Cartographie
Pour cette équipe de scientifique, ce jour était un grand jour, c’était le jour de leur départ de par-delà des Grandes Frontières, le départ de leur découverte, et aussi le jour de la redécouverte des territoires oubliés après les quelques 400ans de leurs pertes face à une nature devenue grandement hostile par la découverte du Anam. Les derniers préparatifs étaient en cours, le mécanicien aidait au chargement des dernières provisions dans l’Aéronef, les canonniers de leur côté inspectaient les systèmes de défense, la scientifique s’affairait à finir de configurer ses logiciels et programmes avec les différentes sondes, le tout sous les yeux attentifs du vieil homme pilote du vaisseau. Il n’y avait qu’eux dans les parages, il n’y avait personne pour les acclamer, mais ils savaient que si le fruit de leur recherche était concluant, le pays tout entier serait là pour les acclamer et différentes organisation pour les aider à financer d’autres projets. Personne n’avait refait de carte des extérieurs des terres emmurées depuis la grande perte des territoires, et les rares expéditions en dehors subissaient de lourds echecs à cause du manque d’information topographiques, et les Aéronefs étaient des appareils bien trop couteux pour simplement les envoyer faire des plans imprécis et grossiers des extérieurs. Le vieux Capitaine le savait, mais n’en avait rien à faire, il avait décidé que ce voyage serait son dernier, qu’il rentre ou non ne lui importait que très peu, lui et son aéronefs n’en avaient plus pour longtemps et rêvaient de voir au-delà de la muraille. Quant au reste de l’équipage, la scientifique rêvait de poursuivre les aventures de son père, mort dans une expédition d’exploration terrestre, aidée par son ami d’enfance venu l’aider à rendre réel ses inventions, tandis que les deux canonniers étaient des inventeurs armes pour l’armée et avaient négocié pour récupérer des cristaux de Anam pour des prototypes d’armes magiques, malheureusement pour eux il n’ont pas pu négocier beaucoup de cristaux, compte tenu des explications fournies sur leur future situation, personne n’était très intéressé de donner des ressources plus précieuses que de l’or à une bande de fous.
Les Préparatifs étaient désormais finis, et tout le monde monta à bord de l’appareil par la calle, remplie alors de caisse de nourriture, de bidons d’eau, de munitions, d’outils, et dans le fond proche de portes latérales, quatre scooter aériens, munis de petites armes. Le capitaine est aidé à monter par le canonnier et une fois à bord il indique qu’il est encore temps de renoncer au projet, tout en fermant la grande porte de la calle. Les quatre autres répondent qu’ils n’ont plus que cette aventure folle pour continuer à vivre, et tous partent à leur poste. Le départ était imminent, les moteurs commençaient à prendre de la vitesse, à broyer l’air pour faire lever l’imposante carcasse du vaisseau, le sol devenait de plus en plus bas, atelier commençait à ressembler à un jouet pour enfant, et finalement le gracieux Aéronef se déplaçait lentement en l’air. Le mécanicien et la scientifique effectuaient les derniers réglages et à afficher les résultats de leurs tests, tout semblait opérationnel, et un premier aperçu de la zone sous plusieurs schémas sont fonctionnels et semblables à ce qu’il voient plus bas, ce qui emplit de joie les deux amis, et se plaisaient à regarder leurs œuvre fonctionner tel qu’ils l’avaient imaginé, pendant ce temps les canonniers commençaient à scruter les horizons, tout en félicitant leurs camarades de voyages pour leur réussite.
Le temps passait, la nuit tomba et fut succédé par un matin nouveau, l’équipage se levait sous un calme soleil, cachant la grande muraille délimitant les territoires perdus. Tout le monde contemplait paysage, composé de grandes et vastes forêts d’arbre centenaires et millénaires, une timide rivière se laissait apercevoir par l’absence de végétation, et l’expédition continuait lentement d’avancer en direction des murs, maintenant proches. Et enfin, ce fut le moment l’équipage scrutait en direct les résultats de leurs recherche, les données étaient cohérentes au paysage, expédition pouvait débuter. Les membres ne se privaient pas de monter sur le toit du véhicule, scrutant l’océan d’arbres visible à l’horizon, stoppés par une chaine de montagne, si petite à leurs yeux qu’ils ne l’avaient pas vu au premier regard. A leur gauche, le cours d’eau quittait la forêt pour se promener dans une suite de plaines et de collines vertes, où quelques créatures trop lointaines pour être discernées semblaient bouger en troupes dans des herbes hautes. A leur droite le paysage de forêt se répétait à l’infini avec quelques variations de hauteur pour les arbres, et quelques trous à peine visibles étaient dévoilés grâce à la hauteur de engin, et au fort lointain se présentaient des bords de mer.
La direction fut un sujet long à choisir entre les membres d’équipage, chacun voulant aller à un endroit durant le voyage, et ce fut le Capitaine et sa volonté de voir des montagnes de près qui l’emporta, estimant que les jeunes auront tout leur temps pour découvrir les autres lieux à leur retour d’expédition. Aucuns ne contestèrent la décision, et tous prirent leurs postes. Le navire flottait au-dessus de l’océan de verdure, comme porté par le vent, sur les bords comme à l’intérieur, tout le monde était euphorique, le projet de cartographie portait de loin leurs fruits, les premiers tests des canons étaient eux aussi concluants et le vieil homme découvrait les terres qu’il avait toujours voulu explorer.
Une semaine passa, et l’océan vert laissa place à des vagues aux multiples couleurs ondulant de pied ferme, de nombreuses créatures couraient dans des sillons et creux de vagues, Certaines d’entre elles regardaient le vaisseau passer au-dessus d’eux et d’autres fuyaient à toutes jambes se réfugier. Au loin de nombreux oiseaux bruns commençaient à suivre le nouvel arrivant, dans des balais aériens aussi aléatoires qu’impressionnant, puis partent en direction d’un champ de ruine recouvert de végétation, d’où seuls des armatures vides sortaient du sol mousseux. Le capitaine intrigué changea le cap pour survoler les reste de leurs ancêtres, oscillantes entre des paysages alignés et chaotiques, aux bâtiments vidés par le temps, recouvert d’un tapis courant jusqu’aux sommets effondrés des plus hautes tours, les arbres de la grande place soulevaient les dalles, le blé de la prairie voisine s’envahissait les habitations et le seul bruit audible était les pales de l’engin. L’équipage était tout autant émerveillé par le spectacle, d’où ils pouvaient voir des bâtiments de taille dont leur population actuelle n’aurait aucune utilité, mais tout autant la vision des ruines leur saisissait le sang, une civilisation capable de construire grand ayant été réduite au silence en l’espace de quelques générations, et c’est dans un mélange de sentiment qu’il reprirent la route de la montagne.
Le capitaine suivait l’ancienne route à peine visible vu du ciel, en discutant avec son équipage du chemin qu’ils avaient parcouru jusqu’à présent, il leur parlait de ses jeunes années, de sa vie en tant que pilote d’astronef de transport, puis de l’entreprise qu’il avait monté à l’aide de son vieux partenaire, qu’il n’aurait jamais cru qu’un jour il puisse quitter les frontières, et il les remercia pour lui avoir proposé cette aventure folle. Peu de temps avant qu’ils n’atteignent le pied de la montagne un incroyable rugissement se fit entendre, et peu de temps après un oiseau semblable à un gigantesque aigle apparu, et plongeât en piquet vers l’astronef. En réponse les canonniers tirèrent des sur le prédateur, sans réussir à l’atteindre, et l’animal frappa l’engin de plein fouet, entrainant dans une chute certaine l’équipage. Le vieil homme fit tout son possible pour adoucir la chute, tandis que les autres se préparaient au choc. Une fois l’aéronef au sol, les canonniers reprirent les salves contre l’imposant oiseau, qu’ils finirent par avoir au prix des dernières réserves d’énergie des pierres d’Anam.
L’équipage était au sol, le vaisseau ne bougera plus, mais il restait encore les scooters aériens et les quelques appareils de cartographie qui étaient encore utilisables, et les scientifiques se dépêchèrent d’extraire les données pour les transporter d’eux même. Malheureusement il n’y avait pas de place pour tout le monde pour le retour, ils étaient cinq et n’y avait que quatre scooters, alors le capitaine leur dit de les prendre et de le laisser ici, leur rappelant que ce voyage était leur dernier à lui et son appareil. Gênés, les autres ne se sentaient pas d’abandonner le vieil homme, mais il les persuada, leur demandant de revenir le chercher s’ils ne souhaitaient pas le voir rester au milieu de nulle part, et ils finirent par partir en leur promettant de se dépêcher. Le capitaine les regardait partir en s’assaillant près de la carcasse de son aéronef, et une fois qu’il ne put plus les voir, il se redressa, pris une barre s’étant détachée de la carcasse et demanda une fois de plus à son navire de le guider jusque dans les montagnes, et d’aller jusqu’au sommet. Accompagné par son plus ancien accolyte, il reprit le chemin qu’il suivait, et disparut derrière la bute d’un pas lent.
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