Au sommet de la montagne

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 J'étais épuisée. J'avais le front trempé de sueur, les mains moites et du mal à reprendre mon souffle. Je ne parvenais même plus à savoir si mes jambes me faisaient mal ou si, au contraire, je ne les sentais plus du tout. J'avais marché durant des heures, et je crois que si je parvenais encore à tenir debout malgré la fatigue, c'était uniquement grâce à mon bâton de marche.

 Mais le lieu que je venais d'atteindre était si beau, si merveilleux, que je savais que cela en valait la peine ; il y avait ici quelque chose de presque irréel, comme si, en arrivant tout en haut, j'étais arrivée dans un autre monde. J'avais réussi à parvenir jusqu'au sommet de cette montagne, et je ne le regrettais pas, même malgré l'état dans lequel je me trouvais actuellement. Je regardai derrière moi un bref instant, juste pour voir tout le chemin que j'avais parcouru pour arriver jusqu'ici : collines, vallées de pierres et forêts s'étendaient à perte de vue tout autour de moi. Je ne savais pas à combien de mètres d'altitude je demeurais, mais je pouvais affirmer que j'étais en hauteur. Et je me sentais incroyablement libre.

 Au loin, les rares randonneurs qui osaient s'aventurer ici étaient simplement de minuscules points qui avançaient avec lenteur ; il devait leur rester plusieurs kilomètres à parcourir pour arriver jusqu'où je me tenais, et je savais qu'aucun ne parviendrait à s'y rendre avant la tombée de la nuit, ce qui signifiait que je pourrai profiter pleinement de l'endroit. Enfin, je refis face à ma destination.

 Devant moi s'étendait un lac magnifique, dans lequel se reflétaient le ciel d'un bleu azur et les innombrables sapins qui bordaient l'autre côté de la rive. La couleur sombre des arbres contrastait joliment avec celle, plus vive, du ciel, qui était totalement vide de nuage. L'eau était si claire que j'avais envie de m'y jeter. Quelques chevaux étaient d'ailleurs en train de s'y baigner, galopant et projetant des gouttelettes tout autour d'eux, profitant de leur liberté.

 Le lac était entouré par des grosses pierres, et je décidai de m'asseoir sur l'une d'entre elles pour me reposer un peu, tout en profitant du paysage qui s'offrait à moi. Je retirai mes chaussures et l'herbe fraîche vint me chatouiller les pieds et le bout des orteils. Le sol était recouvert de centaines de petites pâquerettes et d'autres fleurs colorées dont j'ignorais les noms. Tout ici était agréable ; j'avais trouvé un havre de paix, où la nature et la végétation semblaient avoir pris – ou peut-être repris ? – le dessus. J'étais seule, et le calme, le silence ambiants me faisaient le plus grand bien. Je respirai l'air frais de la montagne et profitai du soleil qui était déjà bien haut dans le ciel.

 Après plusieurs minutes de pause bien méritée, je décidai de me relever, et d'aller me mettre un peu les pieds dans l'eau. Les chevaux étaient toujours là, certains encore en train de trotter dans le lac, tandis que d'autres s'en étaient éloignés pour aller brouter l'herbe tendre. L'un d'entre eux s'approcha de moi. Il marqua une brève pose, m'observant comme pour me jauger du regard, et finit par se mettre tout près de moi, si bien que je pus caresser son crin. L'animal resta à mes côtés de longues minutes, avant de finalement partir rejoindre les autres chevaux, s'éloignant du point d'eau à son tour. Je décidai de rester encore un petit moment, car l'eau froide sur mes mollets endoloris par l'effort intense que je venais de fournir me soulageait. Je soupirai d'aise, toujours en train de contempler ce décor de rêve.

 Au loin j'aperçus alors un cabanon en bois et en pierre ; c'était là-bas que je passerai ma nuit. Je finis par sortir du lac, remis mes chaussures de marche, et m'approchai du chalet pour voir d'un peu plus près à quoi il ressemblait. C'était une toute petite bâtisse – d'une seule pièce, qui était d'ailleurs vide –, entièrement couverte de chèvrefeuille et autres plantes grimpantes. Il manquait une porte, et je supposai qu'elle avait peut-être été arrachée pendant une tempête, et une partie du toit avait également disparu. Cela ne me posait pas de problème, de toute manière : j'aimais dormir à la belle étoile. Et puis, dans un tel lieu, à quoi cela aurait-il rimé de trouver un hôtel luxueux et confortable ? L'endroit aurait perdu tout son charme.

 Je remarquai alors que le soleil commençait à décliner et le ciel à rougir petit à petit. Je posai mon sac à dos dans un coin de la cabane et en sortis mon sandwich, puis je retournai vers le lac et m'installai de nouveau sur une des grosses pierres grises qui l'encerclaient.

 Ce paysage, cette quiétude qui en découlait, je voulais les graver dans mon esprit à tout jamais.

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