Les différentes étapes du deuil
Je ne me souviens que trop bien de la douleur éprouvée.
De cet état de choc qui nous submerge, enlisant un à un nos sens, nous asphyxiant de l'intérieur. Une perte brute, inacceptable, survenant au moment où l'on ne si attend pas. Notre monde s'écroule à une vitesse vertigineuse, alors que l'horreur de la réalité nous rattrape, diffusant son venin macabre dans nos veines.
On aimerait croire que tout cela ne soit qu'une vulgaire mascarade, un affreux cauchemar, que tout prendra bientôt fin. Un déni évident qui s'offre à nous; la souffrance n'en est que plus insupportable.
Le monde devient entièrement flou, et rien n'est plus jamais pareil...
Puis la colère sourde vient seconder la dénégation.
Une haine féroce s'empare de nous, aveuglante, dévastatrice. Comme un raz-de-marée, elle balaye tout sur son passage, déferlant sa rage et son incompréhension sur nos proches.
On se sent coupable d'un crime que nous n'avons pas commis, portant sur nos épaules un fardeau bien trop lourd, bien trop conséquent pour un être humain.
Les "Et si..." nous hantent, faisant désormais partie intégrante de notre quotidien. On se meurt à petit feu, tourmenté par nos regrets. Par ces gestes manqués et ses paroles oubliés.
Alors avec la force du désespoir, on hurle au monde notre peine, à s'en esquinter les cordes vocales. Doucement, la folie nous tend les bras, et les hurlements de colère se changent en complaintes hachées par les pleures.
L'agonie mortuaire se délecte de notre souffrance.
On prie les dieux de nous rendre ce qui nous a été arraché. Un vide immense se creuse dans notre poitrine, c'est une part de nous qui s'en est allé. Et ce, à tout jamais.
Nous ne sommes plus que des pantins désarticulés, fatigués de mendier.
Les larmes ont depuis longtemps cessé de couler. La vie semble morne, fade, sans intérêt depuis que l'être tant aimé est parti. Parfois, l'idée fugace de le rejoindre nous vient à l'esprit.
C'est alors que les bras de la dépression nous bercent d'une étreinte mortelle.
Le retour en arrière est quasiment impossible, long et douloureux, parsemé d'embûches. On masque nos tourments sous des sourires factices, riant de nos blessures ouvertes. Jusqu'au jour où on apprend que notre santé se dégrade.
Pour la première fois depuis des années, nous prenons conscience que se complaire dans nos tourments ne règle point la cause de notre souffrance. Alors on se relève, doucement, mais sûrement, aidé par nos proches, par des amis.
Petit à petit, la douleur s'estompe. Et courageusement, on affronte la vie, les obstacles qui se dressent devant nous. On réapprend à aimer sans crainte.
Plus que tout, on veut vivre. Pour la personne qui est partie, pour qu'à travers nous, elle profite des instants heureux, de ces moments de bonheur qui nous sont offerts.
Car, après tout, ce n'est qu'un au revoir...
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