Aux limites de la science
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La déficience de Charminette affligeait et attristait ses parents. Inquiets pour son règne à venir, ils avaient décidé de soigner ses flatulences et fait appel aux plus éminents spécialistes.
Bien que le cas fût rare, les meilleurs praticiens de l'époque s'étaient déplacés dans le pays aux mille et une senteurs afin d'examiner le cas de la péteuse chronique et lui trouver le bon traitement.
Par pudeur et égard envers son royal statut, le séant de la princesse n'avait pas été regardé et encore moins... tâté. Toutefois, les praticiens avaient méticuleusement ausculté la malade. Ainsi, foulard sur les narines, certains avaient palpé son ventre par-dessus sa chemise de nuit. D'autres avaient examiné ses yeux à la loupe grossissante. D'autres encore avaient inspecté sa langue tirée, et mesuré la résonance de ses gaz intestinaux.
Médecin après médecin, les avis s'étaient opposés et les diagnostics avaient varié. De fait, Charminette avait dû s'adapter à chaque diagnostic et s'astreindre à de nombreux régimes alimentaires. Elle avait dû se plier et avaler d'immondes décoctions de plantes ; ingurgiter des emplâtres de poudres de charbon, puis supporter des cataplasmes chauds et des compresses glacées à l'endroit de son côlon.
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