Chapitre 22
Comme prévu, le Véerème envoya des hommes dans la forêt pour aider les résistants et les MOCH à retrouver d'éventuels survivants de l'attaque et à soigner les blessés.
Le capitaine Moriano était toujours vivant. Et c'est avec joie qu'il rencontra le général Timéli des forces Véerèmes. Le Véerème avait déjà établi sa stratégie et ensemble, ils échangèrent sur le meilleur moyen de reprendre le contrôle de la capitale.
Jack recherchait des survivants. Il y avait de nombreux morts mais aussi beaucoup de blessés. Il recherchait surtout Elena. Il l'avait perdue de vue lors de l'attaque de la frégate efdéème. Il craignait qu'elle n'y soit restée.
—Elena ?! criait Jack.
Il vit deux résistants en train d'en soigner un troisième.
—Excusez moi... Vous n'auriez pas vu une jeune femme blonde, d'une vingtaine d'années à peu près. Elle est ingénieure et...
—Elena ? Tu recherches Elena ?
—Oui c'est ça... Vous savez où elle est ?
—Non. Désolé.
Le deuxième fit un "non" de la tête.
—Et Merde ! s'énerva Jack qui refusait de se faire à l'idée qu'il venait peut-être de perdre quelqu'un qui comptait énormément pour lui... Peut-être même autant qu'Olympe... Ou peut-être pas. Il ne savait pas trop ce qu'il ressentait pour l'une comme pour l'autre, bien qu'elles étaient toutes les deux ses amies.
Lorsqu'il s'énerva, des objets se mirent à bouger autour de lui. Probablement sa force télékinésique. Il avait déjà remarqué que sous la colère, il ne se contrôlait pas.
—C'est lui... c'est le Paranormal... dit l'un des trois résistants. C'est lui qui à déplacé la parabole. Je ne pensais pas le voir un jour. C'est la première fois que j'en vois un.
Jack ignora ce que venait de dire le résistant. En tout cas, la nouvelle comme quoi il avait fait pivoter la parabole circulait vite... Quoi qu'il en soit, grâce à ce qu'il avait fait, il pouvait désormais voir des soldats Véerèmois patrouiller dans la forêt de Sqenia, comme lui, à la recherche de blessés.
C'était la première fois qu'il voyait des troupes Véerèmes. Ces soldats étaient assez impressionnants. Ils portaient un plastron et des épaulières vertes kaki, un casque militaire standard, semblable à celui des résistants et de l'ancienne armée régulière dalkienne, des genouillères et des grèves au niveau des tibias. Des pièces d'armure protégeaient également leurs bras. Sur leurs épaulières était représenté le drapeau du Véerème : un rond jaune avec deux têtes de flèche jaunes également, partant de la gauche et de la droite du rond. Le tout sur un fond bleu. Enfin, niveau armement, la majorité des hommes du Véerème étaient équipés du légendaire fusil d'assaut T60-A2, successeur du T60-A1, l'arme de prédilection des soldats Véerèmois durant la dernière guerre. D'autres, étaient équipés d'un nouveau fusil, le FAR V1. Ce dernier, beaucoup plus court que le T60 devait à terme le remplacer. Mais la route pour remplacer définitivement le T60 était encore longue. Ce dernier avait fait ses preuves alors que le FAR lui, était nouveau, de conception certes plus moderne mais provenant d'un autre fabricant. De plus, le "V1" signifiait sans doute l'arrivée future, d'autres versions.
Perdu dans ses pensées, Jack avançait en regardant le sol. Trop de choses inédites lui étaient arrivées ces derniers jours, même pour un Paranormal. D'abord il retrouvait son amie Olympe, puis il rencontrait Elena et puis... Ce rêve dans lequel était apparue cette jeune Elfe dont il ne connaissait rien... pas même le nom. Il ne savait même pas si ce qu'il avait vu était bien un songe, ou si ça s'était réellement passé, tant ça lui sembla réel. Il finit par bousculer un soldat véerémois sans le vouloir.
—Tu vas bien ? demanda le militaire.
—Oui, oui, ça va, excusez moi, je ne regardais pas où j'allais, c'est ma faute...
—Tu es sûr que ça va ?
—Oui... non en fait... Je recherche quelqu'un... Une jeune femme blonde d'une vingtaine d'années. Elle s'appelle Elena.
Le soldat le regarda un instant. Il voyait la détresse du garçon.
—Plusieurs blessés ont été conduits dans un campement improvisé à quelques dizaines de mètres d'ici. Elle y est peut-être...
—Merci. Merci beaucoup, répondit Jack avant de continuer son chemin, se doutant que le soldat devait probablement le regarder s'éloigner.
Ce n'est qu'après quelques minutes que Jack retrouva Elena, saine et sauve dans ce "campement". Elle était blessée, mais superficiellement. Quelques coupures par ci par là. Rien de grave. Un infirmier Véerèmois lui avait déjà placé quelques pansements pour stopper les saignements.
—Jack ? Tu t'en est sorti...
—Ouais... et toi ça va ?
—Oui, rien de bien méchant. L'infirmier m'a dit que je pouvais y aller...
—Alors qu'est-ce que tu fait encore ici ?
La jeune femme se tourna vers un brancard sur sa droite sur lequel il y avait un corps recouvert d'un drap.
—Qui est-ce ? demanda Jack.
—Je suis désolée...
—Qui est-ce ?
—C'est... c'est Jason...
—Oh non... Zack est au courant ?
—Je n'en sais rien... Quand ils m'ont retrouvée et amenée ici, ils étaient en train de le recouvrir de ce drap.
Jack ne connaissait Jason que depuis quelques jours. Mais durant ce laps de temps, ils avaient combattus ensemble. Et ça suffisait amplement pour qu'il ressente de la tristesse. Il s'imagina un instant la douleur qu'aurait ressenti Zack... Et Olympe aussi. Puis le visage de Dwayne lui revint en tête.
—Et Dwayne ? demanda-t-il. Il s'en est tiré ?
—Je n'en sais rien...
—Eh ! Mais regardez qui est là... dit un jeune homme venant de derrière Jack.
Au son de cette voix familière, Jack se retourna et aperçut Zack marchant vers lui.
—Alors tu as retrouvé Elena à ce que je vois ? Elle va bien ?
—Oui je vais bien, répondit la jeune femme.
—Alors qu'est-ce qu'il y a ? À voir vos têtes on dirait que non...
—Zack... dit Jack en posant une main sur l'épaule de son ami. Je suis désolé...
—Quoi ? Pourquoi ?
Elena se mit à pleurer pendant que Jack désigna le corps de Jason de la tête. C'est en voyant le drap que Zack comprit. Il s'approcha du brancard puis souleva l'étoffe. Lorsqu'il vit le visage de Jason inanimé, il ne put s'empêcher de fondre en larme lui aussi. C'était son ami. Son plus vieil ami. Il était comme son frère.
Après quelques secondes, Zack recouvra le corps de son camarade et s'assit un instant à côté de lui. Au même moment, Olympe arriva vers eux. Jack la retint d'aller voir son frère, lui expliquant ce qui se passait. Olympe ne put retenir ses larmes elle aussi. Jack et Elena décidèrent qu'il valait mieux partir et la laisser seule avec son frère.
Olympe mit quelques minutes avant de se décider à aller voir Zack, toujours assis à côté de son défunt ami. Elle se souvint des fois où il était venu chez elle jouer avec lui et parfois même, avec elle. Elle se souvint aussi des moments passés à trois à parcourir le parc de la ville en vélo.
—Il est mort Olympe... dit Zack.
—Zack... Je suis désolée...
—Le Véerème est là et il ne l'a même pas vu, dit Zack en se relevant, une pierre à la main.
La colère montait en lui.
—Il ne l'a même pas vu ! cria t-il en jetant le projectile sur un arbre.
Les résistants et les véerèmois situés autour se tournèrent vers lui. Certains hésitaient à agir. Olympe leur fit signe qu'elle gérait la situation.
—Zack... Il n'aurait pas voulu te voir comme ça...
—Ah oui ?! Et qu'est-ce que tu en sait ?! Comment est-ce qu'il aurait voulu me voir d'après toi ?!
C'était la deuxième fois qu'Olympe voyait son frère ainsi. La première fois c'était après la mort de leurs parents.
—Il aurait voulu que tu sois fort... que tu sois notre chef... que tu gardes l'escouade...
—Et à quoi bon ? L'escouade n'a plus lieu d'être... Le Véerème est là... à lui seul il rend la Résistance inutile. On ne ferait que les ralentir... Laissons les... eux et les MOCH se débrouiller pour une fois. Les légendaires MOCH associés à la plus grande armée du continent Pacifique... On a joué notre rôle.
—Zack...
Zack s'en alla un peu plus loin dans le camp. Olympe ne savait pas quoi dire. Hal arriva à son tour à côté d'Olympe.
—Je suis désolé pour Jason. Je sais ce que vous ressentez tous les deux...
—Ah oui ?
—J'ai également perdu mon meilleur ami.
Olympe regarda Hal comme pour l'inviter à lui raconter la suite.
—Il était ingénieur chez Rising Drake, comme moi. Et il était dans le même avion que mes parents le jour où...
—Je suis désolée Hal...
—On a tous perdu des proches. Ton frère est fort, je l'ai vu... il s'en remettra même s'il ne sera probablement plus le même.
Hal s'éloigna, laissant à son tour Olympe seule. "Plus le même". Cette phrase tournait en boucle dans sa tête. Elle avait peur. Peur que son frère ne change trop. Peur de changer elle-même. Cette guerre était horrible et changeait les gens à jamais. Il y a encore quelques mois, elle n'était qu'une jeune fille de vingt ans remplie de rêves. Aujourd'hui, elle était une combattante. Tout comme son frère. Son frère qui venait de partir. Lorsqu'elle réalisa que Zack était capable, après ce qu'il venait de vivre, de claquer la porte à la Résistance, elle se lança à sa poursuite, pour le rattraper et l'empêcher de partir. À ce moment-là, un coup de feu retentit.
Après l'avoir entendu, Olympe s'arrêta. La première chose à laquelle elle pensa, était Zack. Puis elle se demanda d'où venait la détonation... et qui avait tiré. Très vite, un deuxième coup de feu, puis un troisième, un quatrième, accompagnés de cris.
Olympe ramassa un fusil d'assaut puis resta immobile. Les soldats véerèmois paniquaient, comme elle.
—Qu'est-ce qui se passe ?! cria un soldat.
—On nous attaque ! hurla un autre.
—On tire sur une ombre ! vociféra un troisième, en courant dans la direction d'Olympe. Il est intouchable il... arrrgg !
Le soldat fut transpercé par une lance. Un autre fut lacéré par cette même entité qui se tourna ensuite vers Olympe. Cette dernière ne savait pas quoi faire, ce qu'elle voyait était invraisemblable. Il s'agissait d'une sorte d'ombre noire et rouge avec des yeux jaunes perçant et deux cornes sur ce qui semblait être la tête. La chose se mit à rire. Un ricanement des plus terrifiants. Elle s'avança vers la jeune femme de plus en plus vite. Plus rien ne semblait exister pour la créature. Seule Olympe comptait.
La résistante tira une rafale vers le monstre qui l'esquiva. "Comment est-ce possible ?" se demanda-t-elle.
Alors qu'il n'était plus qu'à trois mètres d'elle et qu'il amorçait son attaque, le monstre fut projeté contre un arbre. C'était Jack, accompagné de Grant Kodyn.
—Maintien la pression ! cria le commando MOCH.
Jack s'exécuta afin d'immobiliser la créature.
Kodyn sortit son pistolet à silex et tira. Il s'agissait d'une cartouche à chevrotine. L'assaillant s'écroula.
—Ça va ? demanda Jack à Olympe alors que des soldats véerèmois arrivèrent.
—Oui... répondit Olympe. C'était quoi ça ?
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