Dérision dérisoire
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Naturellement, le problème de flatulences de Charminette était parvenu aux oreilles des parents des enfants, qui eux-mêmes l'avaient dit à leurs amis, puis à leurs voisins, et cætera et cætera. Et l’information s’était diffusée à la vitesse de l’éclair, si bien qu’en quelques jours, TOUTE LA POPULATION savait que la princesse dont tout le monde ne parlait qu'en termes élogieux, et louait la bonté d'âme et la grâce naturelle, était en réalité une princesse dégoûtante et mal-élevée.
Très vite, la fillette avait été rebaptisée « Crapette qui pète » ou « La Pétouille », et devint la risée du pays.
Dans les rues, les chaumières et les maisons bourgeoises, à la cour du château et sur les places des marchés, ce fut un déferlement de méchancetés. Partout, on entendait de moqueuses ritournelles :
— Si vous croisez La Pétouille, alors n'faites surtout pas l'andouille. Sauvez-vous et grouille, grouille, grouille ! Elle a le croupion qui gargouille et prout comme une grenouille, qui croasse et qui bafouille ! Prout ! Croa ! Prout ! Croa !
Autre refrain :
— Saperlipopette la Charminette, sous sa jupette, y'a une trompette ! Prout ! Prout ! Prout ! Trois coups pour une houppette qui pue, qui pète et qui rouspète ! Prout ! Prout ! Prout !
D’évidence, nobles et manants avaient perdu tout sens moral et toute maîtrise. Et dans le pays connu d’ordinaire pour la sagesse de ses souverains, et la bonne tenue et la décence de ses sujets, c'était le grand n'importe quoi !
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