Tous les jours, Gwendoline et Erwann communiquent via Messenger, profitant de pauses dans leur travail respectif ou d’un moment de tranquillité dans la soirée.

La mère d’Erwann va à présent beaucoup mieux, ce dont il est soulagé. Après quelques jours passés à l’hôpital, tous ses examens sont revenus normaux et le malaise qu’elle a eu ne révèle aucune anomalie particulière. Remise sur pieds, elle n’est plus obligée d’être surveillée et peut rentrer chez elle pour se reposer. Yvonnick est revenu de son déplacement dans le sud de la France et a pris le relais pour veiller sur elle.

Ce n’est pas la première fois que Mama fait ce genre de malaises, ce qui a tendance à inquiéter son mari et son fils, tous les deux très protecteurs, mais comme les résultats médicaux ne détectent rien, la grand-mère ne cesse de leur assurer que tout va bien et qu’il est inutile de ronger leur frein. Elle affirme avoir seulement besoin de repos pour que les choses en restent là. Tout semble revenu à la normale et l’épisode est volontairement remisé comme une simple alerte sans gravité.

Enhardi par cette bonne nouvelle, Erwann appelle Gwendoline pour le lui annoncer et profite de cette occasion de l’avoir de vive voix au téléphone, pour l’inviter à séjourner chez lui à Crozon.

— Quand ? demande-t-elle, légèrement étonnée, mais néanmoins toute excitée.

— Quand tu pourras… Tu m’as dit que tu n’avais pas Emma pour le weekend de Pâques. As-tu déjà pris des engagements ? demande-t-il avec un pincement au cœur, de peur d’entendre son invitation refusée.

— Je n’ai plus de séance photo prévue samedi car la météo ne s’annonce pas terrible et elle a été reportée. Alors, oui c’est possible. Tu veux que je vienne… tout le weekend ? interroge-t-elle, hésitante.

— Bien sûr. Y compris le lundi férié, si tu es libre. Je vis dans une grande maison, il y a des chambres d’amis et je t’en ferai préparer une spécialement. Ce sera un weekend de grandes marées avec des coefficients supérieurs à 115. N’oublie pas ton ciré et tes bottes, s’esclaffe-t-il en riant.

Sa voix est sibylline, comme s’il lui cachait quelque chose, mais de manière positive. Une surprise, peut-être ? pense-t-elle pour elle-même.

Ils conviennent de son arrivée le vendredi midi, afin de profiter ensemble de trois jours complets. Dès qu’elle aura déposé sa fille à l’école, le vendredi à huit heures et demie, elle prendra la route en direction de la Presqu’île de Crozon, pour être présente pour le déjeuner.

Durant la communication, Erwann lui promet de terminer son travail à son arrivée pour être entièrement disponible et profiter de ce weekend à deux. Manon-Tiphaine doit passer ces trois jours de congé chez une amie, lui explique-t-il, à faire du surf et des sorties entre copains, si le temps le leur permet.

A la fin de leur coup de fil, la nantaise est aux anges. Erwann et elle seront seuls trois jours entiers dans sa villa et il semble déjà prêt à lui partager de son intimité. Cela l'enchante vraiment car ils bénéficieront d'assez de temps pour apprendre à se connaître davantage et voir s’ils sont toujours aussi compatibles.

La jeune femme, grisée par cette perspective, ne peut cependant s’empêcher de replonger quelques mois en arrière, lors de sa première immersion dans la vie quotidienne de son ex, Konrad…

Elle se souvient avec une grimace que c’est à ce moment-là qu’elle avait pris conscience qu’ils n’étaient pas du tout faits pour être ensemble. Cela avait eu lieu deux mois après leur rencontre, à l’occasion des petites vacances scolaires de la Toussaint.

Jusque-là, les deux tourtereaux n’arrivaient à se voir que les weekends, et parfois même seulement une fois tous les quinze jours. A l’occasion des vacances d’Emma chez son père, Gwendoline avait proposé à Konrad de venir s'installer une semaine entière chez lui, au cœur de la campagne vendéenne.

Il avait accepté avec enthousiasme et tous les deux semblaient heureux à cette idée.

Bien évidemment, elle ne se doutait pas un instant de la tournure qu’allaient prendre les choses…