Tentative.
Il fait sombre.
Je marche seul.
Je ne sais pas où je vais.
Je ne sais pas où je suis.
Je me retourne souvent, espérant voir ma soeur, mon copain ou mon meilleur ami.
Je ne sais même pas pourquoi.
Mais je suis bel et bien tout seul.
Une lumière grésille à quelques mètres.
Je m'approche lentement.
Il y a des buissons.
Comme le parc pas loin de chez moi.
Je distingue vaguement un banc.
Je m'y assois et j'y retrouve un écho d'un geste emprunt de fatigue.
Je croise mes mains sur mes genoux, je ne sais pas ce que j'attends.
Etrangement, mes mains ballotent de chaque côté.
Ah oui, c'est vrai.
Je me suis ouvert les veines.
Je peux encore voir les taches de sang.
Et aussi les scarifications plus anciennes.
Je suis sensé être mort alors.
Je suis tellement détaché de moi-même, j'ai toujours recherché cette sensation.
Une main se pose sur mon épaule.
Je regarde sans surprise la forme à côté de moi.
Bien clichée, un squelette encapuchonné avec une faux se tient à ma droite.
— Tu as deux questions si tu le souhaites, annonce la Mort.
— Est-ce que j'ai réussi ?
— Malheureusement pour moi, non ce n'est pas aujourd'hui que tu mourras. Apparemment il reste des gens qui sont capables de te sauver. Dommage, depuis le temps que je te surveille, j'avais hâte de voyager un peu avec toi.
— Où suis-je alors pour me retrouver avec toi ?
— Oh, ça, c'est ton coma. Mais je voulais passer te faire un petit coucou, savoir de combien tu avais pu te rater. Et puis les trois là-haut m'ont chassé de ton chevet. Ils ne voulaient vraiment pas que tu meures. C'en est presque émouvant, tiens. Bon, ben, bonne vie et puis peut-être à une prochaine mon gars, tchao !
Une vive lumière venant de la faux me laisse à nouveau seul.
La mort est nulle, mais être mort doit être si confortable.
Je jette ma tête en arrière regardant le vide noir au-dessus de moi.
Je souffle bruyamment.
Dire qu'il va falloir que je me réveille.
Que je leur présente mes excuses.
Que je leur dise que ça ne se reproduira pas.
Que je garde les traces de mon échec.
Je vais encore éclater mes poings dans mes miroirs.
Je serre les dents, une larme coule.
Pourquoi y a-t-il fallu qu'ils s'en mêlent ?
C'était pas ma vie, mais c'était ma mort...
Même ça j'ai foiré...
Je suis bien là, dans cet espace vide.
J'aimerais ne pas me réveiller comme j'aurais aimé ne pas avoir à me réveiller.
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