Chapitre 1 : Judith Thompson

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Le sable.Rien que le sable.

Personne n'avait prédit la tempête qui allait s'abattre. Cela fait quatorze ans, quatorze ans que la tempête de sable a ruiné le monde que nous connaissons, des flots de sable de trois mille mètres de haut ont commencé à tourbillonner sur la surface de la planète et ce durant trois mois,trois mois durant lesquels les pertes humaines ont été comptabilisées en milliards. Notre civilisation est désormais morte et enfouie sous le sable, totalement répandue à travers le monde.
Nous sommes à New York, un peu moins de quinze ans après la catastrophe, plus exactement dans l'un des 5 districts de la Big Apple, où l'iconique pont, reliant Brooklyn à Manhattan est aujourd'hui une ruine enfouie sous le sable. Brooklyn reste l'un des endroits les plus peuplés de New York, avec plus ou moins 1000 habitants contre plus de deux millions avant le désastre.Les nuages ont depuis pris leur envol, laissant place à ce ciel ensanglanté. les rares averses se faisant montrées sont la seule source d'eau potable,si l'on n'a pas de soucis bien sûr à boire ces larmes divines aux pigments rougeâtres.
Reconstruit par ses habitants depuis des années, avec des débris découverts comme seul matériaux , les quelques boutiques de fortune au look de bidonville désertique fonctionnent bien et contrairement à ce qu'il aurait pu être, un climat de paix paraît régner au-delà des dunes.

Vinegar Hill , autrefois connue sous le nom d'Irishtown ,est l'exception qui confirme la règle.C'est peut-être la partie la plus dangereuse de la ville. Une centaine de personnes aux comportements loufoques pour les plus honnêtes gens et pernicieux pour le reste de la population , résident encore dans cette favela échouée sous les grains.

C'est ici même que nous rencontrons Judith Thompson.

Judith n'avait que 10 ans quand le cataclysme s'est déclenché ,il dura environ cent jours et dévasta le monde. Une période sombre pour l'humanité, abandonnant Judith, orpheline, comme un nombre incalculable d'enfants.

Dans les yeux de Judith, si vous y portez attention, vous pouvez voir le sable, rien que le sable.Sous ses grands yeux verts, presque cachés par ses longs cheveux roux, illuminés par le rouge de la voûte céleste, se tient une écharpe de soie noircie, imprégnée de sable, dégageant une odeur de tabac et dissimulant son nez ainsi que ses joues roses , jonchées de taches de rousseur.

On peut apercevoir sous son écharpe, un léger sourire de par ses yeux riants,qui contemplent l'horizon, bercée d'une légère brise. Ses vêtements, une veste en cuir noir, abritant un t-shirt écarlate qui correspond parfaitement à son ventre plat, est quant à lui, troué de l'épaule jusqu'au nombril, laissant paraître ce qui semble être le pourpre d'un soutien-gorge,ou peut-être est-il blanc et juste souillé de sang.Son pantalon, un jean noir moulant, ajustant ses longues jambes, tombe parfaitement sur ses bottes sablonneuses couleur ébène .Ses doigts fins, revêtus d'anneaux sans valeur, sont encrés dans les poches de son Lévis, comme pour les réchauffer, avant d'affronter comme chaque jour, du haut de son mètre soixante seize, la dure et triste réalité de cet arrondissement asséché.

Judith vient d'avoir 24 ans aujourd'hui, d'après le vieil Irlandais, l'un des rares ainés qui abrite en lui plus d'un savoir, ou peut-être bien , qu'il a juste gardé un agenda d'une époque révolue.

Quittant sa tente, faite de morceau de bois et de tissu déchiré, abritant le strict nécessaire pour pouvoir y séjourner, Judith sort de sa veste une cigarette industrielle, comme le résidu d'une civilisation perdue. Une monnaie d'échange à prix d'or que Judith s'empresse d'allumer via le Zippo de son père,soigneusement préservé pour fêter son anniversaire de la meilleure manière possible. Cela ne l'empêche pas de s'atteler à la tâche,au restaurant délabré qu'elle a inauguré avec son amie Molly à Vinegar Hill, au milieu du desert New-Yorkais.

À titre d'employeur, Judith ne manquerait jamais un jour de travail avec Molly, sa petite protégée, cette jeune fille timide aux cheveux blonds et à la tunique blanche et bleue tachée un peu partout , adopté par Judith quelques années auparavant. La route pour arriver jusqu'au Sandbrook le restaurant de Judith est comme le reste de la planète, enseveli sous le sable.

Le Sandbrook possède une armature de fer et de bois provenant des décombres qui jaillissent des dunes. A l'intérieur les murs sont faits de débris jaunâtres et colorés de rouille , laissant paraître des dégoulinure ressemblant à du sang , ainsi que quelques fuites dégageant une odeur sordide, anéantissant l'espoir d'un déjeuner autour d'un banquet digne. Quand le soleil atteint son point culminant dans le ciel, c'est le coup de feu pour Judith et Molly, une dizaine de riverains foulent déjà le sol crasseux et glissant de la brasserie, les premiers clients se précipitent ensuite sur les seuls sièges disponibles à des kilomètres autour, qu'ils renommèrent eux-mêmes le coin VIP,les retardataires de leur côté déjeuneront sur les quelques bidons et palettes récupérés en partie en guise de paiement. Rares sont les nouveaux clients qui foulent les carrelages sales et ensablé du Sandbrook,le plus souvent ce sont les habitants du quartier, ceux de l'ancien Brooklyn qui viennent manger mais avant tout pour y étancher leur soif semblable a la sécheresse qui règne sur terre.Depuis la tempête, le système monétaire a changé de fond en comble,chaque bien et service se troc contre des objets de l'ancien monde ou en pièces métalliques retrouvées sous le sable. Judith s'est enrichie en quelque sorte ,comparé à la moyenne new-yorkaise.La majorité d’entre eux ne travaillent pas, creusant le sable dans l'espoir de trouver un jour quelque chose qui mérite d'être déterré .Au Sandbrook les seuls plats que Judith ait jamais cuisinés sont les brochettes de suricate et ce potage composé de petits animaux vivant dans le désert aussi savoureux d'après les habitués, aussi étrange d'après les éphémères. Le Sandbrook est constitué de deux pièces, la salle et la cuisine, cette dernière étant truffée de rouille du sol au plafond qui lui-même ne tient qu'avec la solidité de plusieurs fils de fer entremêler.La cuisine ouverte sur l'exterieur donnait lieu au feu de camp ou les nuisibles desertique viennent se faufiller, puis completer le potage d'exeption de Judith. La température avoisinant les quarante-cinq degrés a proximité du feu, oblige Judith à boire davantage depuis le collecteur d'eau de pluie, aussi infectieux soit-il et c'est une fois à genoux pour se refroidir le visage et la poitrine que sa vie allait à nouveau prendre un tournant inattendu...

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