Chapitre 1 - La traque des elfes

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« Avance plus vite, Chlamydia !

— Je m'en efforce, Syphilis ! »

Noire était la nuit funeste qui illuminait la forêt de mille éclairs obscurs. Et tétanisés étaient les deux elfes sylvains, totalement terrorifiés par les ombres sinistres qui s'étendaient devant eux, et qu'ils fuyaient depuis des heures, le souffle coupé d'avoir couru des jours durant.

Syphilis sortit des flèches et tourna son regard vers les sous-bois obscurs. Il tira sur le premier de leurs poursuivants, l’atteignant en plein milieu de son hideuse panse à l'haleine fétide. Les deux autres, couards comme des lâches, prirent leurs jambes à leur cou en moins de temps qu'il n'en faut pour dire ouf.

Mais déjà en venaient cinquante autres, montés sur de hideuses créatures, mi-loups, mi-chacals, mi-tigres, hybridations impensables qui les cernaient de tous côtés en suintant une bave verdâtre tant leur appétit était grand. Ainsi nous nous apprêtons à mourir, songea Syphilis, prêt à tout pour défendre sa peau. Alors que notre histoire vient à peine de commencer. Quelle ironie !

Soudain épris d'une brusque rage, il décapita l'un des pleutres, puis bondit sur son corps s'effondrant pour se projeter ensuite sur le suivant et le tuer d'un terrible coup d'épée. Après quoi, il s'agrippa à une branche d'arbre, se balança, et enfonça son pied dans le ventre du cavalier suivant, pour se réceptionner dans une posture qui fit virevolter ses magnifiques cheveux blonds. Un orc s'écroula alors qu'il se relevait : il avait réussi à tirer une flèche entre ses deux derniers exploits !

Les orcs se tinrent cois, et leur chef décéda brusquement d'une attaque cardiaque devant tant de prestige. Les autres prirent la fuite et tirèrent leurs maigres cheveux en poussant des hurlements paniqués.

« Viens, Chlamydia, dit Syphilis en lui tendant un bras salvateur. Tout ceci n'était guère qu'un mauvais cauchemar. »

Un mauvais cauchemar…, songea Chlamydia en silence. Mais tout n'était donc-t-il pas un mauvais cauchemar depuis qu'ils avaient quitté deux jours plus tôt la capitale elfique ? Vides en effet étaient leurs sveltes ventres, ternes leurs yeux d'un bleu étourdissant, et - pire que le pire des supplices - était emmêlée sa superbe chevelure.

Les deux elfes étaient tristes, tristes d'avoir dû quitter leur natale contrée, tristes d'avoir subi une injustice innommable, tristes enfin d'avoir abandonné ceux qu'ils aimaient plus que tout, Gonokok leur laveur de pieds, Jaquille et Myshell leurs cuisiniers privés, et surtout leurs poneys magiques à la chevelure arc-en-ciel !

« Tout est vain, sanglota-t-elle. À quoi bon continuer ? Le fourbe Sidhe Veyyash nous aura tôt ou tard !

— Il le faut pourtant, se désola Syphilis. Car c'est ainsi.

— Nous ne sommes pas venus ici pour souffrir !

— Non, Chlamydia. Nous sommes venus ici par exil, mais dans cet exil nous connaîtrons la victoire.

— Mais Syphilis… Comment cela est-ce-t-il possible ?

— Parce que nous sommes les elfes, et que les elfes gagnent toujours. »

À cela, elle ne put répondre que par un baiser.

Et ainsi, dans la forêt obscure et hantée, coupée de tout secours et peuplée de créatures prêtes à tuer dès qu'elles entendaient le moindre son, de grands cris sensuels retentirent ; et, sur un buisson d’orties frictionnant leurs corps frêles, deux êtres purs s’unirent les narines pleines de poudre de pissenlit.

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