Il y a une grande confusion au sujet de la vie. L’homme commun (Homo vulgaris) est capable de réciter une litanie infinie d’idioties à son propos. Des phrases creuses, ressassées comme des mantras profonds :

“La vie est sacrée.”

“Tant qu’il y a de la vie, il y a de l’espoir.”

“La vie est un cadeau.”

Et encore :

“Profite de la vie, on n’en a qu’une.”

“Vis chaque jour comme si c’était le dernier.”

“La vie est belle.”

Je pourrais continuer sans interruption, ad nauseam, jusqu’à ce que vous vous ennuyiez à mourir. Bref, laissons là la vulgarité crasse de cette humanité à bon marché et posons-nous la question avec sérieux. Qu’est-ce que la vie ? C’est une très bonne question, et je vous remercie de me l’avoir posée. Je pense d’ailleurs que tous les Français se la posent. Une question précise, exigeant une réponse rigoureuse et sans équivoque. À cette question, je vais répondre sans langue de bois, ni tralali tralala.

La vie est un phénomène biologique ininterrompu, un fil inaltérable de matière et d’information qui, depuis son apparition il y a environ 3,8 milliards d’années, s’est perpétué à travers une infinité de transformations, mutations et adaptations. Elle repose sur la capacité des organismes à se reproduire, à évoluer et à interagir avec leur environnement.

La vie n’a jamais connu d’interruption. Jamais. Chaque être vivant, du plus infime microbe à l’humain, est le produit d’une continuité ininterrompue. Chaque cellule vivante d’aujourd’hui vient d’une cellule vivante d’hier, qui elle-même vient d’une cellule vivante d’avant-hier, et ainsi de suite, remontant aux profondeurs abyssales du temps. La vie est une trame dont les fils se tissent et se dénouent, mais qui ne s’est jamais rompue.

Et voilà. Tout à coup, le bistrot reste silencieux. Plus de grandes phrases creuses qui fusent. Les “On ne vit qu’une fois” et autres “La vie, c'est comme une bicyclette, il faut avancer pour ne pas perdre l'équilibre.” ? Oubliés. Roger, au comptoir, a même cessé de touiller son pastis.

Parce que nous réalisons qu’il y a derrière nous des milliards d’années d’histoire biologique. Que tout le vivant est relié. Toi, moi, Napoléon, les Kardashians et même Jean-Marie Bigard. D’ailleurs, quand je dis nous, je devrais dire je. Je suis je, tu es je, nous sommes tous je.

Il n’y a pas des vies. Il n’y en a qu’une. La même, depuis le début.

Ceux qui disent le contraire sont des cons.

Voilà. Fin de la démonstration.