Chapitre 14
Centre pénitentiaire de Sqenia (Sous contrôle Efdéème), Dalkia, Utopia, 4 juillet 1990, 21h30
Hal avait réfléchi tout l'après-midi. Il en était arrivé à la conclusion suivante : il n'était pas dans le bon camp. Même s'il n'était là que pour un temps, il devait faire quelque chose. Si le Efdéème s'en sortait, il parviendrait sans doute à régner sur ce monde dans quelques années ou quelques décennies tout au plus. Et une fois qu'il aurait conquis tout Utopia, rien ne l'empêcherait d'avoir des ambitions sur le monde voisin : Exotis, sa planète.
Pour Hal, Exotis n'était pas prête. La technologie militaire y était un cran en dessous. Certes les troupes exotiennes semblaient similaires aux troupes efdéèmes. Mais sur Exotis, il n'y avait pas de méchas, ni de vaisseaux spatiaux. C'est précisément dans l'espace que l'avantage des armées les plus évoluées d'Utopia était le plus net. Exotis ne disposait pas de flotte spatiale de combat. Au sol cependant, la différence n'était pas si énorme.
Hal mit presque six heures pour se décider à retourner voir Olympe, placée à l'isolement comme l'avait voulu l'empereur Emilien avant de repartir pour le Efdéème.
Un soldat de la Force Ecarlate montait la garde à l'entrée de la pièce. Celle-ci était sombre, comme le reste du centre d'ailleurs. Hal réussit à y entrer sans problème et referma la porte. Le capitaine Neg l'avait autorisé à faire "comme chez lui". En entrant, il fut surpris de voir qu'Olympe ne dormait pas et se tenait assise au sol. Elle se désespérait de la situation.
— Tu crois vraiment que tu serais capable de prendre le contrôle de cette fameuse tour REGIS dont ton ami a parlé tout à l'heure ? lui demanda-t-il.
— Qu'est-ce que ça peut faire ? Je suis prisonnière maintenant.
— On s'en fiche de ça, je te demande si oui ou non, toi et tes amis seriez capables d'atteindre la tour REGIS si je vous sortais de là.
Olympe se leva et se rapprocha des barreaux qui la séparaient de Hal. Elle pensa un instant qu'il s'agissait d'un stratégème de ses ravisseurs, pour découvrir comment leurs adversaires comptaient s'emparer de la tour. Mais le regard de l'exotien n'était pas celui de quelqu'un qui venait soutirer des informations. Mais bien celui de quelqu'un qui cherchait à rattraper une erreur.
— Tu as enfin réalisé que le Efdéème n'était pas ce qu'il t'avait fait croire ?
— C'est un peu ça oui. Bon alors, tu serais capable de prendre le contrôle de la tour REGIS oui ou non ? redemanda Hal nerveux.
— Oui c'est possible, mais tu oublies une chose. Nous ne sommes pas armés, contrairement aux gardes.
— Les gardes j'en fais mon affaire.
— Ah vraiment ? Et comment comptes-tu...
Olympe s'interrompit en observant les barreaux de sa cellule se tordre, lui laissant suffisamment d'espace pour s'échapper. Le garde, intrigué par le bruit, entra dans la pièce. Hal l'étrangla par la pensée.
— Tu es un Paranormal ?! dit Olympe en sortant de la cellule, étonnée.
— Eux ne le savent pas, lui répondit Hal. Maintenant suis moi, on va sortir tes amis d'ici.
Olympe ramassa le fusil sur le cadavre et suivit Hal jusqu'à la cellule où étaient retenus son frère, Jason, Elena et Dwayne. En chemin, ils éliminèrent quelques gardes. Toutefois, l'un d'entre eux eut le temps de déclencher l'alarme.
— Vite ! On n'a plus beaucoup de temps ! cria Hal.
Ils entrèrent dans la pièce dans laquelle se trouvait la cellule. La sonnerie avait réveillé tout le groupe.
— Olympe ?! s'étonna Zack. Mais comment as-tu...
— C'est grâce à lui, dit-elle en désignant Hal. On va sortir de là.
— Quoi ?! Mais depuis quand il est avec nous lui ?! ajouta Zack.
— On en discutera plus tard. Pour l'instant on vous libère et on va chercher Jack, ajouta Olympe.
Une fois la cellule ouverte, les résistants ramassèrent les armes sur les dépouilles des gardes. Ils en auraient besoin pour espérer sortir du complexe. Ensuite, ils s'enfonceraient probablement dans les bois le temps de semer les troupes efdéèmes. Mais après ? Arriveraient-ils à prendre le contrôle de la tour REGIS comme le prétendait Olympe ? De plus, ils n'avaient aucune idée de l'endroit où s'était établi le nouveau QG de la Résistance. I Ils n'avaient ni refuge ni alliés connus.
— Maintenant, allons chercher Jack ! dit Olympe.
— Il est trois étages plus haut, suivez-moi ! répondit Hal.
***
L'alarme réveilla Neg. Il eut à peine le temps de se lever du lit sur lequel il dormait que le major Dex tambourinait déjà à la porte.
— Capitaine ! Capitaine !
Neg ouvrit la porte.
— Qu'est-ce qu'il se passe encore ?!
— Les résistants ! Ils s'évadent !
— Quoi ?! Bloquez toutes les issues !
— C'est déjà fait capitaine.
Trois commandos de la Force Ecarlate arrivèrent vers eux.
— Monsieur, on doit vous évacuer, dit l'un d'entre eux s'adressant au capitaine Neg.
— Hors de question soldat ! Donnez-moi une arme !
Le commando de la force Écarlate sortit un pistolet et le tendit au capitaine.
— Qu'est-ce que vous comptez faire capitaine ? demanda Dex.
— Me battre... Major. Vous oubliez qu'autrefois j'étais dans la Force Écarlate. Je compte bien empêcher ces foutus résistants de fuir.
***
Jack entendait l'alarme, mais la drogue qu'on lui avait administrée l'empêchait d'utiliser ses pouvoirs. Il ne pouvait pas sortir. Pas sans l'aide de quelqu'un. Il entendit des coups de feu à l'extérieur de la pièce. Cela ne dura que quelques secondes au bout desquelles Olympe, Zack et Hal entrèrent dans la pièce pendant que les autres les couvraient. Hal ouvra la cellule via ses pouvoirs. Jack le fixa d'un air menaçant.
— Ça va, il est avec nous, le rassura Olympe.
— C'est bon, on peut filer maintenant ?! cria Dwayne. Ils ne vont plus tarder à arriver !
— Et comment on fait pour sortir d'ici ? demanda Jason. Si on descend par les escaliers, je suppose que l'on va devoir se coltiner un putain de comité d'accueil.
Puis il se tourna vers Zack.
— Normalement, c'est là que tu nous sors une idée à la con Zack !
Ce dernier réfléchit un moment et regarda autour de lui. Tous les gardes de l'étage avaient été éliminés mais dans quelques secondes, des dizaines d'autres surgiraient. Il aperçut au bout du couloir une vitre.
— Là ! La fenêtre ! dit-il en la pointant du doigt.
— Quoi ?! T'es sérieux ?! Je te rappelle qu'on est au quatrième étage mon pote ! annonça Dwayne.
— Oui mais eux... dit Zack en désignant Hal et Jack. Avec leurs pouvoirs télékinésiques, ils pourraient nous sortir de là.
— Jack n'est pas en état, ajouta Olympe.
— Non effectivement, mais je peux y arriver seul, ça peut le faire, dit Hal. Mais il faut faire vite.
Ils se dirigèrent alors vers la fenêtre. Zack brisa la vitre en tirant dessus.
— Écartez-vous ! dit Hal visiblement prêt à sauter.
— Mais t'es dingue ?! Tu ne vas quand même pas sauter ? lui répondit Jason.
Hal sauta et à la surprise de tous, atterrit en douceur. Hal possédait le pouvoir de la lévitation. Ce qui lui permit d'amortir sa chute.
— Sautez ! Un par un ! cria-t-il. Je vous rattraperai !
— J'adore ce type, dit Dwayne.
Elena sauta la première. Hal la rattrapa. Puis Dwayne, Olympe, Jack et Zack. Il ne restait plus que Jason. Au moment où il s'apprêtait à sauter, des soldats du Efdéème arrivèrent à l'autre bout du couloir. Ils lui tirèrent dessus sans parvenir à le toucher. Jason se retourna et tira quelques rafales abattant deux soldats avant de plonger à son tour dans le vide. À ce moment, une balle le toucha à l'épaule. Hal rattrapa alors Jason avant de le faire atterrir en douceur.
— Il a été touché, dit l'exotien.
— Ça va, la balle n'a fait que m'effleurer, répondit Jason.
— Bon, tant mieux, se rassura Zack. Et maintenant ? On fait quoi ?
— Par-là ! cria Olympe en pointant du doigt la forêt. Si on continue par-là, on atteindra la tour REGIS !
Les soldats efdéèmois arrivèrent au niveau de la fenêtre et se mirent à tirer sur les résistants sans les toucher.
Après quelques minutes de course, l'équipe réalisa que personne ne les suivait et que probablement, le Efdéème avait perdu leur trace. Il pouvaient donc ralentir leur rythme afin de récupérer.
Les résistants arrivèrent dans une prairie. L'herbe était haute, un calme profond régnait. Pas le moindre bruit, si ce n'est le vent qui soufflait très légèrement, à peine audible. Olympe avait l'impression que l'endroit avait été préservé de la guerre, de l'invasion. En fait, ça lui rappelait le temps où elle sortait de chez elle pour aller regarder les étoiles. Les astres commençaient d'ailleurs à se montrer. Il devait être aux alentours de vingt-deux heures trente. Elle appréciait cette sérénité.
Jack quant à lui, commençait à retrouver tous ses esprits. L'effet de l'anti-parapsychique s'était quasiment dissipé.
— Ça va ? lui demanda Olympe.
— Mieux que tout à l'heure. La drogue qu'ils m'ont injectée ne doit plus faire effet. Je sens que je peux réutiliser mes pouvoirs.
Olympe posa la main sur l'épaule de son ami.
— Tant mieux, on risque d'en avoir besoin.
De son côté, Hal avait un mauvais pressentiment. Il avait l'impression que quelqu'un les observait.
— Stop ! dit-il aux autres qui s'arrêtèrent net.
— Quoi ? Qu'est-ce qu'il y a ? demanda Zack.
— C'est trop calme.
— Il fait nuit, c'est normal qu'il n'y ait aucun bruit, cet endroit n'est pas le plus fréquenté qui soit... Même en pleine journée on n'entendrait pas grand chose de plus.
Cette explication ne convint pas à Hal qui était quasiment certain que quelqu'un était dans les parages. Il percevait leur présence. C'était l'un de ses nombreux dons. Et il ne se trompait pas. Des hommes armés surgirent des fourrées. Les résistants étaient encerclés.
— Ne bougez plus ! cria l'un des hommes. Posez vos armes !
— Oh, non pas encore... dit Zack. On ne peut pas manquer de bol à ce point-là...
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