Je fis un pas en arrière, deux mains me saisirent par les épaules, m'immobilisèrent.

- Où vas-tu, Mariloup ?

C'était la voix de Blaise. Je retins mon souffle, puis j'expirai, en douceur. Je devais conserver mon sang-froid.

Leurs mains reposant sagement sur leurs robes de communiantes, les trois femmes aux cheveux de nuit dirigeaient leur regard inexpressif sur moi.

- Je retournais à la fête.

- La fête est finie pour toi, Mariloup.

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Blaise me poussa jusqu'à ma chambre. Une des femmes nous suivit. L'homme lui indiqua où se poster.

- Profite bien de ta nuit, ma belle. Demain matin, finie, la vie de princesse.

- Je veux téléphoner à mon mari. C'est tout ce que je demande.

- Ton mari n'en a rien à cirer de toi, Mariloup. Personne n'en a rien à cirer de toi.

Blaise se retourna à demi vers l'Épouse immaculée, sourit, grimaça, éclata d'un rire de méchant de cinéma, et sortit.

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Restée seule avec la femme, j'essayai d'entamer la conversation. En vain : une froide statue, un monolithe de craie sous une coiffure de nymphette japonaise. Puis elle leva un doigt, me pointa la carafe d'eau, sur ma table de nuit. Ma première idée fut de la lui lancer à la figure, mais je ne doutais pas de l'efficacité du système de surveillance mis en place autour de moi ce soir-là.

La femme me désigna de nouveau le pot d'eau.

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Je fis oui de la tête, me dirigeai vers la salle de bains avec ma robe de nuit. Une fois prête pour dormir, je me versai un verre et bus. Bientôt mon cerveau se calma, mon corps se détendit, mes paupières s'alourdirent. Je me laissai tomber sur le lit. L'Épouse immaculée veillait.

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Mon sommeil fut agité, entrecoupé d'éveils nauséeux. Je n'osais plus toucher à l'eau. Je tentai plus d'une fois de me lever, mais mon corps ne m'obéissait pas. Je replongeais dans mes cauchemars, émergeais, hagarde. L'aube me rappela l'horreur de ma situation. Je cherchai des yeux la femme. Affalée sur le récamier du boudoir, elle dormait.

À travers les persiennes, un soleil sanglant barbouillait le ciel.

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Je m'assoupis de nouveau. Une voix m'appela.

J'ouvris les yeux. Un homme se tenait à mon chevet. Il prenait tour à tour la silhouette et les traits de Dave ou de Bernard, s'allongeait, se tassait ; ses yeux tantôt bleus, tantôt noirs, me détaillaient. Les lèvres closes, il articula :

- Je ne suis pas ton dieu. Je ne suis pas ton gourou.

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Au réveil, mes idées restèrent confuses. Un magma d'émotions, peur, angoisse, incrédulité, m'assaillit. Je devais trouver un moyen de voir Jade, de la convaincre de m'aider. Elle m'avait dit d'être courageuse. Je mettais tout mon espoir en elle.

Quant à Stella, mon instinct me dictait de l'éviter.

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On avait posé à mon chevet l'uniforme des Épouses immaculées. Je regardai la robe, mince, de mauvaise qualité. Tel un petit mammifère endormi, un fouillis de cheveux blonds, synthétiques, reposait sur son corsage. Des chaussures à semelles compensées, semblables à celles des infirmières, attendaient au pied du lit.

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Une autre femme que celle de la veille m'aida à ajuster la perruque. J'avais l'air d'auditionner pour le pastiche d'un film de Tarantino. La servante m'accompagna en bas, me guida par un couloir que je ne connaissais pas vers l'aile des pauvres, au dernier étage du bâtiment de bois où se trouvaient mes nouveaux appartements.

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Il s'agissait d'une étroite chambre de bonne, sous les combles. Une fenêtre laissait entrer une brise chauffée par un soleil déjà cruel. Le mobilier se composait d'un lit de fer, d'une minuscule penderie, d'un pupitre et d'une chaise. Je m'attendais presque à voir un crucifix au-dessus de la porte. Mais nul élément de décoration, religieux ou profane, ne rompait la blanche monotonie des murs.

Sur le pupitre, une liste de tâches pour la journée.

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Dix minutes plus tard, on frappait à ma porte.

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