L'arbre
Kartokth essayait de trouver un ruban assez solide mais assez adroit, et agile. Des feuilles d'Amarantes? Non. Trop petites, sûrement. Il fouillait, fouillait, partout dans la forêt. Sans relâche. Il était maintenant tout défraîchi, diamètralement usé. Il avait donc passé, en gros, deux heures sans cesse, avec Gultrain, de fouiller, et de chercher partout dans les vieux arbres passant de générations d'arbres en génération d'arbres. Tous des baliveaux de toute beautée. Et Kartokth en avait, de la chance, de vivre pour ces instants, dans cette forêt de rêve. En marchant, il passa sa main sur les poils de dos de Gultrain. En réponse, il grogna doucement et le regarda d'un air insoucient, triste, blessé. Il boitait. La jambe de Gultrain, brûlait de plus en plus, plus profondément que jamais. À certains moments de la fouille, Kartokth entendait ses sanglots, ses grognements. Kartokth se sentait maintenant tellement lâche. Tellement abandonné. Il avait quitté sa famille, ses amis, et même que, tout ça, pour un roi arrogant de badin gracioso. Il se gratta les cheveux. Ses cheveux étaient maintenant tous crasseuz, remplis de puces, de poux, et de vieilles feuilles, à moitié mortes. Il regrettait tellement d'avoir abandonné sa famille, sa vie. Il regarda donc Gultrain, qui boitait toujours, de plus en plus. Kartokth avait l'impression de pleurer. Son coeur battait de plus en plus fort. Mais il avançait toujours machinalement, fouillait toujours machinalement, vivait toujours machinalement.
-On va trouver Gultrain, je te le promets.
Ils avançaient encore et encore, presque sans cesse. Kartokth s'était arrêté devant un abricotier. Étrange, il ne devrait pas en avoir dans cette région de l'ouest...Kartokth regarde l'abricotier. Peut-être ils pourraient s'arrêter un peu pour dévorer l'un de ces magnifique fruits? Oui. Il avait trouvé sa décision, tout au fond de lui.
-Gultrain, tu veux qu'on s'asseois ici et qu'on dévore quelques-unes de ces alberges orangés?
Gultrain émétta une petite et douce jérémiade.
-C'est une entente. On se mets-là, réponds Kartokth.
Kartokth ne trouvait nulle part où s'asseoir. Il fouilla, autour de l'arbre, dans la clairière de forêt, mais rien. Aucune roche, aucun endroit douillet, non, rien. Ah non? Bon? Un gros rochers assez grand se trouvait juste derrière lui, juste assez grand pour les deux.
Il retrouva le sourire. Il passa sa main sur ses cheveux bruns-foncés et les gratta. Il regarda ses bottes. Pas vraiment en bon état. Toutes vertes, bourrées de moisissure, même presques oranges, et toutes crasseuses, avec ça. Il allait vomir. Ses pieds, un peu poilus, étaient sur un duvet de crasse, de vieux bâtons mouillés, de peau morte, de poils (De Gultrain, sûrement), et le tout couronné d'un apétissante toile d'araignée. Sa vie était ruinée.
Et ce n'était pas que ses bottes qui étaient ruinées. C'était ses vêtement, aussi!! Tous déchirés, remplits de sang (Pas le sien), et des vers lui dévoraient ses mailles de vêtements. Sa peau, sur son front, avait moisie avec le temps et son crâne s'était décomposé, peu à peu. Il avait donc des vieux cheveux partout sur lui. Et il continuait toujours d'avoir son affection pour Gultrain et pour la nature. Un dur a cuir, selui-là.
Il prena alors deux abricots qu'il pouvait atteindre de l'arbre magnifiquement jeune. Il en passa un a Gultrain, qui sauta dessus pour le dévorer. Il mit ses deux pattes en sang sur le fruit, et gratta, dévora, et oublia tout ses problèmes. En un seul coup. Comme ça, pouf. Kartokth, lui, par contre, se sentait coupable de tout. De tout. Je dit bien, de tout. Il prit alors une grande bouchée d'ans l'abricot. Le jus éclata dans son visage. Il continuait à manger, machinalement, sans cesse. Il n'avait point du tout le sourire, ce jour là.
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