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Andrew avait mal à la tête. Il se disait qu’il lui fallait changer d’écran, mais n’arrivait pas à trouver le temps de se lancer dans la recherche d’un nouveau modèle. Il était certain que ce maudit écran changeait légèrement l’intensité de la lumière émise de façon aléatoire, ce qui provoquait une fatigue oculaire anormale et, pour son plus grand malheur, des céphalées. Parfois, il se disait que l’époque des machines à écrire lui aurait plu. Puis il changeait d’avis en réalisant qu’il venait de consulter son téléphone portable pour la centième fois de la journée.

Il se massa les tempes, avant de lâcher un long soupir en glissant la main dans le tiroir droit de son bureau pour attraper un tube d’aspirine. Il goba un cachet tout en faisant glisser le curseur sur son écran pour atteindre le lecteur MP3. Il sélectionna The Crock of Gold de Shane MacGowan. Il adorait ce musicien. On lui disait parfois que c’étaient ses racines irlandaises qui vibraient au son des airs traditionnels malmenés par MacGowan et ses comparses. Andrew s’en fichait un peu, à vrai dire. Il aimait simplement la voix — et surtout les paroles — des chansons de Shane.

Son regard se tourna vers le fichier ouvert au milieu de son écran. Sa monographie sur les Asaro de Papouasie-Nouvelle-Guinée avançait tout doucement. Trop doucement. Ses idées refusaient de sortir dans un ordre raisonnablement structuré. Andrew avait la sensation de ne plus être maître du jeu depuis un bon moment. Il saisit un stylo et mordilla le capuchon.

Les « Hommes boue » étaient pourtant un excellent sujet. Il avait passé plus de deux années au sein d’une tribu de cette ethnie. C’était relativement peu pour un ethnologue, mais les crédits de recherche étant si rares, ce n’était déjà pas si mal. Les Asaro étaient célèbres pour leurs masques en argile terrifiants, utilisés pour effrayer leurs ennemis en se faisant passer pour des esprits surnaturels. Andrew étudiait leurs rituels et l’adaptation de leurs pratiques identitaires au regard extérieur, notamment dans le contexte du tourisme.

Son employeur, le University College London, le payait pour cela — et aussi pour donner des cours d’ethnologie. Le jeune homme avait terminé son cycle de cours semestriel la veille, et pouvait désormais consacrer tout son temps à la finalisation de sa monographie sur les « Hommes boue ». Il avait d’ailleurs passé la journée sur son texte, sans avancer, et sa migraine lui martelait le crâne.

Il allait éteindre son ordinateur et rentrer se reposer lorsque sa messagerie électronique signala l’arrivée d’un nouveau message.

— Stella ? Stella Andiamo ? Je ne rêve pas… c’est bien un message de Stella !

Il ouvrit la missive électronique, un petit sourire aux lèvres.

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