Le magicien
— Rassurez-moi, le reste arrive ?
— Que voulez-vous dire ?
— Vous n'êtes qu'une tête, où est le corps ?
— J'en sais rien. Où suis-je ?
— Vous êtes mort.
— Quoi mais comment est-ce arrivé ? Qu'ai-je fait pour mériter cela ?
— Je ne sais pas. Que faisiez-vous sur terre ?
— J'étais magicien. J'étais en train de donner un spectacle.
— Magicien vous dites, en spectacle ? Je pense savoir ce qui vous êtes arrivé. Vous faisiez le tour de "l'entre-deux" ?
— Oui, vous connaissez le tour ?
— Vous êtes attaché dans une caisse horizontale sur une table, un sac sur la tête, seuls les pieds et votre tête recouverte sont visibles. Une faux se balançant de gauche à droite au-dessus de votre ventre ?
— Oui, c'est exact mais vous savez ce qui s'est réellement passé ?
— Vous vouliez tuer votre femme avec la faux durant ce tour. Votre femme, qui est aussi votre assistante et qui a le bonheur de vous tromper avec votre meilleur ami.
— Heu... oouuii, enfin ça, c'est pas obligé d'être dit. Comment savez-vous cela ?
— Vous aviez défait les boulons pour que la lame lâche au moment où votre femme passait en dessous au début du tour. Pas de bol, le boulon a tenu.
— Non mais c'est bon, je sais ce que j'ai fait, pas la peine de me le rappeler. Comment avez-vous appris cela ?
— Vous, pensant que le tour allait s'arrêter, vous n'avez pas jugé bon de vous détacher. Dommage que vous ne voyiez rien avec la cagoule.
— Oh taisez-vous à la fin, c'est agaçant ou alors dites-moi comment vous savez cela ?
— Simple, votre femme, s'inquiétant de ne pas vous voir bouger pour vous défaire, est venue regarder de plus près. Le boulon a lâché et vous a coupés tous les deux. Elle est passée il y a peu et m'a tout raconté.
— Ah, elle sait tout. Elle est où là ?
— En bas, en Enfer. Elle vous y attend.
— (estomaqué), non mais vous ne pouvez pas me mettre au même endroit qu'elle, elle me tuera.
— (-_-), J'ai un doute qu'elle y arrive...une seconde fois.
— Elle en serait capable. Laissez-moi aller au Paradis, je suis sûr que vous n'avez pas encore de magicien.
— Non, on n'a pas de magicien mais d'un autre côté, on n'en pas besoin.
— Mais si, je vais vous montrer. Il me faut un paquet de cartes.
— Je n'ai pas de cartes.
— Des petites balles ?
— Non plus.
— Mais vous avez quoi ?
— Sur moi, je n'ai qu'une toge et une fausse barbe.
— Cela va être dur pour moi de vous montrer que je suis utile au Paradis.
— Puisque je vous dis qu'on n'a pas besoin de magicien au Paradis.
— Comment faites-vous pour vous divertir alors ?
— Moi, je vais au bar du coin. Pour ceux qui sont derrière la grande porte, ils ne sont pas là pour se divertir, ils sont là pour l'éternité.
— Bon je me résigne à subir mon sort mais si elle me tue, je vous tiendrai pour responsable.
— ...
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