La liberté se paye
— Autodestruction en cours. Putain, le six de cœur, je l’ai déjà. L’amour à six branches et égalité, soustraction de joker…
— C’est quoi le but de son jeu ?
Silvia est venu m’accompagner au quatrième jour de séjour. On ne s’était pas beaucoup parlé ces derniers temps entre ses missions à la direction, ses course et de mon côté, la difficile gestion des concerts avec aussi l’école.
César et Tania m’ont supplier d’accepter de mettre un terme au groupe, mener une pause pour épauler Marta. Hier, la réunion avec le producteur fût un peu houleuse et pourtant, on a gagné. Carmen m’a également convaincu de quitter l’école, me donnant le diplôme d’office pour être avec ma copine. Elle ne regrette pourtant pas, d’avoir voulu l’a reprendre pour qu’elle retrouve un semblant de vie.
— Aucune idée Silvia, aucune putain d’idée. Tout le monde m’a prévenu qu’elle s’isole dans la grande salle pour trier des paquets de cartes en parlant seule. Seul, son ancien voisin de chambre, partit, je crois hier, tu sais, le trisomique, semblait comprendre ses règles et ses paroles.
— Hum, on va lui proposait de prendre l’air ?
J’acquiesce et pendant qu’elle reste un peu en retrait, je m’annonce :
— Coucou ma belle. Comment tu vas ? Silvia est aussi là pour te voir.
— Salut Marta.
Le jeu est plus intéressant que nous et je pense que la meilleure technique, c’est de m’installer en face et de lui prend sa carte en main. Bingo ! Elle me fixe indécise puis remarque la présence de Silvia qui la salut à nouveau de sa main.
— Je…je suis allé en thérapie ce matin.
— Et, ça t’a fais du bien de parler au médecin ?
— Du dessin.
On a tous remarqué une évidence, surtout que sa sœur nous l’a fait remarquer. Elle a perdu en capacité cognitive. Ces récents courts traumatismes crâniens avec sa dépression ajouté à sa perte d’identité post greffon plus son don, ont tout déséquilibrés. J’ai l’impression d’échanger avec une enfant.
Heureusement, selon le médecin, ce séjour plus long, permettra de l’en sortir. Si, en plus, elle accepte rapidement de participer à des ateliers, c’est encore mieux.
— Je peux vous montrer ?
— Oui, bien sûr.
Elle range rapidement son jeu et nous embarque dans sa chambre. Silvia prend place sur l’un des fauteuils, moi sur le lit et Marta sur le deuxième. Elle dépose une moyenne pochette et je saisie la surprise de Silvia.
Des corps pendus en noir sont dispersés au milieu du Dieu Singe Serpent qui se délecte d’un l’un deux. Silvia se permet d’examiner deux autres avant de me les passer. Marta reste calme en regardant le parc où quelques oiseaux chantent sur un arbuste.
— Tu veux nous expliquer ?
— Silvia comme la douce musique de la sève.
Elle revient à nous et me reprend les dessins. Caressant le premier avant de reprendre :
— Lui, Zok. Eux, les âmes qui le nourrissent. Il veut que je m’autodétruise pour avancer. C’est finalement moi, dans une autre peau ou la mort. La liberté se paye et j’ai compris une chose.
— Compris quoi Marta ?
Merci Silvia de poser les questions, moi, je n’ai pas la force pour le moment, me concentrant sur les réactions, les tics.
— Il était là, en chair et os, j’en suis persuadé, pour m’imprégner de son pouvoir. Vite oublier car j’ai une vie. Ensuite, il a sans doute, sentit, dans une connexion invisible pour moi, que mon cœur devenait malade. Une greffe change l’image de soi. De là, il commençait enfin à attaquer. Longtemps lutter, j’ai forcément volé une arme chez mon père pour me foutre en l’air. X, je te tuerais, dégage de mon esprit. J’ai dans le sang, le pouvoir de changer les règles. J’ai vécu assez de rêves mais, ce qu’il veut, ce n’est pas forcément que je mène une vrai guerre mondiale pour le moment ou jamais. Ce qu’il désire, c’est que j’évolue. Que je sois plus forte, que j’apprenne à combattre moi et cesse de chercher ce que je ne pourrais jamais reprendre.
Elle jette les deux autres esquisses qui représente pour l’un, des symboles de ses passions. Des chaussons de danse, un micro, une danseuse, son défunt chien et, j’ai cru me reconnaitre avec ma barbe et ma chemise à col relevé. Le tout dans un soleil. Et le deuxième, la lune, où se cache, un flingue, un crâne, un coffre et une lame en sang.
— Donc, une fois, sortie dans deux mois, que penses-tu faires ?
— Avant de quitter mon corps, je danserais sur les os de l’Enfer. Quand, où, aucune date en tête. Zok, je le crois. Il n’est pas mauvais c’est juste moi qui parfois, refuse de l’écouter. Une fois, que j’aurais prouvé que mon cœur est bien vivant, j’aurais sans doute un ou deux autres projets à lui prouver. Les Zokias ont disparus, la secte aussi. Honorer les morts, n’est pas pour le moment en cours. Je suis l’élue et j’ai tout à construire. Dès qu’il me sentira ok, je pourrais enfin, voir qui se cache derrière ce Dieu. Pour le moment, je suis fatiguée, lassé de vouloir me foutre en l’air. Plus personne ne me parle et pourtant, le peu de fois qu’il usera de moi, je risque de briser les murs. Il refuse d’entendre ma patience.
Ouai, non, ok. On a tort, elle parle normalement là. Elle est déterminée à aller au bout, décidément, on ne va jamais y arriver. Silvia y pense aussi rien qu’en me regardant. Je décide de prendre la parole :
— Ma belle, tu sais pourquoi tu es ici à nouveau ?
— Je leur redis que j’ai une chance de m’en sortir ! Je remange bien, je suis un traitement et ok ! Ok ! J’avais eu des tentatives de suicide ! Ce n’était pas volontaire ! Je pense qu’il s’amuse à tester les limites ! Il me fait tourner en bourrique comme vous ! Si, on pouvait me laisser dehors pour prouver ma valeur, personne ne le regretterait !
Elle se lève pour s’en aller dans le couloir. Intriguée, on l’a poursuit jusqu’à la porte sécurisée. Je la repousse en me plaçant devant :
— Marta, tu ne peux sortir, il faut que tu restes.
— J’ai réussi je crois par-là ! Laisse-moi passer !
— Non ! Non !
Elle prend soudainement peur devant mon autorité. Je la comprends, je n’en rarement l’habitude avec elle ces derniers mois. Silvia reste derrière elle et Marta lui demande de la soutenir d’un mouvement de tête tout en commençant à paniquer :
— Écoute nous Marta. Tu es ici pour ton bien. Deux mois est à nouveau nécessaire pour gérer tout ces bouleversements. On est heureux que tu veuilles prouver ta force, personne ne va te l’en empêcher. Si tu es hospitaliser, c’est autant pour gérer tes troubles alimentaires que…
— La liberté se paye !!
— Marta ! Te laisser dehors est encore trop tôt. Considère qu’ici, on te soutient dans ta prise de décision. Tu restes le seul maître à bord de ta propre vie.
— Je veux une dernière danse ! Je veux revoir la lumière et finir mes rêves ! Je veux dire au revoir à Marta !! C’est Eva qui me l’a dit ! Eva !!
— Je prend le relais Silvia, merci de ton soutien.
— De rien.
On chuchote tandis qu’elle hurle plusieurs « Eva, me l’a dit ». Une infirmière au loin, arrive à notre secours et j’ai le temps de lui forcer à se calmer :
— Tu échanges à nouveau avec elle ?
Ses larmes s’invitent à ses joues et je les éliminent d’un simple geste. Silvia explique la situation au personnel qui en prend note et s’en va en nous rappelant qu’elle resta là, si nécessaire comme ses collègues.
— Je…elle me l’a dit.
— Dit quoi ?
— Elle me l’a dit.
— Bon, ok. Revenons à ici, est-ce que tu saisis la nécessité d’être là ?
— Deux fois…Une pour elle, là pour moi. C’est si long de faire le deuil ? Pourquoi, on m’a accordé la sortie alors ?
— C’est compliqué les internements et les diagnostiques. Dans tout les cas, on a vu et on accepte nous aussi, ton évolution. Tu n’es pas prise en charge pour tes hallucinations, ça, on l’a bien insisté à l’équipe médicale, que c’est impossible à admette mais que c’est un don point. Tu es ici, car tu as chuté. Tu reviens sur ta volonté de prendre les commandes, seulement, l’école n’était pas le bon choix comme rester à la maison. Ici, tu vas apprendre ou découvrir ce que tu aimes, ce que tu détestes. Mieux manger, mieux dormir. Il attend que tu sois forte ? Montre lui !
— J’ai peur qu’il se retourne contre moi…
— Le moment où tu vas mieux le connaitre, tu pourras le renverser. Souviens-toi des méchants, ils se pensent au-dessus du gentil et se pavane souvent en avouant tout de A à Z ! Ils oublient tous qu’ils vont tomber car il y a des failles que seul, les gentils exploitent. Oui, ta liberté se paye mais en lui faisant payer la note, un jour où l’autre. Je reste selon lui, le soldat qui te guide et donc, voilà que je te fournis une tactique de championne !
Je la vois sourire un peu pour la première fois et elle me sert pour terminer de pleurer. Silvia lui caresse le dos. Marta accepte de prendre l’air et Silvia se charge de lui changer les pensées pour nous parler de voyages.
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