Elle le trompe.

Il ne sait ni pourquoi, ni depuis quand, ni avec qui mais il en a la certitude, l’intime conviction : Elle le trompe.

Pour le « depuis quand » et le « avec qui », il préfère ne pas savoir.

Il ne veut pas la perdre.

Il ne peut pas la perdre.

Non il préfère fermer les yeux, d’ailleurs, peut-être n’est-ce qu’une passade, une incartade comme en connaissent beaucoup de couples ?

Il espère qu'en fermant les yeux, elle lui reviendra tôt ou tard.

Alors que s’il la met dos au mur, s’il lui demande de choisir, elle peut très bien s’en aller définitivement et il ne saurait pas comment la retenir.  

Et ça, il ne peut pas se le permettre. Que deviendrait-il sans elle ? Comment continuer à vivre sans elle ?

Il imagine sa femme rejoignant son amant à la pause de midi ou de cinq à sept, dans une chambre d’hôtel, se déshabillant en toute hâte pour profiter du moindre instant de liberté, s’embrassant fougueusement avant de s’attirer mutuellement vers le lit

A chaque fois qu’il y pense, il sent son estomac se nouer mais il ne peut arrêter le défilement des images, la succession de questions.

L’homme lui enlève son chemisier, elle, lui facilitant la tâche en levant les bras.

Puis il passe les mains dans son dos et dégrafe son soutien-gorge, libérant habilement ses jolis seins.

Il la laisse ensuite déboutonner sa chemise lentement, bouton par bouton, mettant à jour un torse parfait.

Il s’agenouille devant elle pour faire glisser le long des ses jambes fines la jupe de son tailleur et sa culotte de dentelle. Il se retrouve alors face à son pubis.  

Peut-être qu’il la lèche ? Peut-être la fait-il jouir d’abord comme-ça ? A-t-il déjà découvert qu’elle adore qu’on lui mordille le clitoris ? Que ça la fait décoller illico ?

Pendant qu’elle s’allonge sur le dos, il finit d’enlever son pantalon. Alors elle écarte les jambes et…

NON ! il frissonne et secoue la tête afin de chasser cette dernière image. Il ne veut pas les imaginer en train de faire l’amour. Il ne veut pas visualiser toutes les positions qu’elle affectionne et qu’elle partage avec un autre que lui.

Bon sang ! Dire qu’ils font peut-être ça en ce moment-même !

NON ! Il faut arrêter de penser à ça !

Plus facile à dire qu’à faire, quand la machine est lancée, il n’est pas si aisé de l’interrompre, les flashs revenant toujours à l’assaut de son esprit, par vagues successives...