Séshat est venue me voir hier. Séshat, c'est une ancienne déesse qui a été rétrogradée lors de la grande réorg. Depuis quelque temps, elle s'occupe du département Paradis-Des-Chats, c'est pour cela qu'entre nous, on l'appelle Sachatte. Je n'en suis pas sûr mais je pense qu'elle n'aime pas trop ce surnom.

Pourquoi un Paradis des chats? Un jour, "Il" s'est dit "Tiens, comment va le monde ?" et là, panique. "M'enfin, ce sont les chats qui sont les maitres du monde, pas les humains. Que s'est-il passé ?". On a répondu: "Il y a eu une petite erreur, on a donné internet trop tôt, les humains ne savaient pas quoi en faire alors les chats ont pris le dessus". "Il" ne fut pas content. La décadence de l'humanité au profit des chats n'était pas prévue, mais un milliard de vues pour voir un minou se lécher le fion tout en faisant miaou-miaou a joué en leur faveur. Bien joué les chats. Comme il était hors de question qu'une espèce supérieure aille au même Paradis que des animaux, on a ouvert une succursale pour chats et Sachatte a eu le poste.

A la base, Sachatte s'occupait des maths et de l'écriture. Jouir devant des intégrales, faut qu'on m'explique.

Des dires d'un de ses ex, les nuitées sont du même acabit. "Tu aimes ma paire ? Oh non, ne m'intègre pas. Oh oui, vas-y émoustille-moi le vinculum". Faut aimer le genre et vu le nombre de relations officielles/officieuses qui circulent sur son compte, Sachatte porte bien son surnom. Elle est même sortie avec le fils du patron, Jésus. Cela n'a pas duré longtemps mais elle ne fut pas virée comme toutes les autres. De là à y voir un lien de cause à effet ?

Elle est venue me demander un service. Elle voulait que je m'occupe de ses âmes pendant qu'elle allait à un diner. La troisième guerre mondiale n'était pas prévue pour tout de suite et la période était assez calme, j'ai donc dit oui. J'avoue avoir beaucoup de difficulté à lui dire non, putain de FriendZone. Donc ni une ni deux, on a redirigé le flux des âmes-chats pour qu'elles arrivent à mon guichet. J'ai ainsi maintenant dans mon dos deux portes pour le Paradis et deux escaliers pour l'Enfer. Logistique faite, tout est prêt pour accueillir ces félins. Tout, à un détail près : je ne parle pas chat.

— MIAOU MIAMIAOUAO MIAOUA

— Non pas cette porte-là, vous n'avez pas assez de points.

— o_O, MIAOU...

— Vous, vous devez prendre l'escalier.

— MIAOUUUUUUUU

C'est le quatrième et je suis déjà épuisé. Changement de tactique, une croquette dans la cage d'escalier si la bestiole doit aller en Enfer sinon, petit tas devant la chatière du Paradis, mais comme pour les humains, il n'y en a pas tant que ça. J'ai passé le temps assis sur ma chaise et les pieds sur le bureau à regarder ces matous se jeter dans l'antre béant de l'escalier. Je m'amuse même avec eux, je compte le nombre de rebonds que fait la croquette avant qu'elle ne soit rattrapée.

— 36 % Allez, va chercher.

— Miaou.

poc, poc, poc, poc, poc.

— 20 % houlà, tu as été un mauvais minou.

— Miiaaaaaoooouuuuu.

poc, poc, poc, poc.

— 39 % oh, il a pas été gentil à sa mèmère la bouboule de poils.

— Pardon ?

poc, poc, poc, poc

— Euh pardon, je pensais que vous étiez un chat.

— Non je suis mort. Où dois-je aller ?

— Heu, il faut prendre l'escalier de droite.

— D'accord.

(Silence)

— Vous attendez quelque chose ? demandai-je.

— Vous ne m'envoyez rien que je doive suivre ?

— Ben non... o_O.

— Ah ok. Au revoir.

C'était quoi ça ? Bon, elle le termine son diner, l'autre ?