27. Transat transcendantal
Soudain, le ciel m’aspire ! Catapulté au milieu des étoiles, je crawle autour de l’univers. Ici un trois mâts spatial, nommé Layor ; là, un Toulousain orbital ; plus loin le créateur de l’équilibre. De ses nageoires, j’ai droit à un autographe, quel honneur ! Sans entrave entre les étoiles mourantes, son long corps filiforme, drapé d’un long duvet tirant vers la tristesse de l’hiver, brasse les règles de la gravité de ses larges nageoires fumantes, parmi d’étranges serpents spectraux.
Vision tant poétique, que glaçante. J’en perds ma respiration, qui pourtant ne semble me manquer, bien en dessous du zéro absolu. Perdu au sein d’un macrocosme, d’ordinaire si hostile à mon imaginaire, je me sens bien.
Reposé.
En longeant le corps oblong, incandescent et tentaculaire d’Ordrosh, éternel vagabond céleste, ensemençant de nouveaux astres derrière son imposante ossature, j’arrive dans un nouveau système. Quiète, parsemé d’étranges vaisseaux drapés de voiles solaires. Ils sillonnent les courants interstellaires entre les pluies de météores étincelantes, où quelques lourds cétacés ondulent sous les astres.
Passé les étoiles jumelles, une grosse planète bleue me fait de l’œil. Elle attend ses voyeurs, lecteurs ou rêveurs depuis des années, mais j’y juge mon passage encore prématuré. Car une question, toujours, retient mon attention.
J’ai la réponse, persuadé en plus que son secret citronné, pocheté dans mon fute, renferme la clef de tout. Sur sa peau rebondie, figure une adresse :
42 rue des Lavandières, quelque part sur Terre, dans un bourg paumé où l’on freine les puceaux, je crois. C’est bizarre dit comme ça, mais lorsqu’on l’entend la première fois, tout parait si limpide, au point qu’il a fallu que je tente d’en compter les vers.
Enfin, c’est quand même un peu étrange. Bizarre autant qu’étrange… Moui… Puis, mon cerveau vrille… je crois. En regardant la planète, le citron, mes orteils, je sais !
- Ça y est, je connais la Question ! Il faut que je note ça quelque part ! Vite ! (42)
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