Détresse

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« Marta ? Je suis enfin là pour te parler. Marta ! Rien n’est de ta faute ! Arrêtes ! »

Ma lame termine la dernière lettre, le sang coule sur le carrelage dans la douche des vestiaires. Si j’ai gagné la coupe, il y a deux semaines, depuis, Eva tente de me tuer et je commence à comprendre que la voix existe bien.

« Coupable, coupable, coupable » « Si tu veux vivres, écoutes moi »

La journée était rythmée par ces mêmes mots et ce soir, c’est trop. Mon refus à briser mon crâne et je me soulage sous l’eau froide.

«

Mamie ?!

— Des années qu’il me pourrit ! Fait gaffe à lui !

— Mamie ! Comment, comment tu fais ?! Je suis perdue ! Aides moi !

— Tant d’années de silence et je réussi à être à tes côtés. Je vais t’épauler à une condition.

— Laquelle bordel ?!

— Accepter ton destin.

— De quoi ?!

— Assez ! Dit lui vieille peau ! Le temps court, elle doit passer la vitesse supérieur ! «

Je coupe l’eau en même temps que la sensation d’une porte qui claque. Chaque larme termine de laver le sang et je ne sais comment réagir. Elle est venu, elle me parle de destin, il semble nous commander. Est-ce un lointain membre ayant le même don ? Pas la moindre idée.

Mes pas mouillées me guident dans ma chambre. Après m’être changée, je m’occupe de ma blessure. Il faut continuer à rien laisser transparaitre. Je finirais mon année avec ou sans diplôme.

Bizarrement, la nuit est reposante. Que se passe-t-il ? Je refuses d’être un pantin ! Hors, je dois le remercier pour une fois de me permettre de reprendre des forces. D’autant que ce matin, c’est judo. JJ a proposé à Carmen d’inscrire l’école à un concours avec deux autres écoles. L’idée est de se mesurer autrement.

« Il faut qu’on se parle sérieusement ma petite-fille. Je peux comprendre ton état, aucun signe de ma part, pourtant tu me vois. Tout cela te fais peur, Zok a l’art de nous mettre dans le grand bain sans explication. Eva, était un premier test comme ta tentative d’en finir. Il m’a chargé d’être ton guide. Tu es l’élue, la clé de son projet. Il faut absolument que tu me fasses confiance. »

Mes jambes tremblent sur le banc dans le hall. Mon bras manque encore de force, pourtant, j’attends mon tour avec impatience. Me mesurer, rien n’est un problème pour sortir le dragon.

«

Rien ne me viens de nous. J’ai continué mes passions, vus parfois ces êtres et les faire disparaître par ma volonté de vivre dans le réel. Ce moment crucial, jamais je pourrais le décortiquer, je le refuse d’ailleurs ! Je veux juste comprendre qui est-il ? Pourquoi je l’entends pour la première fois. Et l’élue de quoi ? Rien n’a de sens, ma vie en fait n’a aucune logique.

— Je me suis nommée médium mais, on n’a pas vraiment de noms, nous ces rares femmes qui sont liées à Zok, le seul et unique Dieu, gardien des morts chez les Zokias. Enfant, j’avais entendu parlé d’une drôle de prophétie, annonçant la venue d’une femme pour changer le monde. Tu sais, si Zok m’a pourrit l’esprit c’est plus que ma vieillesse couplée à une existence de choix mauvais, ont conduit à ce qu’il me tourmente pour démontrer, que je ne suis pas celle attendue. Je t’ai vu grandir ma chère enfant, une énergie débordante, une force de la nature.

— Et ?

— Tu prendras une décision, seulement, acceptes cette possibilité. C’est normal d’avoir oublié tout de moi. D’avoir voulu vivre autrement. Mais, tu es la dernière qui est comme moi. Je te demandes pas de renverser le monde. Juste en premier lieu, de venir rencontrer Zok.

— S’il me parles, c’est que je l’avais déjà vu ?

— Cherche aucunement à tout savoir.

— Eva, tu l’as déjà rencontré ?

— Non.

— C’est quoi la vitesse supérieure qu’il attend de moi ? La clef de son projet serait que je sois une criminelle ? Mamie ? Et ho ?!

— On va faire plus simple.

— Plus simple ?! Je n’ai jamais entendu parlé d’un Dieu ou quoi ! Soit vous me dites qui vous êtes, soit vous pouvez allez-vous faire foutre !

— Un coup d’avance, tu seras à moi. Le moment voulu, tu verras qui je suis. En attendant, comme Maria est une tortue, soit tu passes deux épreuves, soit je te ferais subir les conséquences.

— Je ne suis pas celle que vous attendez ! Je ne tuerais personne ! Je veux juste la paix !

— Eva est morte par ta faute, le pauvre chat noir aussi, à tes huit ans. Tu n’as aucunement le choix. La mort rapide ou te laisser convaincre de passer des tests. Si tu es vraiment pas celle qu’on attend, promis, je t’accueillerais avec plaisir. «

Son rire me glace le sang et la réalité me fait face. Les rires, la musique des autres cours et :

— Toujours pas sur le tapis ma belle ?

Il manquait plus que lui ! Comment peut-il être toujours aussi positif alors que j’ai omis de dire toute la vérité ? Je lui sers la main et en silence, je pose ma tête sur son cou. Il me rassure par une caresse sur ma tête tout en se moquant aussi des autres. La professeur le met au défi de se confronter à elle, il refuse et elle prend deux autres élèves. J’en profite pour lui parler tout bas :

— Roberto ?

— Hum…

— Je…

— Tu ?

— Terminer la scène pour moi. Je veux dire qu’une fois terminée l’année, je me concentre sur moi.

— Comment tu te sens aujourd’hui ?

— Mieux dormie.

— Et les morts ?

— Chut ! Pas si fort ! C’est plus d’actualité. Quand je parle moi, ce sont plus des pistes de métiers qui ne me mettent pas en danger avec ma greffe. J’ai une chance folle que mon cœur est solide malgré le stress engendré ! Et puis, si je t’ai semblé distante ces derniers jours, c’est que…

— Marta, je connais ton mode de fonctionnement. Tu sembles fuir hors tu montres de la résilience. Je suis si fière de toi et de ta capacité à faire face à tout ces moments. Moi, à ta place, je ne sais pas ce que j’aurais réalisé.

Son baiser sur mon front m’avait manqué. Il est bien trop précieux comme ma famille, je dois stopper toute confidence.

«

J’accepte. Attention, rien ne garantie que je vais choisir ce rôle. «

— Excellent ! L’heure sonne !

— Que dois-faire ? Te rencontrer ?

— Le deuil d’Eva est essentiel pour avancer. Prend le temps qu’il faut.

— Il est parti ?

— Jamais loin, j’avais un besoin urgent. Tu l’auras compris, un coup s’est lui, un coup ça sera moi.

— Eva…sa tombe est privée ! Jamais je pourrais réussir ! Elle me hantera pour toujours. Je l’ai lâché, un seul bout de tissu me reste à elle.

— Morceau d’une paix, j’en suis persuadée, qu’elle t’a pardonnée »

Où est ce bout de tee-shirt ? Faut que je trouve le moyen d’y rentrer pour lui recoller les morceaux. Pauvre tombe ! Poussières, vers et misère !

— Merci de ton amour.

— Je t’en prie ma belle.

— Marta ? Tu veux te mesurer face à Luna ?

— Oui JJ.

— Alors, on y va !

Avec un dernier baiser sur le front de mon homme et le sourire rassurant de la professeur, je tente l’entrainement. Evidemment, je perds mais je m’en fiche et quitte en silence le hall en prenant Roberto pour se lover dans ma chambre. Et penser à rien d’autre qu’à nous.

— C’est quoi ça ?

Je me fige quand il sent par sa caresse, le bandeau. Zut ! En plus, j’ai oublié de le changer pour éviter la surinfection ! Quelle conne !

— Je reviens !

— Marta !

Je lui claque la porte au nez, dans ma précipitation pour commencer à tout retirer, il m’a suivi. Ma rage est mêlée à son choc quand il lit le mot, je tente une nouvelle fois de le faire lâcher prise en pleurant.

— Marta ! Coupable de quoi ?!

Il lâche la pression pour se calmer en prenant mon visage dans ses mains. Que lui dire ? Je n’ai aucun échappatoire !

— De tout ! Trop c’est trop ! Il, elle, moi ! J’ai beau prendre le rôle de capitaine, le navire coule ! Je resterais une morte faim ! Personne me dictera ma vie !

— Marta, tu entends des voix ?

— Non ! Non !

— Il, elle. Il faut que tu me dises la vérité.

— Je ne suis pas folle ! Le noté sur mon dossier serait le signe de mon arrêt de mort !

— Marta ! Deux fois que quelque chose t’oblige à te faire du mal. Tu luttes sans traitement. Je ne sais pas ce que tu as, en tout cas, voir quelqu’un, aller dans un centre t’aidera. Ça se soigne.

— Je vais bien bordel !

***

Elle me repousse d’une telle force que je touche le mur. Je m’attendais pas à deuxième appel de détresse. Pour sa sœur, c’est probable qu’elle soit atteinte d’une forme de schizophrénie. Pour ses parents, un possible don avec les morts comme l’était sa grand-mère. Du moins, sa mère y croit dur comme fer, son père, lui, évoque la chose en attendant un vrai diagnostic.

Et moi ? L’important, dès maintenant, c’est de sonner l’aide de ses proches. Tout le monde et j’espère le médecin, la persuaderont de se soigner. Les jours passeront, Marta reviendra dans un état calme jusqu’au concours de Judo.

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