Un plan à trois
Mon bureau d'accueil est un baisodrome. Il y moi, Sachatte et Lucifer. Tout deux rigolant, heureux, érectant le bonheur tel le foutre d'un éjaculateur précoce sur le visage d'une prostituée blasée. Bon ok, j'exagère un peu mais merde, il aurait pu m'en parler. En plus, ils répondent mal aux clients. Sachatte se met à miauler aux humains. Lucifer, mort de rire, montre des flammes et annonce la couleur, le pauvre mort ne sait plus où se mettre. Ce n'est pas comme cela qu'on travaille, il faut voir le poids des actes, expliquer, consoler, etc. Ils n'ont aucune conscience professionnelle. Il y a des règles, il faut les respecter. Bon ok, il fait 12 %, il n'a rien fait de sa vie, il doit aller en Enfer mais au moins la procédure est respectée. Et non Lucifer, ne lui fais pas un signe de la main en lui disant "à tout de suite mon coeur". Putain, je n'suis pas aidé.
Les heures passent, le bonheur trépasse. Enfin trépasse, se transfère je dirais et en sens unique allant de moi à eux. Je me vide tel un boulimique s'anorexisant. Merde, faites cela autre part. Accueillir quelqu'un en lui montrant le cul d'une chatte à califourchon sur Lucifer, qui lui, en retour, lui caresse le dos avec, outre ses deux mains sabotées, sa longue queue fourchue faisant des hauts et bas dans le creux de la colonne vertébrale et provoquant ainsi des cris de frissons à la belle, ce n'est pas ce que j'appelle un bon accueil. Et en plus, quand Lucifer est en chaleur, il brûle... et des poils de chats brûlés, quelle horreur d'odeur.
Vous pourriez aller faire cela autre part, non ? Attendre la nuit. Ah non, on a renvoyé Jour et Nuit le jour où on a engagé Eternité. Quelle idée à la con aussi celle-la.
"Et sinon, toi tout va bien en ce moment ? ", me demande Lucifer durant une pause fugace. Il se fout de ma gueule ? J'ai l'impression d'être le scripteur d'un film pornographique où les acteurs seraient en train de répéter une scène juste à côté de moi et il me demande si cela va. " Oui, ça va et toi ?". Ah, trop tard pour avoir une réponse, le cours de spéléologie linguale a déjà repris et évidemment maintenant, il n'y a plus personne qui meurt. Allez merde, que des gens meurent, j'ai besoin de travail. Pourquoi il n'y a jamais de mort quand j'en ai besoin ? L'humanité a donc décidé de me faire chier. Un mort, un petit mort, juste un seul...SVP.... Oh zut, je vais ranger mon bureau.
Premier tiroir, vide. Deuxième tiroir, vide. Troisième tiroir, vide... Mais pourquoi j'ai un bureau moi ? Quatrième tiroir, un énorme bouquin avec écrit dessus "Âme2000: manuel d'utilisation."
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