La place du pauvre
Ventre vide, mangeur de rien,
c'est le mendiant de grand chemin.
Qui parcourt l'air de rien,
une route maigre sans fin.
Maigre de main tendues, de paroles pieuses, de regards saints.
Mais à quoi bon se fustiger pour un vaurien.
La liberté prend dans son œil,
l'aspect des os blanchis, par le soleil et par la brise.
Un long calvaire de chausses usées, de regards vides,
comme poissons sur l'étalage.
Point de tables auxquelles s'asseoir,
Point d'épaules sur lesquelles choir.
Il avance, il trébuche, il s'écroule,
La route descend en flèche
Mais il ne sait pas bien où aller.
Il se perd sur les long bras,
De cette pieuvre titanesque.
Celle qui serre son estomac,
À l'appétit gargantuesque.
Toi, qui dévore à faim de loup,
Le bel agneau qu'un autre élève.
Élève ta voix au dessus de celle
De ton redoutable estomac.
Car ce tyran te rend avare,
De vieille ferraille, de terres conquises
Et prive ton autre de son bon droit,
Celui de ne plus être un pariat.
Cette morale n'est pas complexe
Pour qui veut devenir un être humain.
Ouvre les portes de ton domaine,
Tu ne vole pas si tu n'as rien.
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