Prologue
La tristesse solitaire m'a meurtri comme l'ombre du mal. Le coeur empoisonné et les larmes aux yeux, j'essaye d'avancer malgré le vent. J'avance à contre-sens, dans une véritable course contre la montre.
Les coups s'abattent sur moi, comme les affamés sur la nourriture, comme la misère sur le monde. La vie n'est pour moi qu'un calvaire éternel. Un long et sanglant calvaire. J'aurais même préféré que l'on me demande de déplacer chaque grain de sable du Sahara un par un, pendant de longues années, plutôt que d'être l'esclave de la Lune.
Guidé par ma seule solitude, ayant perdu chacune des personnes qui comptaient pour moi, je suis là, vivant sans aucune raison. J'erre dans la misère cherchant la lumière...
Si la mort m'emportait, son souvenir à elle subsisterait-il ? Je n'ai que pour compagnes son visage qui défile dans mon esprit et mon inconsolable peine.
Lorsque l'on prend en otage un bonheur, lorsque l'on brise un mirage, que l'on vole une enfance, quelle est la sentence ?
La prison n'a pas suffit, démoli de l'intérieur, on me brise aussi de l'extérieur. Mon corps est zébré de rouge et de bleu, en contraste profond avec la pâleur de ma peau.
Tombé dans un trou noir, qui pourrait me sortir de là, si ce n'est l'ange de la mort ? Lui seul pourra me délivrer, sur l'ordre de mon seigneur.
Et, sur mon lit de mort... Lorsque les coups m'auront achevé, coups que l'esclave que je suis aura mérité, mes murmures l'atteindront-ils ? A elle , dont le charme est plus beau que l'éternité qui nous attend après la mort ?
" Tu as embelli ma vie come les roses embellissent les jardins et comme la Lune embelli le ciel noir comme nos vies "
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