chap 4
Je n’avais pas voulu ramener un cadeau, je ne connaissais pas le type. Mais maintenant, j’ai une furieuse envie de l’impressionner. Je parcours rapidement la terrasse et note mentalement les différentes plantes en pot. Mon regard s’arrête sur un grand bac anthracite vide, entre deux oliviers de bonne taille. Sans réfléchir, je cours vers l’escalier et débaroule sur la place de la cathédrale. La fleuriste est en train de fermer, mais j’arrive juste à temps pour lui acheter ce magnifique eucalyptus qui m’avait fait de l’œil en passant devant. Je ne demande pas d’emballage et repart avec aussitôt. En moins de cinq minutes, je suis revenue près de mon verre, un peu essoufflée, mais mon présent dans les mains.
Antoine est retourné à l’intérieur, et je cache ma plante derrière le bac vide. Une nana, accoudée près de moi, me regarde en souriant. Je rougis sous son air moqueur, mais elle me propose une cigarette, alors je me joins à elle. Quelques-uns de ses amis nous rejoignent, et, une fois la glace brisée, je passe une bonne soirée. Ces gens sont cools.
On met de la musique sur l'enceinte bluetouth. J'avais raison, les CD, c'était de la déco, et un peu de la frime, mais je me rappelle avec indulgence que je me la jouais rétro quand j'avais vingt-cinq ans en utilisant un walk-man et que j'avais emballé une paire de fois grâce aux fameuses compils que j'enregistrais. Alors je hausse les épaules et je ravale mes remarques. Peut-être que je proposerai à Antoine de lui faire une cassette...
Je danse, je bois, je m’amuse comme ça ne m’était pas arrivé depuis des années ! Je me sens plus chez moi ici que dans ma propre maison. Cet appartement est chaleureux, convivial, presque familier. On a envie d'y inviter ses potes, d'oublier le temps qui passe. Sa simplcité est une porte ouverte à chacun, sans prise de tête. Je sais d'instinct que, peu importe qu'Antoine vive en plein centre ville ou au bout milieu de la campagne, chez lui, c'est la maison de mes rêves.
Et Antoine… il est tout ce que Pierre n’est pas. Notre alchimie ne passe pas inaperçue. Je ne cherche pas à comprendre, à expliquer. C’est là, tout simplement. Sans avoir l’intention de tout quitter pour lui, je ne tiens pas à perdre une goutte de ce qu’il semble décider à m’offrir. Le reste, la culpabilité, les grandes questions, la réalité, on verra demain.
Je viens de prendre cette décision alors qu’il m’attrape par la main pour me faire danser. Il est une heure du matin, les invités partent un peu à la fois. Une première vague a disparu à l’heure du dernier métro, et le reste s’en va petit à petit. L’une des mains d’Antoine est dans mon dos, l’autre, posée sur ma nuque. Devant les poster d’AC/DC et de Metallica, nous jouons au jeu de " je te cherche, tu me fuis ", et nos lèvres se frôlent une ou deux fois.
— Il y a une pièce que tu n’as pas encore visitée…
— Je sais.
— Tu voudrais ?
Il est tellement craquant, à faire semblant de douter ! Comme s’il ne connaissait pas la réponse depuis la toute première seconde ! Je l’embrasse doucement dans le cou alors qu'un frisson le parcourt entièrement.
Il s’écarte de moi, et en moins de cinq minutes, les derniers invités sont dehors. Ses yeux dorés me transpercent, et au moment où il tourne la clé, nous passons au jeu de " je t'ai assez cherché, maintenant tu me trouves. "
J'attends devant la seule porte qui est restée fermée toute la soirée, sans avoir aucune idée de ce que je vais trouver derrière. Intérieurement, je prie pour qu’il n’ait pas un futon. Je suis trop vieille pour ces conneries.
Antoine me rejoint en quelques enjambées, pose ses mains sur ma nuque et sa bouche sur la mienne. Son baiser est brûlant, passionné. Tout en m'embrassant, il m'attire dans sa chambre.
Il n’y a pas de futon, ses lèvres sont fermes, sa peau est douce, et mes doigts s'aggripent plus d'une fois à sa tignasse. Cette chambre, d’un bout à l’autre, du début à la fin, jusqu’au petit matin, est tout simplement parfaite.
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