Révélation

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En lisant sa quatrième question Harold se crispa légèrement. Il attendit quelques secondes avant de la lire à voix haute mais lente :

  • Quel est ton principal fantasme ?
    Comme la règle l’autorise, je te retourne la question. A toi donc de traiter ce sujet.

En disant cela le jardinier arborait un petit rictus montrant bien qu’il n’était pas prêt à se laisser piéger. Mais en fait, Philippe se doutait qu’Harold lui retournerait la question et il n’eut donc aucun mal à l’affronter.

  • Mon principal fantasme est sans aucun doute lié au manque de tendresse que je ressens depuis le décès de ma femme.
    Je m’imagine des moments d’intimité avec un être dont je partagerais une même soif de délicatesse et de bienveillance.
    Mais je crois qu’avoir une telle relation me serait aujourd’hui plus facile avec un garçon, mâture bien sûr, qu’avec une fille. La complicité que j’avais avec ma femme et l’intelligence que nous avions l’un de l’autre me semblent impossible à reproduire. C’est sans doute pour cela que je m’envisagerais plutôt partager ces moments avec un partenaire masculin.
    Je me vois donc discutant avec un beau garçon mature et sympathique, confortablement installés dans un endroit agréable.
    A un moment de notre entretien, je le chahute un peu et ma main frôle sa nuque. Ce contact ne semble pas lui déplaire. Je laisse donc ma main s’aventurer sur son cou. Il me regarde, mais aucun reproche ne se lit dans ses yeux, au contraire, il a l’air d’apprécier.
    Je laisse alors mes mains flâner sur son corps, sans empressement ni brusquerie. A leur tour mes lèvres participent à cette exploration.
    Chaque vêtement, en s’effaçant, dévoile de nouveaux territoires splendides et pleins de promesses. Je prends le temps de les découvrir attentivement. Nous parlons peu et à voix douce.
    Mes mains écrivent sur sa peau une odyssée sensuelle et mes lèvres, en harmonie avec son épiderme, composent une mélodie suave.
    Je l’entends gémir de plaisir et perçois que peu à peu, son corps se tend délicatement. Sa peau vibre comme les cordes de la cora et une musique silencieuse nous enveloppe.
    Graduellement, nos corps se confondent dans le plaisir, jusqu’au paroxysme.
    Lorsque la tension retombe, nous restons un moment immobiles, le temps pour nos respirations de s'apaiser.
    Puis nos têtes se rapprochent, d’abord nos fronts se rejoignent et nos regards se croisent pleins de reconnaissance, à leur tour nos nez se frôlent puis, enfin, nos bouches se rapprochent fusionnant tendrement.
    ...
    Mais ceci n’est qu’un fantasme et cela le restera probablement, car je ne pourrais partager cela qu’avec un homme qui partagerait mon désir. Et ma jeunesse s'est fait la male depuis un petit bout de temps. De plus, il me serait impossible de faire cela dans le cadre d’une relation tarifée. Argent et tendresse ne me semblent pas compatibles.
    ...
    That’s all folks !.

La sincèrité de la déclaration de l'architecte avait fait forte impression sur Harold. Il ne lui semblait pas avoir déjà vécu un tel moment. De traîtres reliefs sous sa ceinture témoignaient de son émoi. Mais il ne voulut rien laisser paraître.
Il aurait aimé questionner Philippe sur bien des aspects de son récit, mais un rappel à la règle ayant déjà été fait, il n’osa pas. Il laissa quelques bonnes secondes avant de réagir.

  • Ouah ! Et bien, je ne m’attendais pas à cela. Ta franchise et ta confiance me touchent. Je ne regrette pas de t’avoir renvoyé ta question.
  • Attends. Encore une fois, ce n’est qu’un fantasme, rien de plus …

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