Chapitre 4 - Flashback
Clitorhys fulminait.
« Le royaume des elfes est perdu ! Pourquoi ne m'avez-vous rien dit ? Les orques vont nous envahir et ils ont Tenebror le nécromancien à leur tête !
— Ne vous inquiétez pas, ô ma reine, dit le vil Sidhe Veyyash. Je me charge de tout, faites-moi confiance.
— Avez-vous prévu une stratégie ?
— Quel besoin d'en faire une, ô ma reine ? Les elfes ne sont-ils pas les plus braves et les plus forts ?
— Il est vrai, mais si nous attaquons dans un défilé…
— Eh bien ils seront coincés et ne pourront pas fuir. C'est une position idéale !
— Vous avez sûrement raison. Mais s'ils nous font tomber des cailloux dessus ?
— Eh bien, nous les leur renverrons à coups de catapulte.
— Ah, heureusement que vous êtes là, mon bon Veyyash ! Que serait le royaume des elfes sans vous ?
— Ce n'est rien, ô ma reine. Avez-vous pris votre médicament spécial préparé par mes soins ?
— Si je puis me permettre, intervint Syphilis, je ne sais pas si vous avez bien fait de tripler la dose…
— Silence, Syphilis, dit la reine d'un ton plus froid que la plus froide dague elfique. Veyyash est extrêmement intelligent, puissant et redoutable au combat singulier. Pourquoi nous voudrait-il autre chose que du bien ? »
Syphilis se tint coi et se dit qu'elle avait sûrement raison. Il décida d'aller voir Gonokok afin de prendre de ses nouvelles, mais ce fut la marquise de Licornie qui vint à sa rencontre.
« Ah, très cher, lui dit-elle. Voilà longtemps que je désirais une entrevue avec vous. Suivez-moi dans mes appartements, vous voulez bien ? »
Syphilis opina galamment du chef.
« Ma dame, vous m'en voyez ravi ! Quand bien même je ne vois vraiment pas ce que vous me voulez et que je ne vous connais que de nom.
— Nous avons tout notre temps devant nous pour nous découvrir, dit-elle en rajustant son chapeau rose assorti avec son boa. Désirez-vous un cigare pour accompagner votre thé au jasmin ?
— Avec joie, ma chère, accepta Syphilis alors qu'ils entraient dans sa chambre où jouaient deux musiciens d’Orientie. Oh, quel immense lit !
— Ce sont mes esclaves personnels qui ont fait toutes les fanfreluches. Je les ai moi-même fouettés - aoutch ! Désirez-vous une poudre rouge dans votre vin, ou une poudre bleue ?
— Ma foi, mettons les deux. Mais pourquoi diable fait-il si chaud ?
— Nous sommes juste au-dessus du sauna royal. Cela donne envie de se déshabiller, n'est-ce pas ? »
La marquise dénoua un cordon, et se retrouva d'un coup en petite culotte de dentelle rose. Syphilis haussa un sourcil : se pouvait-il que la marquise essayât de le séduire ?
« Allons, ne faites pas votre grand timide, et réveillez la bête qui sommeille en vous, dit en déployant ses jambes cette féroce féline.
— Non ! Je ne puis point ! Je n'ai qu'un seul amour, c'est ma Chlamydia !
— Vous ne comprenez pas ! s’écria-t-elle, peinée. J'ai eu une enfance malheureuse… Et depuis je comble mon absence de relations parentales en tissant des liaisons amoureuses avec tout le monde ! (Elle s'effondra en pleurant.) Vous ignorez combien cela m'est terrible…
— Allons, ne pleurez pas ! Je saurais vous rendre heureuse…
— Vraiment ? »
Alors ils s'embrassèrent sous le soleil couchant, et leurs corps ne firent qu'un.
Syphilis s’élança tel un fier taureau mugissant, mais la marquise l’évita avec la grâce d'une biche. Elle se pendit au baldaquin, se contorsionnant sous le regard hypnotisé de son partenaire par ses globes imposants. Puis tout ne fut que draps volant dans les airs, léchages de chevelures et morsures au postérieur. Enfin vint le moment où Syphilis se mit debout, frappant de ses grandes pognes sa virile poitrine et dressant son épée entourée de velours. Ils étaient sur le point de jouir quand soudain retentit dans le couloir un hurlement monstrueux.
C'était Jaquille, courant dans tous les sens en se tirant les cheveux.
« Ô horreur ! Ô atrocité ! Quel bien grand malheur s'est donc abattu sur nous !
— Qu’est-ce qui se passe-t-il ? s'exclama Syphilis en se précipitant hors de la chambre.
— Qoloskopys, notre Grand Mage en chef… a été assassiné !
— Non ! Je ne puis point le croire ! cria Clitorhys qui arrivait, le Sidhe Veyyash sur ses talons.
— C'est incroyable ! clama celui-ci en tentant de dissimuler un couteau de cuisine ensanglanté.
— Incroyable mais vrai ! affirma Myshell le visage endeuillé. Nous nous devons d'ouvrir une enquête !
— Seulement voilà…, dit la reine. Qui cela peut bien-t-il être ?
— Inutile de faire une enquête, annonça le perfide Veyyash en pointant Syphilis d'un doigt accusateur… Car c'est forcément lui le coupable !
— Quoi ?! Ignominie que tout cela ! C'est un complot !
— Vous êtes nu ! Vous avez dû dissimuler quelque part vos habits tachés de sang !
— Cela est impossible ! gémit Chlamydia qui arrivait à son tour dans le même couloir de l'immense palais. Il est innocent !
— C'est forcément une complice ! déclara le sournois Veyyash.
— C'est faux ! répliqua Gonokok qui apparut à son tour.
— Silence ! cria la reine. Chlamydia et Syphilis, je devrais vous condamner à mort, mais les elfes sont magnanimes ! Aussi je vous exile… (Elle petit une grande inspiration, consciente de la terribleté de ce qu'elle allait dire.) Et je vous retire vous poneys magiques !
— Non ! s'exclamèrent en choeur Chlamydia et Syphilis. Par pitié !
— Silence ! Ou je laisse le Sidhe Veyyash, dans sa grande sagesse, décider de votre sort ! »
Las ! Cruels sont les dieux qui abandonnèrent le monde il y a fort longtemps, et une heure plus tard, Chlamydia et Syphilis franchissaient les funestes grilles du palais elfique.
« Oh, Syphilis, comment vivrons-nous, désormais ?
— D'eau fraîche et d'air pur, ma Chlamydia chérie ! Nous trouverons bien comment nous débrouiller, vivrons notre bohème quand bien même nous ne connaissons rien au-delà de notre quartier, et qui sait ? Peut-être un jour nous pardonnera-t-on !
— Las ! Syphilis, te voilà bien insouciant… Mais si tu savais la vérité…
— Quelle vérité ?
— Je n'ai point osé te le révéler plus tôt… Mais ce qui nous arrive est entièrement de ma faute ! »
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