Assise confortablement dans mon vieux fauteuil rouge, taché par les années, j'écris. Je visualise chaque endroit décrit en une fraction de seconde comme si j'y étais. Je me surprends alors à m'évader à travers mes propres récits avant même qu'ils soient écrits.

Des forêts, des champs, des chemins de terre, des plages, le soleil sur ma peau, la chaleur, la neige, le bonnet, le nez rouge de frissons. J'imagine chaque univers comme si tout n'était qu'imagination.

Alors le mal de dos me ramène à la réalité. L'odeur de ma bougie, les feuilles sur le bureau, les vêtements sur le fauteuil, fauteuil victime du temps.

Le soir en me couchant, je ferme doucement mes yeux, me glissant au fond de mon lit, sous ma couette, le chauffage à mes pieds. Je ressens ce confort, ce bien être absolu. Se retourner dans son lit et apprécier chaque mouvement.

L'ordinateur portable à mes côtés sur le lit me permet de ne pas me lever tout en rédigeant mes plus beaux voyages. Je me sens comme sur un nuage, alors je me vois sur un nuage, enveloppé de sa texture, de sa tendresse.

Après avoir attentivement imaginé mes écrits, je reprends conscience de cette réalité. Je reprend un quotidien lassant, sur mon fauteuil à lire les écrits d'autres. Mais jamais je n'aurais pu imaginer à quel point j'aimais cet environnement. Le fauteuil, le bureau, le lit et j'en passe. Ils m'avaient transporté dans tant d'univers différents que désormais je compris que le meilleur endroit pour écrire n'était pas dans mes aventures, mais là ou mon esprit puisait toute cette imagination. C'était sur ce fauteuil, entouré de mon quotidien, de mes envies, mes tracas, et de toutes les choses qui me sont arrivées. Mes écrits proviennent de mon imagination, mais ils reflètent ce que mon âme ressent : aussi légère qu'un courant d'air.