SBOING PLOUTCH

Je peine à comprendre ce qui se passe sur le moment, en revanche au suivant, je suis étendu sur des pavés, au milieu d’un champ de citrus. À perte de vue, il n’y a que des agrumes. Sur leurs arbres, caressés d’une tiède bise hispanique, dans des jarres ou disséminés sur le sol fraichement lavé. Pamplemousse, oranges, mandarines, citrons, variants colorés, à l’instar de kumquats violets et une poignée de pomelos rubiconds.

Je me redresse, en quête de mon adversaire. Il n’est pas là. Ainsi foudroyé à la cheville, unique point faible de n’importe quel indicible crétin invincible, sa défaite m’a ouverte les portes de son jardin secret.

Si j’avais su plus tôt cela, je ne me serais pas embêté à…

À…

À… A ? À ? Ah ? Â !? Ä ?! Ã ? Á !?! Euh… piquer son bien en sous-main, je suppose…

J’avoue ne plus trop me rappeler comment toute cette affaire a pu commencer. Toujours est-il qu’enfin, je vais pouvoir me presser un jus d’autre chose que d’un glacier d’eau croupi.

Sur une table judicieusement placée là, au milieu de ce champ tout en nuances chaleureuses, je dispose ma cueillette, fais craquer mes phalanges. Ce sera sucré, saupoudré d’une note d’acidité.

Couper, presser, serrer, tourner, verser. Enfin !

Je porte le verre à mes lèvres.

Rien.

Pas de goût. Insipide ? Non, juste pas de goût, comme si mes lèvres et ma gorge ne goutaient rien d’autre que de l’air. Je réessaie, plusieurs fois, mais à chaque tentative, il n’y que du vide. Le verre se vide avant d’atteindre mon gosier. Avant de parvenir à mes gencives.

Ce n’est pas normal… Pas normal… C’est pas possible, c’est…

Un rêve ? (33)