A n'en point douter
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Dans le pays aux mille et une senteurs, la naissance de l'héritier avait été l'événement le plus attendu depuis les épousailles des souverains. Des plus pauvres aux plus riches, habitants locaux et étrangers avaient devisé sur le royal bébé en le parant d'innombrables vertus.
Par-delà les contrées, valets, serviteurs, paysans, nobles et grands marchands étaient certains qu'une princesse — future reine d'un pays aussi réputé que celui-ci — serait la plus charmante et la plus coquette des demoiselles. Quant au prince... à n'en point douter, il serait assurément le plus humble et le plus modeste à des lieues à la ronde.
« Il » ou « elle » n'était pas encore né(e) que déjà, poètes, chantres et baladins lui dédiaient des proses et des alexandrins, ou récitaient de mille manières son intelligence de cœur et sa finesse d'esprit.
Ainsi, dès le sein maternel, Modeste ou Charminette, prince ou princesse en devenir, avait été célébré matin, midi et soir, dans les chaumières et les maisons bourgeoises, aux coins des cheminées et sur les places des marchés.
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