3. Stairway to...
... the beach
L’écume s’écrase sur le sable humide, caressé par une tiède bise du dieu Mars. Le cadre est magnifique, paisible, souligné de l’ombre stellaire d’une planète topaze, entourée d’anneaux. Au loin, un albatros plane paresseusement sur les eaux azure de cet océan immaculé.
Après la course, un tel paysage est si calme, que certains en composeraient une ode aux langueurs océanes, voire l’intemporelle beauté des plages d’outre monde.
- Charibert en composerait à coup sûr un recueil de branlettes prosaïques, dis-je tout haut.
- Qui ça ?
Je me tourne vers la voix. Un homme, vieux, courbé sur un transat, les pieds ridés à plat sur le sable argenté, contemple les vagues. Je me maudis intérieurement. Même quand on pense être seul, il y a toujours un ragoton en manque de ragots.
- Rien, je parlais tout seul.
- À votre aise, je commentais tout seul moi aussi, répond le vieillard d’une voix granuleuse.
Je renifle.
Barbon, va ! Qu’est-ce qui fout ici d’ailleurs ce sale c…
- Le Destin est absent. Vous pouvez laisser un message, je suis là pour ça.
- Euh… Quand il reviendra, euh… dites-lui que j’ai le citron.
- Le citron, noté. Belle journée.
Et il ne dit plus rien, fasciné par la caresse marine et les embruns de l’Entre Terre. En cela, je partage sa fascination. Il y a dans ce décor, un cachet fantasmagorique tranquille, un truc typique du bout du monde.
La paix, peut-être. Fier de ma trouvaille, je me retourne vers le vieillard.
Il n’est plus là. Disparu, oblitéré, seul demeure son transat et une paire de tongs aux couleurs du levant. Je suis seul, sans espalier, ni échelle, avec l’horizon pour seul ami, un albatros pour cousin.
- Je m’assieds sur le transat (27).
- Je me demande ce que dirait Steve Carrell (28).
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