accent sur ça.

— Tu penses que sa greffe à fait remonter le drame ?

— Tu me l’as évoquée cette théorie. Elle refuse d’admettre qu’elle perçois d’autres voix, donc pour moi, c’est résoudre ce traumatisme et tout ira bien.

— Et Zok ? Quoi que, oui, c’était le gardien des morts. Non, tu as bien raison, elle veut que ce Dieu prenne dans ses ailes Eva. Bon, on verra son évolution dans les prochains jours.

— Tu veux qu’elle reprenne l’école ?

— Elle a besoin d’un rythme ! C’est essentiel ! Si elle finit son année tout en étant suivie, c’est ok.

— D’accord, bon, bé, je vais quand-même chasser.

— Dans deux heures on mange, ne traine pas trop au bar !

Je repars à mon activité avant de passer au bureau pour consulter les albums photos. Adela me rejoins et ce soutient silencieux me permet de mieux me ressaisir.