Dis-moi que le monde
Dis-moi que le monde est monde
Que l’humain n’est pas cette bête immonde
Qu’il tente de préserver
Dis-moi à quoi servent les ondes
Quand on apprend que l’on fouette sous les rotondes
Pour n’avoir qu’à une femme parlé
Dis-moi que toutes ces fragiles sondes
Qu’on envoie où les étoiles se répondent
Rapporteront un peu de sagacité
Dis-moi que les viols et les plaies profondes
Ces coups portés quand le fiel se dévergonde
Sauront un jour cicatriser
Dis-moi si cacher les brunes aux blondes
N’est pas soumettre des humeurs furibondes
Aux fers de la lâcheté
Dis-moi pourquoi tant de foyers se fondent
Pour alimenter un esclavage qui corresponde
Au travail attendant ses enfants choyés
Dis-moi qu’il n’y a que les arondes
Qui quittent leur pays et au loin pondent
Leurs œufs par des rapaces mangés
Dis-moi que la Terre est bien ronde
Car en surface les travers tordus abondent
En volontés et mœurs dévoyées
Dis-moi que notre civilisation moribonde
Où couvent tant de colères qui grondent
Sera bientôt décapitée
Dis-moi que toutes ces fureurs nauséabondes
Cesseront de peindre la mappemonde
En sang et or et cendres mélangés
Dis-moi qu’il reste encore une seconde
Où sans duperie ni faconde
L’espérance a le pouvoir de cristalliser
Mais surtout
Dis-moi que la Céleste Oasis vagabonde
Qu’elle reviendra sous une pluie féconde
Pour nos âmes et notre futur abriter
Ou alors
Dis-moi que le monde est monde
Que l’humain cette bête immonde
Finira dans sa fange par se noyer
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