Annie se sentait partir. Elle tenta de se tourner vers la femme assise à côté d’elle dans l’avion cependant son torticolis l’en empêcha. Un bruit résonnait à ses oreilles. Une sorte de bourdonnement sourd. Elle ferma les yeux…

— Hey Annie, tu rêves ou quoi ?!

En ouvrant les yeux, elle ne reconnut pas son environnement. Comment était-ce possible ?! Elle se retrouvait vingt ans en arrière. Dans cette salle réservée pour la Saint Valentin où son premier amour était mort par la faute de son manque d’assurance mais, surtout à cause de l’opinion de la personne la plus importante dans la vie de Luc. Sur la piste de danse, elle demeura immobile, livide. En regardant la salle, son regard croisa celui de Luc. Que lui arrivait-il ? Pressentant quelque chose d’anormal, il fendit la foule et cria :

— Tu vas bien ?! Annie ?!

Sa voix lui parvenait à peine aux oreilles. Voyant qu’elle ne réagissait pas, il se rapprocha pour la prendre par la taille et l’emmener hors de la salle. Elle se laissa faire docilement puis comme dans un brouillard ou un rêve, elle le savait plus rien, il la fit s’assoir sur la chaise apportée pas Julie. Le frère et la sœur. Luc et Julie. Sa meilleure amie et son frère dont elle était tombée amoureuse il y a longtemps. Cette relation avait mal fini avant même d’avoir commencé officiellement. La main de Luc posée délicatement sur sa joue la ramena à la réalité. Elle ne savait pas ce qu’elle faisait là mais c’était une opportunité pour régler certaines choses. Sauf que tout ce pourquoi elle avait tant à dire ne s’était pas encore produit. Cette soirée avait été le début de la fin de leur histoire. Luc, heureux de la revoir revenir à elle, rit en lui disant qu’elle lui avait fait peur et qu’il était heureux qu’elle aille mieux. Elle se rappelait le bar, la rose, la chanson… Le moment où elle avait merdé arrivait. Alors qu’ils s’apprêtaient à retourner dans la salle, main dans la main, Annie regarda devant elle pour affronter du regard l’homme qui l’avait dissuadé vingt ans plus tôt. Sentant les regards sur eux, elle décida d’oublier sa raison et d’avancer fièrement au bras de son amour et ainsi ils dansèrent serrés l’un contre l’autre, un long moment. Lorsque le rythme changea, Ils échangèrent un bref regard, avant qu’il ne l’entraîne dehors et ne l’a prenne dans ses bras.

— Je… hésita-t-il.

Leurs bouches n’étaient qu’à quelques centimètres, leurs souffles s’entremêlaient, leurs corps se frôlaient.

— On parlera plus tard… Embrasse-moi… chuchota-t-elle.