Rira bien qui rira le dernier
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Dans la salle de cérémonie, la noblesse des environs s'était déplacée et réunie pour l'occasion, et les représentants de la population attendaient impatiemment l’arrivée de la péteuse.
Ainsi, lorsqu’elle avait traversé la grande salle du couronnement, quelques hardis plaisantins s'étaient discrètement pincés le nez, et à son passage, certains n’avaient pu s’empêcher de glousser.
Même si elle regardait droit devant et gardait la tête haute, Charminette avait surpris les facéties et entendu les ricanements. Marchant derrière sa mère, elle avait rejoint le cardinal en songeant : « Qu'ils rient donc tous ces gausseurs, mais rira bien qui rira le dernier... ».
Le genou fléchi devant l'ecclésiaste qui lui aussi, avait eu grand mal à ne pas rigoler, Charminette savourait à l'avance sa perfide vengeance et souriait malicieusement.
Après l'office religieux et tout le protocole, le cardinal avait coiffé Charminette de sa tiare royale, et par ce geste, il la consacrait en tant que souveraine et lui transférait l'autorité suprême. La jeune reine s’était ensuite assise sur le trône laissé vacant à la mort de son père, puis, son sceptre tenu dans la main gauche, elle avait lu le discours qu’elle avait soigneusement pensé et elle-même rédigé :
— Hrum... Hrum... Mes chers Concitoyens ! Mes chères Concitoyennes ! Me voilà aujourd'hui votre reine et m'en voilà fort aise, et bienheureuse d'être de nouveau parmi vous !
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