Le Retour

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La réponse donnée au besoin de tendresse de l’ami restera à jamais entre Harold et moi. Vous pouvez me soudoyer, vous n’en saurez pas plus !

Harold partit donc quelques jours plus tard en Colombie Britannique et durant son séjour j’eus très peu de nouvelles de lui.

Ce n’est que deux ans et quelques mois plus tard que j’appris qu'il était rentré en France. Je repris contact avec lui sur le compte WhatsApp qu’il avait réactivé.

Je lui proposais de passer à la maison en lui disant que j’avais un cadeau pour lui.

Il répondit rapidement et nous avons pu nous mettre d’accord pour un créneau horaire la semaine suivante.

Il arriva au soleil couchant. La lumière rasante rehaussait les couleurs. Il me parut en excellente forme. Il me semblât plus athlétique que dans mes souvenirs, un petit bouc léger garnissait son menton. C’est lui qui entama notre dialogue.

  • Salut, comment ça va ?
  • Ben bien, mais c’est à toi qu’il faut demander cela.
  • Moi cool, j’ai fait un super séjour. J’ai beaucoup appris.
  • Ca a été, tu t’es vite acclimaté ? pas de problème pour travailler ?
  • Non vraiment fun. En fait avant de partir une pote m’avait dit : Prévois tout ce que tu veux, de toute façon quand tu arriveras, tu ne feras rien de ce que tu as prévu ! Et c’est carrément comme cela que ça s’est passé.
    Cela a même plutôt mal commencé.
    je pensais travailler pour une entreprise, mais en fait, je me suis rapidement retrouvé dans une famille chinoise qui avait un énorme domaine avec des plantes partout. Mais à peine arrivé chez eux, ils m’ont piqué mon passeport et mon téléphone et je me suis retrouvé pris au piège. Il me faisait travailler dix heures par jour six jours sur sept et ils me payaient quand ils n’avaient rien d’autre à faire. En plus ils me logeaient dans un appentis mal chauffé. Donc c’était vraiment galère. Heureusement je m’étais fait des amis dans le personnel de maison et l’un d’entre eux me signala que mes affaires étaient dans un tiroir du bureau du chef de famille. Un jour, la famille entière est sortie pour participer à une célébration chinoise qui ne devait pas durer et exceptionnellement, ils n’avaient pas enclenché l’alarme.
    Grâce à mes outils j’ai forcé la porte vitrée du bureau et le secrétaire et j'ai récupéré mon passeport et mon portable.
    Comme je voulais être prêt à saisir toute opportunité de fuir, mon sac était toujours prêt, il m’a suffi de repasser dans mon appentis pour le récupérer et là aussi mon échelle de jardinier m’a permis de faire le mur sans trop de problème.
    Je me suis donc retrouvé libre, mais de retour à la case départ, sans job, sans logement et sans repères.
    Heureusement, ils n’avaient pas touché à mon portable et le temps de le recharger dans un bar, j’ai pu appeler le numéro d’un contact français qui habitait Vancouver. Dès la seconde sonnerie mon interlocuteur a décroché et il a rapidement compris ce qui m’était arrivé. Il m’a dit de rester planqué au fond du bar et d’attendre qu’il vienne me chercher.
    Un peu moins d’une demi-heure plus tard, j’ai vu rentrer dans le bar un grand type d’une quarantaine d’années qui, j’y pense maintenant, te ressemblait un peu, mais en plus jeune.
  • Sympa Merci, comme si j’étais un vieux crouton !
  • Non ce n’est pas ce que j’ai voulu dire, tu t’en doutes bien !
  • Cela me rassure !
  • Donc le gars parcourt le bar du regard et me repère rapidement. Il s’avance vers moi et me tend la main : Tu dois être Harold, moi c’est Philippe. Bienvenu dans le monde civilisé !
    Je t’avoue que là j’ai senti un grand moment de décompression et j’ai bien failli pleurer.
    Ensuite j’ai trouvé d’autres jobs, mais en évitant toujours les chinois, tu t’en doutes.
  • Oui, je comprends.

Harold resta un moment sans rien dire. Bien que cette aventure datait de près de deux ans, son émotion était palpable et je sentais que cette expérience l’avait marqué.

Il se détendit et reprit :

  • Je suis désolé Philippe, mais je ne vais pas pouvoir rester longtemps car ma grand-mère arrive ce soir pour me revoir et je dois la récupérer à la gare. Je ne vais pas tarder. Mais je reviendrai.
  • Ah ok, pas de problème je comprends bien, la famille s’est important.
    Je t’avais dit que j’avais un cadeau pour toi, le voici.

Je lui tendis alors une enveloppe dans laquelle j’avais glissé une impression du récit que vous avez lu, que j’avais reliée.

Il sortir le livret et sa réaction fut immédiate :

  • L'architecte et le jardinier. C’est quoi ce p’tit livre là, c’est quoi ce truc, j’ai jamais vu de livre aussi petit, d’où ça vient ?
  • C’est un récit posté sur Internet
  • Ah oui, je le lirai
  • Oui, lis-le et dit moi ce que tu en penses. Car en fait c’est moi qui l’ai écrit.
  • C’est toi qui l’a écrit ! Trop bien !
  • Alors cela ne vient pas d’Internet !
  • Si, en fait je l’ai écrit sur une plateforme d’écriture en ligne.
  • Ah t’es un écrivain ?
  • Oh non, je n’ai pas cette prétention. C’est juste un hobby et ça m’amuse, on y lit des trucs sympas écrit par des gens sans prétention.
  • D’accord. C’est sympa quand il y a des gens qui regardent ce que tu fais et qui peuvent liker et commenter en direct, ça donne envie. C’est cool ! Moi j’ai toujours eu envie de faire des streams, je ferai ça peut-être un jour.
  • Donc tu verras, ce petit récit est inspiré de nos échanges, j’aimerais que tu me dise ce que tu en penses.
  • Pas de problème, Je te dirai.

Sur cet échange, Harold se leva et le livre en main, il se dirigea vers la sortie.

C’est vraiment sympa ce bouquin, je le lis et te dis.
A bientôt.

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