Je cours entre les étals. Incapable de me repérer dans ce décor bariolé, je me sens sauter par-dessus un tonneau, enjamber un chat qui pêche et repousser un garçonnet à la mine chafouine.

Derrière moi, il y a ces cris :

- Arrêtez-le ! Il a volé le citron !

- Rends le citron, coquin !

Je n’en ai pas envie. Je ne sais pas pourquoi, mais je ne veux pas. Au contraire, je sers le fruit contre ma poitrine affolée et plonge dans une cantine poussiéreuse. Endroit vaguement paisible, terreux, construit autour d’un comptoir brillant, depuis lequel le propriétaire barbu m’adresse un clin d’œil concupiscent.

- Par ici, Pierrot, dit-il à mon approche. Ils n’attendent plus que toi.

- Qui ça ?

Sans attendre ma réponse, je crois l’entendre presser un interrupteur entre les pintes crasseuses et voilà que le plafond dégobille soudain un escalier en pierre. J’hésite à l’emprunter.

Le barman s’emploie à hâter ma fuite. Il me tapote l’épaule et tend le concombre. Le fameux, celui qu’il me tarde d’érafler avant le chat fêlé.

- Prenez. Il est là pour ça, mais alors vous devrez faire une croix sur l’espalier.

- Ne parlions-nous pas d’un escalier un peu plus tôt ?

- Regardez plutôt en ce cas.

Je tourne la tête. Effectivement, il a encore raison. Là où tantôt, il m’a semblé apercevoir un escalier en pierre, trône maintenant entre les étagères, un espadon et un espalier de bois se hissant jusqu’aux nues vicieuses.

Il me faut donc faire un choix. Un de plus, il me semble. Enfin, j’entends l’homme au citron se rapprocher. Alors, sans plus attendre…

• J’attrape le concombre ! (2)
• Je cours à l’espalier ! (3)