Sa Breizh ardente s'éveillait sous une couverture polaire des plus improbable.

Toute cette neige inattendue lui réchauffait le cœur.

Galenn anticipait déjà des heures de jeux avec sa petite fille Kaëlle qui dormait au premier. Ce cadeau du ciel lui laissait présager des rires et du bonheur pour les jours à venir ; aussi, lui , le taiseux, il souriait.

Soudain, son front s'assombrit. Il s'inquiéta pour son vieux gréement qui mouillait de l'autre côté de la lande. Dehors, le gel qui dévorait les vitres du salon le tracassait ! Á cette heure de pleine mer avec ce temps, il fallait qu'il aille voir.

Il revêtit sa plus chaude tenue de chasse et fila droit devant.

Á l'étage, la petite eut juste le temps de voir au loin son grand-père disparaître de l'autre côté de la colline.

Avide d'aventure blanche, l'intrépide fillette dévala les escaliers, toujours en pyjama. Dans l'entrée, c'est au vol, qu'elle attrapa un ciré tout en sautant dans les premières bottes du râtelier.

Elle balança la porte de toutes ses forces aux fesses de son empressement, avec l'espoir vain de la fermer. Une plaque de verglas sournoise lui fit prendre un bain de neige.

C'est en riant aux éclats qu'elle courut pour rattraper son aïeul.

Sous l'escalier, un gros dormeur patenté émergea, bousculé par tout ce raffut : Yakut, un chiot de quatre mois.

Sans vraiment comprendre, il se retrouva dehors confronté à un truc froid collant aux pattes. Il renifla les traces, senti les odeurs qu'il aimait tant, de papi un peu et surtout, de sa petite maman qu'il entendait rire au loin. N'écoutant que son instinct, il fonça braver l'inconnu pour les rejoindre.

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Grands pieds avait tracé son sillon avec assurance, insensible à l'obstacle blanc.

Petits pieds avait bien tenté de marcher dans ses traces, mais elle avait du renoncer avant de finalement s'effondrer dans la poudreuse, épuisée.

Petites pattes courait maladroitement après les pieds, trébuchait mille fois, se relevait en titubant autant de fois.

Il avançait par-à-coups et en mode chasse neige, le plus souvent !

Il remit tout son courage et toute sa détermination dans sa quête ; il le sentait, il était tout proche.

Yakut était fou de joie de rattraper enfin sa « deux pattes » chérie. Il la sniffa furieusement ! Il trouva d'abord ce nouveau jeu génial.

Il lécha frénétiquement son visage tout fier d'avoir gagné la partie. Puis, devant ce corps inerte, un signale d'alarme électrisa son jeune cerveau.

Poussé par un atavisme soudain, bien campé sur ses pattes, le chiot leva la tête vers le ciel et se mit à faire le loup.

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Kaëlle rouvrit les yeux juste à temps pour voir son grand père arriver haletant pour les sauver.

De sa voix d'avalanche il railla les deux inconscients !

Surpris, Kaëlle et son bébé loup se crispèrent !

Le petit tenta un Rrrrrrr de fond de gorge qui le surpris lui-même ; sa bravade le fit choir sur son derrière.

L'enfant gagnée par une douce somnolence ne releva finalement que la joie d'entendre son super papi les enguirlander en breton.

Elle croyait avoir reconnu qu'il était question d'une histoire de canailles pirates et se rêvait déjà sous le soleil des mers du sud à la barre d'un trois mats portant pavillon noir.

Galenn devait faire vite. Sa main de géant saisit le louveteau pour le jeter dans la gibecière. Puis il emmitoufla la fillette sous sa veste, contre son cœur et courut jusqu'à la maison. Il l'installa devant l'âtre sous une chaude couverture avec sa veste de chasse par-dessus.

Il se demandait bien avec quels artifices de diplomatie il allait pouvoir expliquer cette histoire à sa femme. Ce n'était pas encore la saison de la débâcle, toutefois, pour lui ce serait ce soir .

Sa canaille bien réchauffée s'était endormie avec la main dans la gibecière tenant la patte de son héros de pirate vaincu par le sommeil du juste.