Celui Qui S'élevait en chutant
Je suis la roue dont la vélocité atteint des sommets. Une fois arrivé, ne croyez-pas qu'un quelconque bonheur m'attende... Non... Seulement la lumière clair-obscur traversant les volets. Alors je m'observe m'enfermer, jours après jours, pluies après pluies, victoire après défaites, je m'observe m'enfoncer plus loin dans mes abîmes.
Le plus drôle c'est que le handicap me dégoûte, la faiblesse me rend nauséeux. Je suis chanceux que la surdouance ne soit pas considéré comme un handicap !
Les rayons lumineux semblent brûler ma peau sensible. Cette sensibilité est l'arme de ma montée descendante.
Voyez-vous, plus loin, veut dire trop loin. Il existe ainsi ce constant décalage entre les perceptions d'autrui, puis les miennes. Figurez-vous que chaque regard en coin, chaque lèvre qui se crispe, ait le pouvoir d'abattre votre forteresse, de brûler le pont poussiéreux, de massacrer chaque cellule d'estime de soi qu'il vous reste jusqu'à ce que commence la fin.
Alors vous ressentez, plus, trop plus, beaucoup trop... Puis vous observez ce boulet à vos pieds. En un geste impulsif, vous coupez le lien qui vous uni. Puis vous n'entendez plus que le son du silence, ne ressentez plus que cette constante absence de tout. Votre décalage, votre "supériorité" comme ils disent, votre "génie", n'est pas votre qualité.
Ainsi, vous dépensez des dizaines d'euros chez différents vieux monsieurs blancs et riches qui s'auto-proclament "psychologues" parce qu'il vous irait bien de finalement déposer ce rocher au regard inquisiteur. Vous finissez par abandonner. Des essaims de questions vous lacèrent lentement les côtes puis vous digèrent jusqu'à la complète inexistance de votre être, jusqu'à ce que des chaînes se forment autour de vos ailes atrophiées, jusqu'à ce que votre masque social vous étouffe.
Lorsque vous levez la main, attendant certainement qu'on vous ramène vers la côte, vous finissez par ne plus croire en vous, vos capacités, vos pouvoirs, vos talents, plus rien ne compte mis à part votre dépression. Sans personne sur qui compter, à qui partager de profondes pensées et sentiments, vous sentez le constant regard qui pèse sur vous, cette jalousie comme cette peur.
Alors vous attendez la mort, rentabilisant tant bien que mal votre temps, apprenant mille languages, croyances et sciences. Parce que vous savez la suite logique à tout ça, vous savez que rien de ce que vous faites ne compte, alors vous décidez de le faire compter.
De fait, l'on vous prête des qualités que vous ne pensez pas avoir. Cela vient du message paradoxal qui vous est adressé : Tu es faible. Tu es fort mais tu ne te sers pas de ces capacités. Ce besoin de créativité, d'originalité, devient votre plus grande force. Lorsque le doux Soleil vient enlasser votre joue, cette beauté vous innonde. Alors vous créez. Pour chaque moment de solitude, vous jouez, écrivez, chantez, dessinez... Votre vengeance s'exécutera lorsque vous observerez les autres dans votre tour... Vous choisissez d'être vous, sans vous réprimer, sans vous tuer pour paraître, vous choisissez la vie.
Vous êtes surdoué.
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