Allongée sur foutue lit d’hôpital, je ressasse, le bras en écharpe, le peu de souvenir que j’ai d’avant-hier, sans que rien ne me revienne. Je n’ai jamais était vraiment douée pour me décortiquer ni même qu’on me le fasse. Un exercice horrible, une torture que j’évite au maximum. D’autant que me qualifier de déséquilibrée, me hante….

Hors, j’avais perdu le contrôle, il y a plusieurs heures, à l’école même. Pourquoi ? Voulais je vraiment me tuer ? Apparemment oui…je me souviens pourtant pas, de mettre balader avec une arme dans la poche de veste en jean. Ni même, avoir laissé une étrange note sur ma table de chevet.

Depuis la réussite de Upa Dance, je suis censé être heureuse. Certes, encore un peu jalouse de Tania quand Roberto l’a tripote sur scène, hors c’est de la chorégraphie, je me le suis persuadée ! J’ai même revue Adela, qui a, enfin décidé de venir passer quelques jours avant de prendre une décision. Remplacer Alicia qui va sans doute démissionner….

De plus, elle s’est enfin réconciliée avec mes parents. Non, décidément, je n’ai pas compris comment le train Marta avait pu dérailler…Et pour revenir à cette note « X, je te tuerais, dégage mon esprit »

X ? Qui est-tu bordel ?! Est-ce une conséquence de ma greffe ?! En attendant, j’aurais le temps de résoudre tout ça puisque que j’aurais environ entre trois et six semaines d’attelle ainsi deux mois de rééducations minimum pour mon bras droit. Rien que de penser à la balle qui avait transpercée mon coude accompagné d’une fracture pendant ma chute, me fait revenir ses sensations douloureuses.

Quelque part, je remercie aussi mon homme, d’avoir dévié la trajectoire. Au fond, je n’ai aucune raison de vouloir en finir…J’ai donc brisé en l’air ma passion et surtout ma vie ! Est-ce qu’au moins, je pourrais participer aux autres cours hormis la danse ?

— Coucou petite sœur.

Je tourne mon air de chien battue vers celle plus souriante de ma grande sœur. Pourquoi elle me donne de la joie ? Je souffle un bon coup en sachant d’avance que je vais recevoir une bonne leçon de morale.

— Tu vas me passer un savon ? De toute façon, toute l’école me prend pour une détraquée ! Je l’ai mérité, de perdre ma place… Je ne vais pas revenir hein ? Carmen va me virer ? Pourquoi tu es heureuse alors que j’ai commis une terrible erreur ! Tu t’en rends compte ou pas ?! Moi, me suicider ?!

— Du calme Marta, du calme. Je suis juste rassurée que tu ailles bien. Même si physiquement, tu ne pourras plus danser, peut-être que tu pourras assister à d’autres cours.

— J’y ai pensé à l’instant tu sais.

— Du coup en parlant de ça justement, je vais demain matin avec maman à une réunion d’urgence avec Carmen.

— Pas papa ? Et puis, urgence, c’est fort comme mot ! C’était une guerre interne entre moi et….

— Tu sais lui, il s’en fiche un peu de notre passion. Le plus important, c’est la santé.

— Et la chasse, principalement celle concernant Roberto.

— Il pense que c’est de sa faute. Hier, pendant ton opération, il était remonté, crois-moi !

— Il a tort...Roberto n’a rien à se reprocher

— Avec maman, on a argumenté, en vain. Quoique, papa attend toujours des preuves.

— Hum, au fait, Alicia, pitié qu’elle ne soit pas là ! Je suis déjà morte mais pas enterré !

— Elle a démissionné, il y a trois jours.

— C’est donc officiel ?! Je n’ai rien remarquer, aucune nouvelle…

— Carmen l’a autorisé à terminer en douceur ses derniers cours pour cette semaine puis elle fera une grande annonce. Et par conséquent, la semaine suivante, je reprends ma petite routine !

— Et tu nous as rien dit ?!

— J’attendais qu’elle ne change pas d’avis.

— Et ton travail là-bas ?!

— J’ai démissionner aussi. Bien, assez parler de moi, l’important c’est toi.

— Je n’ai rien à dire…En fait, si, tu en penses quoi de ce j’ai écris sur la table de chevet sur une certaine vengeance ?

— Tu ne t’es pas senti menacé ces derniers jours ?

— Ho, j’en sais rien. Il m’arrive de me faire des ennemis sans m’en rendre compte… Et puis, le casse toi de mon esprit, me donne des sueurs froides !

— Tu entends ou avais entendu des voix récemment ?

— Non ! Enfin, je m’en serais souvenu et de suite consulter ! Je ne suis pas comme l’était mamie Maria !

— Elle était médium, je crois. Marta, ne te mens pas.

— Tu me crois pas ! Je ne suis pas folle bordel !

— Tu ne l’es pas, pardonnes moi si je t’ai blessée. Seulement, on réagit presque pareil, si quelque chose ne semble pas normal, on fuit.

— Jusqu’à que ça explose ! Tu veux pas qu’on oublie ? Je vous promet que si j’agis inconsciemment en portant une arme ou faisant un salto arrière sur l’autoroute, j’accepte illico presto le soin !

— On ne va rien mettre sous le tapis. Pour le moment, tu as besoin de repos et pourquoi pas, venir marcher un peu avec moi dans le parc ?

— Car je peux ?!

— Je pense que oui, tu n’es pas cloué là !

— Prendre l’air me ferais du bien, en effet. Mais avant, je vais au toilette. Tu sais quand je sors ? L’infirmier qui est passé tout à l’heure.

— Il a dû oublier mais j’espère que demain, tu pourras.

Après m’être soulagé, je me regarde pour la première fois et je ne ressemble à rien. Une peau blanche, une blouse de la même teinte, non vraiment, je suis morte ! Veuillez me réveiller ! Toute ma vie, a été parfaite ! Presque parfaite…Je suis forte aussi, du moins, j’en suis convaincue !

Je me détourne vite de cette horreur que j’inflige à tous. La deuxième accolade pleine d’amour de ma sœur, m’avait manqué. Je veux pleurer mais je me refuse de paraître faible. Une autre crainte que je déteste.

Marcher en l’écoutant conter les grandes danseuses, me rends triste. Pour me remonter le moral, elle ajoute l’idée de se refaire notre duo sur scène rien que pour nos parents. Histoire, de resserrer nos derniers liens.

Je termine en larme dès que je m’installe pour me reposer à nouveau, fatiguée par mes doses de médicaments. Le midi, Roberto arrive avec une rose. C’est peut-être lui, le plus fou. Comment peut-il m’aimer encore ? Moi ? L’imprévisible, la jalouse de service ?