Prologue

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On entendit des bombardements à l’extérieur, des cris de femmes séparées de leurs enfants, voyant périr leur famille. Il était deux heures du matin et les habitations prenaient feu sous nos yeux. Ma maman nous entraina vers la porte du fond à l’autre bout de notre maison. J’avais quinze ans et ma sœur n’en avait que neuf. Nous n’arrivions pas à détacher notre regard des maisons qui flambaient comme de vulgaires brins de paille. Tous les habitants de Matres courraient de maison en maison à la recherche d’une issue à travers les débris encombrants les chemins.

Le cri strident de notre mère nous ramena au présent. Une bombe explosa dans la salle de bains. Catherine, ma maman, ouvrit la porte et nous poussa à l’extérieur. Encore sous le choc, je vis mon père s’affaler au milieu de la cuisine. En voyant les assaillants se diriger en direction de notre maison des fusils et pistolets à la main, je voulu le prévenir mais j’étais tétanisée, tout se passait trop vite. Quand maman alla refermer la porte sur nous, j’entrevis les attaquants ouvrir la porte avant d’un violent coup de pied et prendre mon père par le col de sa chemise. Une fois la porte fermée, j’entendis le son d’une mitraillette puis... Plus que le bruit de fond du grabuge à l’extérieur. J’aurai voulu hurler mais Catherine ne m’en laissa pas le temps. Elle mit sa main sur ma bouche pour m’empêcher de crier et de les attirer à nous. Tout se mélangeait dans ma tête, j’étais perdue. Maman me chuchota quelque chose à l’oreille, paniquée, que j’entendis à peine, mais je la vis pointer du doigt l’autre bout de la ruelle, alors je pris ma sœur par les aisselles et l’emmenai avec moi le plus loin possible de notre maison en feu.

Arrivée au bout de l’allée, je me retournai et vis ma maman rentrer dans la maison pour aller rechercher mon père. Lorsqu’elle poussa un hurlement de terreur, désemparée et terrifiée, je me retournai et m’engouffrai dans la forêt dense, ma sœur sur mon dos. Me faisant griffer par les ronces à l’orée du bois et les fines branches m’écorchant les joues, je couru le plus vite possible et le plus loin où mes jambes voulaient bien nous porter, Kleyla et moi. Mes poumons me brulaient tant j’avais besoin de plus air mais je continuai jusqu’à m’affaler au sol. Je laissai échapper un sanglot de ma gorge et caressa la joue de ma sœur de mes doigts puis l’étreignai de toute mes forces jusqu’à ce qu’elle me repousse. Je la lâchai alors, me rendant compte que je lui empêchais de respirer.

Par miracle, nous nous trouvions proche d’un point d’eau. Des effluves de bois mouillé me parvinrent. Je me dirigeai alors vers l’écoulement d’eau qui s’avérait être un ruisseau et m’écroula dans l’herbe douce et humide qui l’entourait, bercée par son son régulier et doux. Je respirai l’air frai et tous les parfums qui m’arrivaient de la forêt, appréciant le calme qui l’habitait.

Après un moment de repos au côté de ma sœur, je me levai et pris enfin la parole :

-Je vais au petit coin tu m’attends là, je reviens bientôt. Je fis mine de me retourner mais Kleyla me rattrapa par le bras. Elle n’avait pas parlé de tout le trajet.

- Amara, attends. Maman et papa, ils sont où ? Et c’était quoi ces lumières ? Et tous ces bruits ? Elle parlait d’une voix mal assurée mais avec une pointe d’espoir et ça me fendit le cœur.

- Il ne faut pas t’inquiéter pour les lumières et pour papa et maman, ils reviendront. Enfin, je l’espère, ajoutai-je pour moi-même. Bien sûr que je ne voulais pas lui mentir, maman et papa ne reviendraient sûrement pas, mais, au fond, j’espérais avoir tort. La discussion terminée, je me retournai et parti à la recherche d’un arbre assez large pour que je puisse m’y cacher.

En revenant vers le ruisseau, je vis Klelya dos à moi, qui fredonnait une berceuse, celle que lui chantait notre maman. Ella avait la main levée vers la canopée et en direction d’un rayon de lumière qui la traversait. Je ne voulais pas la couper, alors je m’assieds en la regardant faire. Mon esprit dériva sur une question qui restait sans réponse dans mon esprit. Qui avaient bien être ces attaquants ? En tout cas, pas de simples villageois, car l’achat d’armes à feu est extrêmement couteux à Matres et dans ses environs. Des membres de la garde royale ? Cette possibilité me paraissait être la plus plausible, mais pourquoi nous attaqueraient-ils ? Je sais bien que le roi est sans pitié, mais il n’est pas idiot. Il devait bien avoir une raison pour porter cet assaut contre nous.

Tout à coup, ma petite sœur s’arrêta de chanter et baissa brusquement la main pour l’amener vers sa poitrine en poussant un cri de douleur. Paniquée, je me levai pour la rejoindre et l’interpellai angoissée :

  • Klelya ! Que se passe-t-il ? As-tu mal quelque part ?

Mais à peine eus-je fais un pas dans sa direction qu’elle disparut, emportée par le rayon de soleil qui traversait les branchages, en poussant un cri, semblable à une plainte aigüe qui s’étouffait petit à petit, me laissant là, au beau milieu de la forêt et pour seule compagnie, mon esprit en ébullition.

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